Affaires
Nigeria : les secteurs où l’offre marocaine peut trouver sa place
Industrie pharmaceutique, cosmétique, électricité et matériel électrique, e-commerce, production de logements, matériaux de construction et secteur IT et sécurité sont les principaux secteurs porteurs.
Les relations entre le Maroc et le Nigeria se sont considérablement réchauffées depuis la visite de S.M. le Roi Mohammed VI en décembre 2016. Le projet phare entériné par les chefs d’Etat des deux pays est le gazoduc qui reliera l’Ouest du Nigeria au Maroc et éventuellement à l’Europe. L’objectif de ce projet est de permettre à la région d’atteindre une indépendance énergétique et d’accélérer l’implémentation de projets d’électrification et de développement économique. Dans l’agriculture, une plateforme de production d’engrais sera mise en place au Nigeria. Le but est de développer une agriculture durable dans le pays. Dans ce cadre, deux conventions ont été signées. La première entre le groupe OCP-SA et Dangote industries Limited vise le développement d’une plateforme de production d’engrais au Nigeria. La seconde est relative à un protocole d’accord entre OCP-SA et l’association des producteurs et des fournisseurs d’engrais du Nigeria pour le développement du marché des engrais dans le pays. D’autres accords dans le domaine agricole, de la pêche maritime et des énergies renouvelables ont également été signés. Aujourd’hui, le secteur privé marocain prend le relais. L’offre de produits et de services marocains peut s’adapter aux besoins du Nigeria, particulièrement dans l’industrie pharmaceutique, les produits cosmétiques et d’hygiène personnelle, le secteur technologique et IT, l’e-commerce, le logement et les matériaux de construction, le secteur électrique, les composants électroniques et les énergies renouvelables. Voici une présentation des besoins du marché nigérian dans chaque secteur.
• Industrie pharmaceutique: 13% de croissance annuelle
Le marché pharmaceutique nigérian est l’un des plus prometteurs en Afrique de l’Ouest. Estimé à 1,8 milliard de dollars, il réalise un taux de croissance annuel de 13%. En somme, 150 unités de production de médicaments sont installées dans le pays, soit 60% de la capacité de la CEDEAO. Avec sa place de 2e producteur pharmaceutique en Afrique avec 350 millions d’unités produites par an, le Maroc pourrait se frayer un chemin dans ce marché, d’autant plus que ses produits sont classés Zone Europe en termes de qualité. Pour sa part, le Nigeria a enclenché une mise à niveau des normes de ses sociétés pharmaceutiques. Pour répondre à cette nouvelle mesure, de nombreux fabricants marocains sont en train d’améliorer les normes de leurs usines, tandis que d’autres sont à la recherche de partenaires potentiels.
• Cosmétique et hygiène personnelle : les Nigérians sont friands des produits de soin de cheveux et de corps
Le marché des produits cosmétiques et d’hygiène personnelle nigérian devrait atteindre 2,8 milliards de dollars vers la fin de l’année 2017. Les produits de soin de cheveux et de corps sont prédominants dans ce marché alors que ceux dédiés aux soins de visage et de maquillage restent marginaux mais gardent un grand potentiel de croissance. Pour leur part, les Nigérians ont une préférence pour les produits de qualité fiable et abordables. Avec son offre de produits et cosmétiques naturels tels que l’huile d’argane, l’eau de rose, le ghassoul et le savon noir, le Maroc pourrait s’imposer comme fournisseur du Nigeria, sachant que le pays a aussi adopté le projet de standardisation des cosmétiques et de l’hygiène corporelle halal (à noter que 50% de la population nigériane est musulmane).
• E-commerce : des opportunités pour les géants tels que Jumia et Konga
Grâce à la demande croissante pour les biens de consommation, le secteur du e-commerce nigérian devrait générer des ventes de 75 milliards de dollars en 2025. Le nombre de PME de e-commerce offrant une diversité de produits accessibles au plus grand nombre a aussi contribué au succès du secteur. Au Nigeria, le e-commerce connaît une croissance variable. Mais le pouvoir d’achat des Nigérians s’améliore et la classe moyenne s’élargit. Cela crée des opportunités pour les entreprises marocaines qui pourraient devenir les fournisseurs d’acteurs du marché tels que Jumia et Konga notamment en produits cosmétiques, textile, conserves et produits d’électricité…
• Logement : un besoin énorme en matériaux de construction
Le marché du logement à prix modéré au Nigeria est évalué à 300 milliards de dollars. Au même moment, le déficit actuel de logements dans le pays est de 17 millions d’unités et devrait atteindre 20 millions dans 5 ans. Pour combler ce déficit, 2,6 millions de logements doivent être construits chaque année. Malgré l’amélioration du niveau de vie des Nigérians, 90% d’entre eux n’ont pas accès au prêt hypothécaire pour acquérir un logement et recourent à l’auto-construction. De ce fait, la disponibilité de matériaux de construction abordables devient une priorité nationale. Pour l’instant, 90% des matériaux de construction sont importés. Il existe également un besoin en matériaux de construction alternatifs sûrs et efficaces énergétiquement. Avec leur expérience et expertise dans le secteur en Afrique, les entreprises marocaines pourraient trouver leur place dans le marché nigérian aux côtés des firmes étrangères déjà présentes sur place.
• Composants électriques, électroniques et énergie renouvelable : le Nigeria cherche des investisseurs et des fournisseurs pour ses projets d’électrification
Le gouvernement nigérian estime à 26 600 MW la demande en énergie supplémentaire à l’horizon 2020 pour un investissement de plus de 4 milliards de dollars. L’objectif est d’élargir l’approvisionnement, les sources d’énergie distribuée et de moderniser les infrastructures existantes. De nouveaux projets de production d’électricité, de réhabilitation, de remplacement et d’expansion de systèmes sont donc nécessaires. D’après leur expérience et leur expertise gagnée du programme d’électrification rurale globale (PERG), les entreprises marocaines peuvent assurer un travail de qualité selon des normes de sécurité appropriées. Le Maroc a su développer une industrie locale dans le secteur électrique et baisser de manière considérable les importations. En outre, avec son orientation vers l’énergie solaire (les centrales à énergie renouvelable représenteront, en 2020, 42% de la capacité électrique totale), il pourrait aussi contribuer à l’essor des énergies propres au Nigeria.
• IT : la demande est axée sur le matériel, les logiciels et les services d’ingénierie
Le Nigeria est classé numéro 1 dans l’utilisation d’internet en Afrique et 8e dans le monde. Le secteur des télécommunications est l’un des plus développés en Afrique avec une orientation axée vers le mobile. La contribution des entreprises marocaines à ce marché pourrait se manifester à travers l’exportation d’ordinateurs, d’équipement, de logiciels, de matériel et de services. Dans un autre registre, afin de promouvoir le développement des TIC, le gouvernement fédéral nigérian s’est engagé dans le lancement de l’initiative de ville intelligente. Le Maroc peut partager son expertise en la matière.