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Multisac veut combler 20% de ses besoins énergétiques par le photovoltaïque
Le parc s’étale sur 7 000 m2. Un investissement de 8 MDH, dont 10% pris en charge par un fonds dédié aux énergies renouvelables. Le management de Multisac insiste sur la rentabilité de l’investissement en plus de sa portée écologique.
La fibre écologique se développe chez les industriels. Il y a moins d’un mois, Multisac, société spécialisée dans la production de sacs en polypropylène tissés, a mis en marche un gros investissement consacré à la production d’énergie verte. A travers des modules photovoltaïques installés sur le toit de son usine de Bouznika, la société compte diminuer significativement sa facture énergétique et son impact environnemental. L’installation photovoltaïque, dont le coût s’élève 8 MDH, s’étend sur une superficie de 7 000 m2. Elle fournira 20% des besoins énergétiques de la société et permettra de réduire les émissions de CO2 de 1 000 tonnes par an. «L’exploitation de la centrale pendant les premiers jours de sa mise en marche a donné des résultats concluants dépassant les objectifs arrêtés avant son démarrage», se félicite Amine Korati, directeur de l’usine qui consomme annuellement plus de 10 Gw d’électricité. Il informe que le suivi de la production énergétique se fait quotidiennement via des modules spécifiques et connectés à Internet.
Avec cet investissement, Multisac compte parmi les pionniers du secteur privé à avoir mis en place une auto-production d’énergie par le photovoltaïque sur la moyenne tension, en dehors des grands groupes tels que l’OCP. Il faut dire que l’industriel a entrepris un ambitieux plan d’investissement qui a, dans un premier temps, concerné le recyclage des déchets de production et leur transformation en matière première réutilisable dans le circuit de fabrication. «Depuis sa création en 2006, Multisac cherche à se positionner en leader au niveau national et en challenger à l’international, grâce à de multiples investissements qui visent à améliorer ses technologies de production, sa chaine logistique et aussi sa dépendance énergétique», souligne M.Korati.
Les industriels déplorent l’inexistence de solutions de financement attractives
Pour le management de Multisac, le choix de l’investissement dans l’énergie solaire est non seulement motivé par des impératifs de responsabilité sociale de l’entreprise mais aussi par l’aspect rentabilité, sachant que le retour sur investissement ne dépasse pas 6 ans. Durée jugée satisfaisante dans l’industrie. De plus, la production d’énergie est garantie sur une durée stable de 25 ans. La mise en œuvre de ce projet devrait permettre de produire environ 680 000 kWh/an, ce qui correspond à une économie annuelle de plus de 544 000 DH. Selon la note d’analyse de l’éligibilité du projet au financement, l’investissement affiche un taux de rentabilité interne de 12,17%.
M. Korati insiste sur le fait que cet argument de rentabilité devra conduire les industriels à apprécier autrement leur choix d’investissement dans des solutions pareilles d’énergie verte. «La technologie du photovoltaïque est désormais mature et le choix d’investissement est payant», soutient le directeur.
Pour les industriels du secteur privé, il existe actuellement plusieurs solutions d’accompagnement technique qui peuvent les convaincre de se mettre à l’énergie renouvelable. Toutefois, en dehors de l’accompagnement d’institutions telles que la BERD (voir encadré), qui prend en charge 10% des coûts, l’investissement dans des solutions pareilles n’est pas encore très encouragé. En effet, comme le déplore plusieurs industriels, les conditions de financement, notamment les taux d’intérêt, sont les mêmes que pour le reste des crédits. Sur le marché, il n’y a pas encore de taux préférentiels ni de formules dédiées à ce type d’investissement.
[tabs][tab title =”La BERD mise à contribution“]Pour la réalisation de son installation photovoltaïque, Multisac a opté pour le prestataire Adiwatt qui a édifié d’importantes centrales solaires en France, en Angleterre, en Suisse, en Espagne, en Allemagne, au Sénégal, au Burkina-Faso et qui dispose d’une représentation au Maroc. Le projet a été réalisé avec la contribution de la Morseff, un fonds de la BERD au Maroc dédié au développement de l’énergie renouvelable et de l’efficacité énergétique. Ce fonds apporte aux entreprises marocaines intéressées un accompagnement technique mené par des spécialistes en énergie renouvelable. Il est développé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), en coopération avec la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Agence française de développement (AFD), et la Kreditanstalt für wiederaufbau (KfW) et soutenu par l’Union européenne et le compte multi-donateurs SEMED. Il est à noter que l’existence de ce fonds dans le montage du projet facilite l’accès au financement notamment aux PME, étant donné l’expertise et le renom des institutions qui y sont représentées.[/tab][/tabs]