Affaires
Monétique : les établissements de paiement affinent leurs offres
Wafacash, Maroc Traitement de Transaction (M2T), Cash Plus et la société NAPS ont obtenu leur autorisation. Transfert d’argent, prélèvement unitaire ou permanent, dépôt, retrait et virement sont les opérations autorisées. Les dépôts de cash limités à 20 000 DH.
D ernière ligne droite pour les établissements de paiement. Le 14 février, le comité des établissements de crédit de Bank Al-Maghrib a autorisé Wafacash, Maroc Traitement de Transaction (M2T), Cash Plus et la société NAPS à exercer en tant qu’établissements de paiement. Les sociétés concernées – déjà en exercice- sont autorisées à étendre leurs activités à l’ouverture de comptes de paiement et à offrir des services de paiement adossés à ces comptes. Le comité des établissements de crédit a également émis un «avis favorable pour autoriser la société Maymouna Services Financiers, filiale du groupe Saraya holding, à exercer en tant qu’établissement de paiement», informe-t-on auprès de BAM.
L’activité de paiement a été officiellement ouverte aux opérateurs par la nouvelle loi bancaire (mars 2015), mais les textes précisant les détails techniques n’ont été publiés qu’en mars 2017 (Bulletin officiel n° 6548). Il s’agit de deux circulaires de Bank Al-Maghrib homologuées par le ministère des finances qui définissent les conditions d’exercice et délimitent le champ d’action des établissements de paiement tels qu’ils sont présentés par les articles 22 et 23 de la loi bancaire 103.12.
Interdiction d’accorder un crédit
Concrètement, les établissements de paiement pourront ouvrir un compte de paiement pour leur clientèle. Ils offriront des services semblables à ceux d’une banque classique dont le transfert d’argent, les prélèvements unitaires ou permanents, le dépôt, le retrait et les virements. Tout cela grâce à des applications mobiles.
Néanmoins, pour cette nature de compte, le client ne pourra pas déposer plus de 20 000 DH. Avec cette condition, la Banque centrale veut verrouiller l’utilisation de ces comptes pour qu’ils ne servent pas pour l’épargne et restent exclusivement dédiés au paiement. De plus, il est interdit aux établissements agréés d’accorder des crédits à leurs clients. Une fois le compte ouvert, le client aura droit à une carte de paiement et à des codes pour le paiement mobile. «De cette façon, le compte donnera accès à tous les autres moyens de paiement existants et des innovations à venir plus tard censées être intégrées dans le circuit», explique une source bancaire.
Du côté de BAM, on explique que ces autorisations ont pour but de compléter et renforcer l’offre du secteur bancaire marocain et d’insuffler une nouvelle dynamique au marché des paiements, ce qui favorisera la réduction de la circulation du cash et le développement de l’inclusion financière. Selon la banque centrale, 13 millions d’adultes marocains sont exclus du système financier, dont 69% de femmes, et 66% vivent dans le monde rural. Seulement 41% des adultes marocains utilisent un produit/service financier formel et 43% des Marocains bancarisés sont insatisfaits des services fournis et estiment qu’ils disposent de peu d’informations sur les produits financiers qui leur sont appropriés.
A propos du paiement, chaque carte réalise en moyenne 2 transactions de paiement par an (incluant les paiements TPE et e-commerce). Au Royaume-Uni, cette moyenne est de 192 transactions/carte/an, 174 en France, 50 en Afrique du Sud et 38 au Kenya. Les cartes restent majoritairement utilisées pour les retraits d’espèces sur GAB.
Transformation des métiers de la banque et du comportement des clients
Contactée par nos soins, Samira Khamlichi, PDG de Wafacash et présidente de l’Association professionnelle des établissements de paiement (APEP), informe que les acteurs agréés sont actuellement en train de préparer leurs offres. Le responsable développement d’un opérateur confie que ses services sont aussi en train de travailler sur l’architecture technique destinée au traitement des opérations.
Il y a un an déjà, Naps, la filiale de M2t, a mis ses infrastructures en phase de test pilote pour s’assurer que ses plateformes technologiques peuvent accueillir les volumes de transactions et les traitements issus des moyens et des canaux de paiement électronique. Selon Naps, cette phase a été prévue en deux étapes : une première portant sur les activités monétiques «usuelles» et une deuxième consacrée aux activités monétiques «novatrices» qui regroupent les applications et services exclusifs de la filiale de M2t destinés à transformer l’usage des moyens de paiement électronique.
Cela dit, le directeur développement explique que les établissements de paiement travaillent sur l’élargissement accéléré des réseaux d’acceptation des cartes depuis la publication des premiers textes réglementant leur activité.
En principe, même les prestations dans les domaines du petit commerce de détail, de l’e-Gov et du transport pourront être offertes. Sur ce volet, il y a cependant du chemin à faire. Selon les indicateurs de la Banque mondiale portant sur le rôle des infrastructures d’acceptation dans le développement de l’inclusion financière, le Maroc compte 647 terminaux de paiement par million d’habitants contre, par exemple, 33 000 par million d’habitants au Brésil et 4000 par million pour la Turquie. De l’avis de Mme Khamlichi, les évolutions technologiques et l’ouverture du marché à de nouveaux opérateurs non bancaires induisent pour le secteur financier et bancaire une vraie mutation. Elle induira une nette transformation, tant des métiers et des process que des comportements de la clientèle. «Notre rôle en tant qu’APEP sera d’être le catalyseur qui permettra de mener des chantiers structurants pour le secteur des paiements tout en assurant une innovation respectueuse de la protection du consommateur et des règles de conformité», conclut la présidente de Wafacash.