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Affaires

Mohamed Benchaà¢boune : à  fin 2007, les deux tiers des Marocains auront un GSM

Les offres UMTS grand public seront lancées d’ici à  six mois, les équipements sont en train d’être déployés.
A terme, le fixe classique ne pourra plus répondre à  la demande en matière de connexion internet, radio et GSM prendront le relais.
Changer d’opérateur et garder le même numéro, c’est pour fin mai 2007.

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La Vie éco : Nous sommes aujourd’hui à  un taux de pénétration du mobile de 56%. Pour un marché comme celui du Maroc, quel est le taux limite ? Existe-t-il un taux limite ?
Mohamed Benchaâboune : La limite théorique est de 100% mais nous observons dans beaucoup de pays européens, asiatiques ou encore dans la région du Golfe, des taux supérieurs à  100%, ce qui peut sembler aberrant. En fait, la raison principale est la possession de plus d’un numéro par un même utilisateur pour optimiser le coût des communications.

Au Maroc, la croissance du mobile est soutenue. Elle s’est même accélérée ces derniers mois. Nous tablons sur un taux de pénétration du mobile de l’ordre de 65 % à  la fin de l’année en cours. Ce taux évoluera de façon encore plus forte sous l’effet de l’entrée en exploitation du troisième opérateur mobile. Notez que ce marché, qui était quasi inexistant il y a dix ans, représente aujourd’hui 60 % du chiffre d’affaire du secteur.

Peu de gens optent encore pour le post payé. En fait, sa part est même descendue à  4% au lieu de 5% il y a un an…
Le nombre d’abonnés post payés augmente en continu et n’a pratiquement jamais enregistré de baisse : plus de 700 000 clients ont des abonnements. Mais le rythme de croissance du parc post payé est beaucoup moins rapide que celui du prépayé, principalement en raison du souhait des consommateurs de maà®triser leur budget mais également du fait de l’existence d’offres de plus en plus nombreuses et variées pour le prépayé ainsi que de formules packagées et forfaitisées.

Quelle est la durée moyenne des appels sortant des mobiles ?
Elle se situe autour de 2,5 minutes mais nous avons un nombre relativement important d’appels de moins d’une minute. L’utilisation du SMS s’installe dans le marché et le chiffre d’affaires généré est de l’ordre du milliard de dirhams.

Vous ne trouvez pas aberrant que, sept ans après le démarrage du deuxième opérateur mobile, on n’ait pas accès au service de renseignements quand on appelle d’un mobile Méditel, et que l’envoi de MMS entre les clients d’opérateurs différents soit impossible jusqu’à  aujourd’hui ?
C’est une question d’accords sur les commissions. Vous ne pouvez pas demander à  Maroc Telecom de mettre gratuitement à  la disposition de ses concurrents sa banque de données du service «renseignements».Ce sont des mécanismes sur lesquels les opérateurs doivent se mettre d’accord.

L’ANRT ne peut agir que si l’un des opérateurs la saisit pour lui dire qu’il a fait une proposition à  son vis-à -vis et qu’elle le est restée sans réponse ou que les négociations ont échoué. Là , il faudra arbitrer. Pour les MMS, je vous signale que l’interopérabilité des SMS entre Maroc Telecom et Méditel n’a été effective que deux années après l’entrée en service du deuxième opérateur. C’est dire que tout est question d’accords entre les parties.

O๠en est la portabilité des numéros ?
Le déploiement technique est en place et des accords sur le plan tarifaire doivent intervenir. L’ANRT vient de fixer aux opérateurs la fin mai comme date du début de commercialisation.

A partir de cette date on pourra donc changer de compagnie téléphonique tout en gardant son numéro et les opérateurs devront s’y soumettre…
Tout à  fait.

Il y a toujours des offres promotionnelles dont la plupart consistent en une double recharge pour le prix d’une seule. Finalement, en coût moyen pondéré, le prix de la communication réel n’est-il pas inférieur de moitié pratiquement au prix «catalogue ? Peut-on considérer cela comme des promotions déguisées ? L’ANRT a-t-elle les moyens de contrôler l’effectivité de ces promotions?
Les opérateurs bénéficient de la liberté de fixer leur politique de commercialisation. Le rôle de l’ANRT est de s’assurer du respect des règles de concurrence loyale, de la non-discrimination et de l’uniformité nationale. Actuellement, l’agence se penche sur l’élaboration d’une décision visant l’encadrement des offres promotionnelles et ce, dans le but de protéger et la concurrence et les consommateurs contre l’abus d’usage desdites pratiques.

Le fixe ne cesse de dégringoler. Entre mars 2006 et décembre 2006, le nombre de lignes a encore baissé de 6%. Il a fallu l’arrivée de Wana pour enregistrer une croissance pour la 1ère fois depuis dix ans. Le fixe sous sa forme classique répondant aux besoins de communiquer par la voix est-il condamné ?
Le fixe filaire (paire cuivre) tel qu’il a été développé par les opérateurs historiques de par le monde a été sérieusement concurrencé, pour ce qui concerne la voix, par le mobile, et un effet de substitution fixe/mobile commençait à  être observé dans de nombreux pays.

Mais le fixe a trouvé un nouveau souffle en véhiculant, à  travers la même paire cuivre, de l’ADSL et de la télévision par internet, ce qui a permis de générer de nouveaux revenus pour les opérateurs. L’investissement a redémarré et des formules forfaitisées et intégrées ont été proposées au marché.

A terme, comment se comportera le marché du fixe ?
Le fixe continuera à  se développer pour apporter des solutions technologiques avancées correspondant aux besoins des entreprises. Il tendra vers la généralisation des formules forfaitisées et illimitées dans l’usage pour les services voix d’abord puis internet et vidéo. Le très haut débit, sujet en vogue actuellement, nécessitera des investissements très lourds dans l’infrastructure fixe pour amener la fibre optique au client final.

Le mobile offre sensiblement les mêmes solutions et l’arrivée de l’UMTS pourrait signer l’arrêt de mort du fixe ou son passage vers la gratuité…
L’idée de gratuité, quel que soit le domaine, est une utopie. Et il faut replacer l’idée des prix dans le contexte d’une reconfiguration des produits. Nous évoluons rapidement vers la disparition de produits simples et isolés. Les frontières entre fixe et mobile vont tomber. Tout ce qu’on ne sait pas faire avec le fixe, comme les SMS et le répertoire, sera rapidement disponible.

Quoi qu’il en soit, il n’y aura plus que des packages et le consommateur aura la possibilité de répondre non pas à  des besoins séparés mais regroupés autour de la voix, de l’internet, de la data et de la vidéo, ensemble. Ce seront les nouveaux services télécoms de l’avenir. C’est pour cette raison opérateurs nationaux à  aller dans le sens de ce modèle.

L’UMTS, c’est pour quand ?
L’UMTS arrivera au Maroc dès le quatrième trimestre de cette année. Les équipements ont commencé à  être déployés et couvriront progressivement le pays.

Le prix des communications à  partir d’un fixe reste encore élevé, même par rapport à  ceux pratiqués par les opérateurs des pays voisins…
C’est effectivement le cas quand il s’agit d’appels locaux ou vers un mobile. Mais, par exemple, pour les appels interurbains, nous sommes moins chers que l’Algérie et la Tunisie. Pour les appels internationaux, nous sommes bien classés. En fait, tout est question d’échelle. Le prix doit être rapporté au volume d’abonnés, or, le fixe ne s’est pas bien développé !

Quelle évolution connaà®tra le fixe avec l’arrivée de la mobilité restreinte ?

Nos projections donnent un million de nouveaux clients à  fin 2007 par rapport aux chiffres de fin 2006 (NDLR : à  fin 2006, le parc était estimé à  1,2 million de lignes).

Pourquoi ne comptabilisez vous pas «Tiliphoune Dialdar » comme fixe contrairement à  «Bayn» ?
La technologie utilisée par Wana est reconnue dans le monde comme relevant du fixe comme en Inde ou aux Etats-Unis et nous nous rangeons à  la définition que donnent les institutions mondiales en la matière. Méditel a la possibilité de faire du fixe, mais, pour le moment, la partie de son offre qui peut être considérée comme relevant du fixe et qui est essentiellement adressée aux entreprises tourne autour de 2 700 abonnements.

Parlons internet : avec 434 000 abonnés internet à  fin mars 2007, comment le Maroc est-il classé ? Est-ce un bon ratio ?
Le Maroc a fait un saut spectaculaire durant les trois dernières années. En 2003, le nombre d’abonnés était de 60 000 ; c’est donc une multiplication par 7 qui a été enregistrée durant cette période. 98% de ces connexions sont de type ADSL. Ce qui mérite d’être relevé, c’est que le nombre de foyers connectés au réseau fixe est de 800 000 et le nombre de ménages équipés de micro-ordinateurs est de 800 000 également. La progression de l’équipement des ménages est de 20% par an ; ce qui posera, à  court terme, le problème de l’accès des foyers à  l’internet. C’est pourquoi les technologies radio, autorisées dans le cadre des licences attribuées dernièrement, doivent être encouragées afin de répondre à  la demande latente du marché.

Pourquoi si peu d’abonnés internet ? Question de prix, de difficultés d’accès… ?
L’analphabétisme et le pouvoir d’achat constituent probablement les principales causes de limitation du marché. Un point mérite d’être, toutefois, souligné : 95% du contenu consulté par les Marocains est localisé à  l’étranger d’o๠la nécessité d’encourager le développement de contenus adaptés aux réalités des internautes marocains. Par ailleurs, un plan national de développement internet a été lancé il y a près de deux ans. L’essentiel des actions qui y sont préconisées est aujourd’hui réalisé ou en voie de l’être.

Certaines initiatives lancées par les pouvoirs publics méritent d’être rappelées : le programme GENIE pour la généralisation de salles multimédia et d’internet au sein des établissements publics de formation primaire et secondaire. Ce sont près de 9 000 écoles et six millions d’élèves qui seront concernés à  l’horizon 2009.

Combien d’internautes aujourd’hui au Maroc ?
Le nombre d’internautes est de 6 millions. Ce chiffre est important du fait de la fréquentation des cybercafés au nombre de 10 000 aujourd’hui, mais également grâce à  l’augmentation importante du nombre d’abonnés.

En Europe, on est aujourd’hui à  des débits de 20 Mo pour des forfaits incluant TV et téléphone pour moins de 30 euros. Qu’est-ce qui empêche l’apparition de telles offres au Maroc ? Les opérateurs télécoms ne sont-ils pas trop gourmands ?
Les offres ADSL 20 Mo existent depuis quelques mois au Maroc. Il en est de même pour les offres «double play» regroupant internet et la TV, qui vont se développer avec le dégroupage de la boucle locale. Les offres au Maroc sont plus chères qu’en Europe pour des raisons d’économie d’échelle mais les prix chuteront chez nous durant les mois à  venir sous la pression de la concurrence.

Les débits promis ne sont pas ceux existants. Vous achetez une ligne de 2 Mo et vous vous retrouvez à  télécharger avec un débit de 20 Ko…
Il faut savoir qu’en la matière et partout dans le monde, le débit garanti a un prix. Maintenant, le débit pour l’ADSL est toujours mutualisé et vous ne pouvez pas exiger d’un opérateur de mettre en place des infrastructures lourdes pour des demandes de pointe. C’est un peu comme exiger la construction d’autoroutes à  douze voies pour une moyenne de circulation qui n’est exploitable économiquement que pour deux voies, en fonction de la circulation qui est calculée sur l’année.

Il reste qu’il n’y a pas de débit plancher et cela pose problème. Et, d’ailleurs, c’est pareil au niveau du GSM o๠les coupures en cours de communication sont fréquentes. Le dimensionnement des équipements suit il la courbe de la demande du marché ?

Nous ne pouvons faire de reproches aux opérateurs par rapport au cahier des charges que sur la base de données vérifiées et vérifiables. Nous sommes en train de finaliser notre enquête à  cet égard et nous prendrons toutes les mesures sur la base de ce document. Je vous rappelle que cette enquête est annuelle et celle de l’année dernière ne décèle pas de manquements.

Recevez-vous des plaintes de consommateurs sur la qualité de service des opérateurs ?
La vérité est que la masse de courrier à  ce propos reste extrêmement limitée, mais elle est suivie de près par nos services.