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Microfinance : la nouvelle loi adoptée par la Chambre des Conseillers

Les associations de microcrédit pourront se transformer en établissements de crédit. Elles élargissent déjà  leur offre avec des produits d’assurances et le transfert d’argent. La collecte de l’épargne est exclue de leur activité.

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Microfinance Microcredit Maroc 2012 12 12

Les tant attendus amendements de la loi 18-97 relative au microcrédit ont été adoptés mardi soir par la Chambre des Conseillers. Leur publication au bulletin officiel devrait intervernir d’ici un mois. Cette nouvelle version permet aux associations de microcrédit (AMC) qui le souhaitent de se transformer en sociétés anonymes et donc en établissements de crédit, ce qui permettra de développer le secteur et d’attirer de nouveaux investisseurs car les conditions d’entrée et de sortie deviendront plus flexibles. «L’ouverture du capital des AMC permettra à des investisseurs socialement responsables de rentrer dans leur tour de table et de récupérer par la suite leur mise», confie une source proche de la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM). Cela dit, en devenant soumises aux règles imposées aux établissements de crédit, les AMC souhaitant se transformer seront contraintes à respecter la limite des taux d’intérêts conventionnels des établissements de crédit, qui est actuellement de 14,19%. Or, à l’heure actuelle, le secteur du microcrédit au Maroc applique des taux d’intérêt entre 18 et 24%. Prohibitif à première vue !

Cependant, souligne notre source, «les taux pratiqués au Maroc restent très compétitifs par rapport à ce qui se fait dans le reste du monde. Par exemple, le taux est d’environ 40% au Bangladesh». M. Bencheqroun abonde dans le même sens. Il explique qu’ «il ne faut pas raisonner avec une logique de taux d’intérêt mais avec celle du coût d’inclusion qui représente entre 13 et 15%, ou 20 à 30 DH par mois». A la FNAM, on ajoute également que le problème n’est pas tant le taux d’intérêt que l’accès au financement. «Pour abaisser le taux d’intérêt, il faut réduire le coût de ses différentes composantes.

Attirer les actionnaires ou encore mettre en place un fonds de garantie sont des solutions», est-il précisé. Développer de nouveaux produits en est une autre. Proposer la micro-assurance ou la micro-épargne permettrait en effet de rapporter plus de ressources. «Le projet de loi exclut la micro-épargne et c’est tant mieux. Seules des institutions solides peuvent faire de la micro-épargne : cela coûterait trop cher. De la même façon, nous ne pouvons pas commencer à collecter l’épargne sans sécuriser tout le système. Or, le système bancaire traditionnel est déjà performant en la matière», indique-t-on au sein de la FNAM. Chez Al Amana, une piste est néanmoins à l’étude : «Nous réfléchissons à l’épargne éducation. Cela dépendra de l’évolution de la loi», nous informe ainsi Youssef Bencheqroun.

Al Amana propose une assurance funérailles et hospitalisation

En matière d’offre aussi, le nouveau texte devient donc, de façon indirecte, plus flexible. En autorisant la transformation d’une AMC en établissement de microcrédit, la liste des produits potentiellement commercialisables s’élargira. Certaines AMC, notamment Al Amana et Attawfiq Micro-finance, nouvelle appellation de la Fondation Banque Populaire pour le microcrédit, ont d’ores et déjà pris les devants. «Nous avons lancé les transferts d’argent nationaux et internationaux avec Wafacash et sommes satisfaits de la montée en charge avec plus de 350 agences déjà équipées et réalisant des transactions», s’enthousiasme le DG d’Al Amana. L’association a même entamé la phase pilote de son produit micro-assurance, élaboré en partenariat avec Cnia Saada. Al Amana propose ainsi une assurance funérailles et hospitalisation avec assistance et versement d’une participation aux frais de 3 000 DH en cas de décès ou de 5 000 DH en cas d’hospitalisation ou d’accident. Automatiquement contractée à chaque nouveau microcrédit, cette micro-assurance coûte au micro-entrepreneur 6,25 DH par mois. «L’offre est en cours de généralisation», informe Youssef Bencheqroun.

La micro-assurance, la Fondation Ardi, rattachée au Crédit Agricole, l’a mise en place depuis 2006 avec la MAMDA-MCMA. «Aujourd’hui généralisée, cette micro-assurance est pratiquée de façon automatique. Elle coûte à nos clients 0,18% du montant du microcrédit et les assure en cas d’invalidité ou de décès. Cela nous a permis de limiter certains risques», explique la fondation. Cette dernière continue de travailler avec MAMDA-MCMA pour mettre en place éventuellement de nouvelles assurances adaptées au contexte du microcrédit rural que pratique la Fondation Ardi. Attawfiq Micro-Finance n’est pas en reste puisqu’elle s’apprête à lancer le produit «transfert d’argent».