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Micro-crédit : L’activité se remet…

La distribution du crédit reprend, mais avec un rythme moins élevé que celui d’avant-crise. L’Etat a pris en charge les intérêts partiels dus aux reports des remboursements. En fonction des associations, 10% à 20% du portefeuille restent affectés.

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Le secteur du micro-crédit reprend des couleurs, après deux années de crise dont il a bien fait les frais. «La profondeur de la crise se fait toujours sentir certes, mais il n’en demeure pas moins que la distribution du crédit reprend, bien qu’avec un rythme moins élevé comparativement à la période pré-pandémie», explique le directeur d’une association de micro-crédit. Selon les statistiques de Bank Al-Maghrib arrêtées à fin décembre, l’encours des crédits s’est établi à 8,2 milliards de DH, en hausse de 2,2% sur une année. Il intègre un encours de 6 milliards de DH de crédit en faveur de la micro-entreprise, accusant une baisse de 4,8%. Par rapport à 2019, l’encours global ressort en amélioration de 12,3% contre un repli de 4,1% pour les prêts aux micro-entrepreneurs. A cette date et selon notre source, l’encours global aurait dépassé 8,5 milliards de DH. A côté, le nombre de bénéficiaires a atteint plus de 840 300, sachant qu’il dépassait les 900 000 en 2021. A ce stade, il y a lieu de préciser que les conditions actuelles ont poussé des clients à reporter leurs projets d’investissements ou du moins les mettre en stand-by, par manque de visibilité ou par incapacité de renouveler leurs crédits en raison surtout d’accumulation des impayés. Un autre facteur explique cette baisse du nombre d’emprunteurs. Il s’agit du durcissement des conditions de financement par les associations de micro-crédit. Augmentation du risque et des impayés oblige, les organismes deviennent plus regardants quant à la situation du client, avant l’octroi du crédit, en fonction de l’activité à lancer. Cependant, «comme le tourisme et d’autres secteurs ont repris, entraînant avec eux le redressement de plusieurs activités qui y sont connectées, la demande de crédits s’en trouve importante, de même que l’accueil de nouveaux clients. Vu que l’assainissement est toujours en cours, les associations privilégient les activités capables de générer des revenus constants et plus ou moins réguliers», souligne un cadre d’une association.

Il faut dire qu’en plus du contexte de la crise sanitaire, ces organismes pâtissaient du retard constaté dans les engagements de l’Etat à prendre en charge les intérêts partiels dus aux reports des remboursements, sur une période allant jusqu’à 3 mois. «L’Etat est en train d’honorer ses engagements. Ces intérêts ont été remboursés à hauteur de 50% ; le reliquat devra bientôt être restitué», signale notre directeur. C’est une bouffée d’oxygène pour ces associations qui ont commencé à voir leurs fonds propres s’effriter, même pour celles de grande taille. Toutefois, cela n’a pas été suffisant pour endiguer les effets de ce retournement économique dû à la pandémie. C’est pour cela que BAM avait décidé de lancer un programme de soutien au financement des associations de micro-crédit. Il s’agit d’un fonds d’appui aux associations qui financent les activités génératrices de revenus relevant du secteur informel. Il vise ainsi à couvrir les crédits accordés par ces institutions, et est destiné aux associations de petite taille surtout qui peinent à recourir aux crédits bancaires pour leur refinancement. D’ailleurs, l’encours des emprunts global a fait du surplace à fin 2021 (+1%) à 4,6 milliards de DH, incluant un encours de 4,2 milliards auprès des banques, en hausse de 10% par rapport à 2020. En comparaison avec 2019, l’encours global a augmenté de 26% et auprès des banques de 36%.

En dépit de ces améliorations, les impayés restent l’épine qui grève le secteur. «Entre 10% à 20% du portefeuille des associations sont affectés. Il est vrai que la crise a enfoncé le clou en contribuant à augmenter les créances en souffrance, mais, même pendant une année normative, les impayés sont présents et sont provisionnés. C’est le propre du secteur du micro-crédit», développe ce membre de la FNAM (Fédération nationale des associations du micro-crédit). Toujours est-il que le secteur tient bon face à un renversement de tendance de cette ampleur. Il devra connaître un développement avec le changement de statut, sous deux formes possibles, en vertu de la loi 50-20 relative au micro-crédit. D’autant que le programme Forsa devra insuffler une nouvelle dynamique à ces associations. D’ailleurs, INMAA (Institution marocaine d’appui à la micro-entreprise) a été sélectionnée comme établissement de financement pour cette initiative gouvernementale, dans deux régions, pour un montant de 6,8 MDH. Près de 3,8 MDH dans la région de Beni Mellal-Khénifra au profit de 800 bénéficiaires et 3 MDH pour 630 autres à Drâa-Tafilalt.