Affaires
Médicaments : pas de baisse avant la révision du mode de fixation des prix
Le ministère de la santé est en train de réaliser une étude pour apprécier l’impact de la baisse des prix. Une commission chargée de la sélection des produits et du suivi de l’évolution des prix sera créée. La liste devrait contenir un millier de médicaments, soit 20% du marché national.
Il faudra attendre encore un peu pour la deuxième fournée des médicaments dont les prix seront revus à la baisse. Le ministère de la santé n’établira la liste qu’après la publication au Bulletin officiel de l’arrêté relatif aux nouvelles modalités de fixation du prix des médicaments et la finalisation de l’étude de l’impact économique qu’entraînerait la réduction des prix.
L’arrêté en cours de finalisation vient modifier le texte de 1969 dont les dispositions ne sont plus adaptées au contexte actuel. En plus de nouvelles règles de détermination du prix des médicaments, ce texte préconise la mise en place d’une commission chargée de la sélection des produits et du suivi de l’évolution des prix, aussi bien sur le marché local qu’à l’étranger.
Menée par les équipes du ministère de la santé, notamment la division du médicament, l’étude consiste, quant à elle, en un benchmark avec plusieurs pays, notamment européens et arabes. «Cette étude pourrait être finalisée à la fin du premier trimestre 2013. C’est un travail assez lourd, qui nécessite du temps, dans la mesure où il s’agit de rapprocher les prix des princeps au Maroc et dans les pays de référence avant de procéder de la même manière pour les génériques», expliquent les responsables de la Division du médicament. Et d’ajouter que cette approche permettra d’avoir une meilleure visibilité sur le niveau des prix au Maroc. Le ministère de la santé a donc décidé, cette fois-ci, de procéder autrement que pour l’établissement de la première liste de médicaments comprenant 320 produits qui sont destinés à l’usage hospitalier pour la prise en charge médicale des patients souffrant d’affections de longue durée et dont le prix a baissé en décembre 2011. La sélection avait été faite par une commission où toutes les parties concernées n’étaient pas, selon les organismes gestionnaires de l’Assurance maladie obligatoire, représentées. Les organismes gestionnaires et les industriels s’étaient dit déçus et avaient jugé «la baisse insignifiante et sans aucun impact sur les dépenses médicaments».
Le ministère dispose d’une faible marge de manœuvre
En principe, la deuxième baisse de prix devrait concerner environ 1 000 médicaments grand public. Reste à savoir si l’impact sera ressenti directement par les patients. Pas sûr, rétorque-t-on dans le milieu pharmaceutique, dans la mesure où le niveau de la baisse pourrait être, comme pour la première liste, faible puisque plus de 50% des médicaments sont vendus à moins de 100 DH. En somme, la marge de manœuvre est faible.
Quoi qu’il en soit, les pharmaciens ne sont pas, faut-il le rappeler, favorables à une révision à la baisse des prix. Ils estiment que le médicament n’est pas cher, contrairement à ce qui est ressorti des études menées par le ministère de la santé en 2009-2010. Cet avis est aussi partagé par les industriels qui pensent qu’en dehors des princeps innovants destinés au traitement des pathologies lourdes et coûteuses, les autres spécialités restent accessibles. Ils considèrent que l’amélioration de l’accès aux médicaments passe par un élargissement de la couverture médicale.
Du côté des organismes gestionnaires, en l’occurrence la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), on demeure dubitatif quant à l’impact de la baisse sur les dépenses de médicaments. D’abord, parce que, dans le cadre de l’assurance maladie obligatoire, les remboursements se font sur la base du prix du générique le moins cher. Ensuite, et cela concerne principalement la CNOPS, la baisse devra être substantielle pour avoir un réel impact eu égard aux prix pratiqués par la pharmacie de cette caisse. Car, pour la première liste, en dépit de la baisse, le prix reste supérieur à celui de la pharmacie de la CNOPS.
Par ailleurs, les organismes gestionnaires de l’AMO estiment que la liste devrait compter plus de médicaments. Si le ministère de la santé ne retient effectivement que 1 000 produits, cela ne représentera que 20% du marché national du médicament. La première liste des 320 médicaments concernait 30 à 40% des traitements d’affections de longue durée et représentait un chiffre d’affaires de 500 MDH.