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Matériaux de construction : les industriels relancent la guerre contre les taxes parafiscales

Ils ont adressé une lettre au chef du gouvernement pour demander la suppression de ces prélèvements. Les taxes sur le ciment, le sable et le fer à béton sont à l’origine d’une hausse de prix de 5 000 DH du logement moyen standing, selon une étude.

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Les fabricants de matériaux de construction n’en démordent pas. Réunis sous la bannière de la FMC, ils remontent au créneau pour faire tomber les taxes parafiscales qui grèvent leur secteur. En septembre dernier, ils ont adressé une lettre dans ce sens au chef du gouvernement. A présent, ils apportent de nouveaux éléments à leur requête à travers une étude sur l’impact de ces taxes. Celle-ci a été présentée au public lors d’une journée d’étude tenue en début de semaine. Il en ressort que les taxes spéciales appliquées aux matériaux de construction (150 DH/T pour le ciment, 10 DHm3 pour le sable de concassage et 25 DH/m3 pour le sable de mer et 100 DH/T le rond à béton) ont induit une inflation des prix non négligeable. L’étude estime ainsi que la taxe spéciale sur le ciment, depuis son instauration en 2002, est responsable à elle seule d’une hausse de 18% du prix de ce matériau.

Les unités informelles se multiplient

Le prélèvement sur le sable introduit tout juste depuis 2013 a déjà causé une envolée du prix de ce produit de 15%. La taxe sur le rond à béton introduite aussi il y a près de 3 ans a induit pour sa part un renchérissement de 2% des tarifs. Répercutées sur le consommateur, ces augmentations ont causé une hausse de prix de 5 000 DH du logement moyen standing, selon l’étude de la FMC. Si à la limite les effets des taxes parafiscales se limitaient à des surcoûts répercutés sur le consommateur final, les industriels ne s’en plaindraient pas. Mais l’impact de ces prélèvements est autrement plus pervers, soutiennent-ils. En effet, les taxes sont aussi responsables d’un ralentissement de la consommation des produits réalisés à base de matériaux taxés, du fait d’un effet d’élasticité prix, surtout que la demande peut accéder à des solutions alternatives. Les produits de la préfabrication, à base de ciment, sont les premiers concernés par le phénomène. Ils partent en effet perdants par rapport aux solutions en PVC ou en terre cuite.

Pour limiter les dégâts sur le chiffre d’affaires et les marges, beaucoup d’industriels de la préfabrication ont basculé vers l’informel, selon les opérateurs de la filière. Les entreprises qui continuent de jouer selon les règles sont ainsi confrontées à la double concurrence des produits alternatifs et des unités informelles. Le même glissement dangereux s’est opéré sur la filière du sable, selon les opérateurs. On opte de plus en plus pour l’informel pour se soustraire au paiement de la taxe et proposer les plus bas prix. Dans ce sillage, une véritable pagaille s’est installée dans le secteur du sable avec la prolifération de dépôts à proximité des axes routiers où de faux producteurs procèdent à des mélanges non contrôlés, des changements de libellé des produits pour échapper à la taxe spéciale ou encore la multiplication des points noirs de pillage du sable de plages…