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Masen prend une part de 25% dans la première centrale solaire de Ouarzazate
L’opération se fera via Masen Capital, filiale de participations, nouvellement créée. Elle participera aux projets et leur permettra de lever des fonds concessionnels grà¢ce à son statut de partenaire public. Pas d’horizon de sortie fixé, mais plutôt une logique d’opportunité.

Comme annoncé il y a quelques mois, et à quelques semaines de l’annonce du groupement qui aura en charge la construction et l’exploitation de la première centrale solaire marocaine, une parmi celles prévues dans les 5 sites que compte le plan solaire marocain (Ouarzazate, Aïn Beni Mathar, Foum Al Ouad, Boujdour et Sebkhat Tah), le gouvernement a donné son aval à l’agence marocaine de l’énergie solaire (Masen) pour la création d’une filiale, dénommée Masen Capital, dont elle détiendra le contrôle total. L’objet de Masen Capital, qui se définit comme une société de participations, sera de prendre part dans les centrales solaires.
Le principe qui sous-tend la création de cette filiale est triple. D’une part, accompagner les projets pendant la première période, celle dite de risque et de construction en s’assurant que les partenaires industriels du projet mènent à bien les projets, conformément aux contrats passés avec l’Etat et en étant l’interlocuteur-facilitateur des concessionnaires auprès des pouvoirs publics. D’autre part, en intégrant les sociétés en charge des centrales solaires, cette entité publique permettra à ces dernières d’accéder à des financements concessionnels des bailleurs de fonds institutionnels internationaux, car il faut rappeler que les règles de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), auxquels se conforment des organismes tels que, par exemple, la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Agence française de développement (AFD) ou encore la banque allemande publique Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW), leur interdit d’accorder des prêts à taux bonifiés à des projets privés. A travers ce partenariat public-privé, le but est d’optimiser l’effet de levier financier du projet. Troisième objectif, en créant une filiale, Masen entend séparer le volet investissement du reste (exploitation) tout en évitant à ses actionnaires que sont l’Office national de l’électricité, le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et la Société d’investissement énergétique, la tentation de remonter du cash pour un usage propre, autre que celui dédié au Plan solaire. Les bénéfices ainsi prévus à terme resteront dans les comptes de Masen Capital qui pourra investir dans d’autres projets.
Production indépendante d’électricité selon le principe du BOT
Pour sa première participation, Masen Capital, selon le dossier présenté au ministère des finances et ayant servi de base à l’élaboration du décret (publié au BO le 23 avril dernier), prendra une part de 25% dans la première tranche du complexe solaire de Ouarzazate (OZZ1) qui produira de l’énergie grâce à des capteurs cylindro-paraboliques (voir encadré) et aura une capacité de production pouvant aller jusqu’à 160 MW annuels, sachant que le site accueillera d’ici 2015 d’autres unités qui compléteront la puissance installée pour la porter à 500 MW.
L’on se rappelle que pour la première tranche, Masen avait dévoilé, à l’automne 2010, une liste de 19 entreprises candidates ayant répondu à l’offre de pré-qualification. Par la suite, l’examen des dossiers et les négociations qui s’en sont suivies ont abouti à une short list de 3 groupements(*) dont l’un sera finalement attributaire du projet dans quelques semaines. Masen Capital devant faire partie du tour de table à hauteur du quart. Quant à l’articulation technico-financière de cette première tranche, elle sera basée sur le principe du BOT (Built operate transfer) en vertu duquel le concessionnaire apporte les fonds nécessaires, investit, exploite sans payer de redevances, en contrepartie d’une sortie du projet au bout d’une durée déterminée, suffisamment longue (30 ans et plus) pour lui permettre d’assurer le retour sur investissement. La société d’exploitation de la première centrale solaire de Ouarzazate sera donc un producteur indépendant d’électricité.
Question : Est-il fixé à Masen Capital un horizon de sortie des projets dans lesquels il prend part ? Selon des sources autorisées à la maison mère, une telle contrainte n’existe pas. «Masen restera obligatoirement actionnaire dans les projets pendant la période d’investissement et les premières années d’exploitation (phase de risque), le temps que ces derniers prennent leur rythme de croisière. Au delà, c’est en fonction des opportunités que présentent à la fois la sortie mais également l’investissement dans les autres centrales à venir».
(*) Les trois groupements retenus dans l’avant-dernière phase du processus d’appel d’offres sont :
– Abeinsa Ingeniería y Construcción Industrial, Abengoa Solar, Mitsui et Abu Dhabi National Energy Company (Taqa) ;
– ENEL S.p.A et ACS Servicios Comunicaciones y Energía, S.L. ;
– International Company for Water and Power (ACWA Power International), Aries Ingeniería y Sistemas SA et TSK Electrónica y Electricidad SA.
