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Marrakech : une page Facebook met le feu aux poudres
Créée à l’initiative d’une jeune femme, la page compte 1 200 membres. Obligée de réagir, la maire de la ville a reçu les administrateurs de cette page. Les sanctions tombent, un commerçant a écopé d’une amende de 150 000 DH pour avoir collé sauvagement des affiches.

Tout a commencé comme un jeu. C’était il y a 8 mois, une jeune femme de Marrakech a ouvert une page sur Facebook, «Save Marrakech» pour y poster des photos de ce qui est anormal dans une ville touristique de renommée mondiale : des photos de poubelles qui débordent, des trottoirs occupés par des commerçants, des ordures jetées dans la palmeraie, l’éclairage public en plein jour, l’affichage clandestin, bref, ce qu’on peut observer dans la majorité des villes marocaines du nord au sud. La page «Save Marrakech» qui est restée peu visitée à ses débuts a commencé à intéresser de plus en plus les habitants, et compte aujourd’hui plus d’un millier de fans. Et chacun y est allé de ses photos et de ses commentaires jusqu’à transformer cette page en fourre-tout et un moyen de règlement de compte. Au point que les administrateurs de la page semblaient dépassés par leur initiative. Mais qu’à cela ne tienne, les photos et les commentaires des internautes ont réussi, malgré tout, à faire réagir les autorités et les élus responsables de la gestion de la ville. Ce faisant, un commerçant a écopé d’une amende de 150 000 DH pour une soixantaine d’affiches collées sur les poteaux électriques et les murs de la ville, et la maire de la ville, Fatima Zahra Mansouri, qui n’a pas hésité à participer au débat sur le réseau social, a reçu en petit comité les administrateurs de la page pour les assurer de sa compréhension.
Les partis politiques tentent de récupérer le mouvement
Et quand les politiques se mêlent de ce genre de choses, la tentation de la récupération est grande. Selon un administrateur présent à la réunion avec la maire, celle-ci a commencé par faire sa communication sur son travail au conseil de la ville au lieu d’aller droit au but. Sur la page Save Marrakech la maire écrit : «Sauver Marrakech, c’est aussi maîtriser une urbanisation sauvage, réguler la circulation avec de nouvelles solutions, parer aux déficits en équipement de proximité, réhabiliter les maisons menaçant ruine, mettre à niveau les douars (foyer de misère portant atteinte à la dignité humaine) diversifier l’économie…», et la liste est longue et peut être assimilée à un vrai programme même si ce groupe de citoyens «qui aiment leur ville» n’en demandait pas tant.
Du coup, durant tout le week-end du 22 et 23 juin, les critiques ont commencé à fuser sur la toile, et surtout les coups de fil se sont multipliés pour récupérer ce petit mouvement. Marrakech est un grand village où tout se sait, il est apparu que tous les partis politiques présents au conseil de la ville ont cherché à phagocyter le groupe «Save Marrakech» dont les fondateurs n’arrêtent pas de crier qu’ils sont apolitiques. Il faut sauver la page «Save Marrakech».
