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Maroc : la production d’olives devrait augmenter de 30% lors de la saison en cours

Le potentiel de la filière oléicole demeure intact malgré une baisse de la production en 2012-2013. La diversité des espèces devrait contribuer à  l’augmentation de la production dans les années à  venir. La consommation locale demeure toutefois faible et constitue une entrave au développement du secteur.

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Maroc Olives 2013 09 18

En dépit d’une baisse de 15% de sa production lors de la saison 2012/2013, l’oléiculture reste une filière qui témoigne de l’élan pris par les secteurs agricoles depuis le lancement du Plan Maroc Vert. Si les conditions climatiques défavorables de 2012, année marquée par un retard des pluies au mois de mars (période d’initiation florale), et les fortes chaleurs de mai et juin (période de nouaison) ont directement impacté la production de cette année, il n’en demeure pas moins que les services du département de l’agriculture paraissent satisfaits de l’essor que connaît cette filière depuis cinq ans. Du moins en ce qui concerne le volet lié à la superficie plantée. En effet, dans une note de veille sectorielle datant de ce mois de septembre, et dont La Vie éco détient copie, les spécialistes du ministère constatent que ce secteur connaît un accroissement important de la superficie consacrée aux oliviers. Celle-ci est passée de 763000 ha en 2007/2008 à 933 475 ha en 2012/2013. Ce mouvement ascendant bénéficie de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert. Pour rappel, ce dernier s’est fixé comme objectif de porter la superficie plantée au Maroc à 1,2 million d’hectares à l’horizon 2020. En d’autres termes, sur les sept années à venir, ce secteur devra faire aussi bien que sur les cinq dernières années, soit un objectif nettement réalisable.

Il reste maintenant juste à orienter les nouvelles plantations vers les variétés ciblées dans le cadre du plan. A ce titre, la directive oléicole de 2012 a fixé comme orientation stratégique majeure la diversification du verger national à travers la plantation des variétés autres que la Picholine. Cette dernière représente actuellement 96% de la superficie globale plantée. Or, «que ce soit dans le cadre des projets pilier II ou dans le cadre des subventions à la plantation FDA, ce sont les variétés Menara et Haouzia qui sont censées être les plus plantées», fait-on remarquer auprès de la tutelle. En fait, l’intérêt pour ces deux variétés découle principalement de leur forte productivité, estimée à 60 kg par arbre, et leur forte teneur en huile (24%). Il s’agit également de variété à alternance réduite dont l’entrée en production est assez rapide et dont la résistance à la Splocae oleaginum (maladie touchant l’olivier) est assez importante. D’autres variétés devraient, selon la même source, être proposées incessamment à une plantation à grande échelle. Il s’agit notamment des variétés Michkate, Dalia, Baraka, Agdal et Tassaout. Les données récoltées font ressortir que ces cinq nouvelles variétés offrent des performances chimiques et organoleptiques dépassant celles de la variété locale et de certaines variétés étrangères introduites au Maroc.

En misant donc sur la diversité, le Maroc devrait sensiblement renforcer sa production dans les prochaines années. A ce titre, il faut noter que la filière oléicole a déjà connu une nette croissance de sa production depuis 2007 à aujourd’hui, passant de 765 377 tonnes à 1,3 million de tonnes. L’année 2010 avait même connu un pic de production avec un score de plus de 1,5 million de tonnes. Dès lors que les nouvelles variétés seront renforcées, la production du secteur devrait atteindre des niveaux beaucoup plus importants. C’est du moins le pari fait par les services du ministère de l’agriculture.

Le Marocain consomme 2,5 kg d’huile par an, dix fois moins que le Grec

Ceci dit, avant de pouvoir tirer profit de cette augmentation future de la production, le Maroc devra augmenter les débouchés, que ce soit pour les produits en l’état (olives de table) ou pour les huiles. A ce niveau, la note sur le secteur ne manque pas de relever le faible niveau de consommation d’huile d’olive sur le marché national. Actuellement, 75% des olives produites sont destinés à la production de l’huile, principalement pour le marché national. Elle contribue selon les spécialistes à répondre au besoin de consommation des huiles alimentaires à hauteur de 16%. Cependant, la consommation nationale de ce produit reste encore faible par rapport aux autres pays du pourtour méditerranéen. Avec un ratio de 2,5 kg par habitant et par an, les Marocains consomment quasiment 10 fois moins que les Grecs, 7 fois moins que les Espagnols ou deux fois moins que les Syriens. De quoi faire de la conversion d’une partie de la consommation de l’huile végétale en huile d’olive un des enjeux majeurs pour développer davantage la filière. Pour y arriver, les pouvoirs publics semblent bien avoir conscience de la nécessité de militer pour une baisse significative de l’écart entre les prix de vente des deux sortes d’huiles. Mais la partie n’est pas gagnée d’avance. Sur les deux dernières années, le prix de l’huile d’olive a fortement augmenté pour passer d’une moyenne comprise entre 25 et 30 DH à plus de 40 DH le litre. De l’avis même du département de l’agriculture, ce sont là les prix les plus élevés au niveau international.

L’olive de table domine l’export

Même quand il s’agit d’exporter, le Maroc se retrouve en manque de compétitivité. De plus, l’analyse de la filière de l’huile d’olive effectuée par les autorités de tutelle montre que plusieurs contraintes affectent négativement la qualité des huiles produites, notamment l’absence de contrôle de la qualité au niveau des unités de transformation. C’est ce qui pourrait d’ailleurs expliquer que la part d’huile d’olive produite dans le Royaume et destinée à l’export reste comprise entre 5 et 15% seulement de la production globale. Ces exportations restent concentrées sur deux principaux marchés: l’Union Européenne et les Etats-Unis. Sous forme brute ou raffinée, elles ont chuté au titre de la campagne 2012, s’établissant à 15 640 tonnes contre 38 172 tonnes en 2011. D’après les données du ministère, près d’un tiers de ce volume seulement est constitué d’huile d’olive extra vierge. Ces huiles sont pour information considérées comme les meilleures en qualité. Elles représentent le vrai potentiel des olives des variétés utilisées suite à un meilleur choix du moment de la récolte et au respect des bonnes conditions de trituration.

En parallèle, l’Espagne, la France, l’Italie et la Tunisie constituent les principaux pays fournisseurs du marché national, avec des volumes d’importations s’élevant à 3 500 tonnes au cours de l’année 2012. C’est en revanche au niveau des olives de table industrielles que la filière oléicole s’en sort le mieux à l’international. Quasiment deux tiers de la production sont destinés à l’export. Cela permet à la filière de compenser largement la faible consommation au niveau local. Cette dernière, évaluée actuellement à 1,5 kg/personne/an, ne représente que 3% de la demande mondiale.