Affaires
Maroc-Japon : Un partenariat à l’heure du raffermissement
C’est sur fond de diversification que le Maroc et le Japon entendent renforcer le partenariat bilatéral. Outre les phosphates et les produits agricoles, tous les secteurs porteurs figurent sur le tableau de bord.

Rabat et Tokyo déterminés à impulser un nouvel élan à leur partenariat. Des rencontres de haut niveau ont eu lieu ces derniers mois entre responsables marocains et leurs homologues japonais. La toute récente en date est la visioconférence entre les Chefs des deux diplomaties.
Le 2 septembre, Nasser Bourita et Yoshimasa Hayashi se sont attardé sur l’état et les perspectives de développement des relations bilatérales, tout en s’arrêtant sur les incidents qui ont émaillé le dernier Sommet de la TICAD qui a eu lieu dans la capitale tunisienne les 27 et 28 août dernier. Les deux responsables ont tenu à mettre en exergue la particularité des relations bilatérales, bâties sur un socle séculaire, entre les deux pays, mais, surtout qui se projettent dans l’avenir. De même qu’ils ont convenu «d’entreprendre les actions nécessaires pour le renforcement de l’arsenal juridique, déjà étoffé, encadrant la coopération bilatérale, marqué cette année par l’entrée en vigueur des deux accords essentiels concernant les investissements et la non-double imposition».
Voilà de quoi inciter davantage les investisseurs japonais pour avoir la destination Maroc sur leurs tableaux de bord. À cela, il faudra ajouter que des visites de haut niveau seront programmées dans les semaines à venir et dont l’objectif sera d’identifier des opportunités d’investissement dans le Royaume des grands groupes économiques japonais. D’ailleurs, le Chef de la diplomatie marocaine a assuré son homologue nippon que le Maroc accordera les facilités nécessaires pour l’attrait et l’installation des investissements japonais au Maroc. Point non moins important, les deux pays s’avancent vers un partenariat stratégique en tendant à hisser la relation à un niveau «plus élevé, dépassant celui d’une simple relation client-fournisseur».
À relever que lors de cette même visioconférence, Nasser Bourita n’a pas manqué de pointer la responsabilité de la Tunisie, «dans les graves dérives commises sans consultation avec le partenaire japonais et qui ont entraîné la présence et la participation d’une entité non invitée officiellement au Sommet; dérives qui ont malencontreusement impacté les résultats et le rayonnement attendus de ce Sommet qui devait être un évènement de célébration et de consolidation du partenariat Japon-Afrique». Et quand on prend en considération les déclarations officielles, séance tenante, des responsables japonais, l’on comprend que le ciel est dégagé et que les relations bilatérales vont sur la voie prônée au plus haut niveau des deux États vers le raffermissement voulu de leurs liens bilatéraux, voire au-delà.
Dans ce sillage, en juillet dernier, une prestigieuse délégation marocaine, conduite par le ministre délégué chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, était à Tokyo, et ce dans le cadre de l’opération «Morocco Now» organisée par l’AMDIE épaulée par l’Ambassade du Royaume. L’occasion pour présenter les atouts du Maroc aux opérateurs économiques nippons. Et tout porte à croire qu’ils sont séduits.
D’autant plus qu’à Tokyo on ne pense pas qu’à la dimension bilatérale, mais à une double triangulation, qui couvrirait l’Afrique et l’Europe. La première de par l’importance du Royaume dans sa profondeur africaine et la deuxième du fait des liens institutionnels avec l’Union européenne.
Un Jardin marocain pour vitrine
Tous les secteurs porteurs qui sont, entre autres, l’automobile, le textile, l’aéronautique, les énergies renouvelables, l’agroalimentaire et le tourisme sont concernés. Et justement s’agissant de tourisme, on devrait assister à une inflexion majeure.
En effet, la ministre marocaine du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, sera en déplacement au Japon du 12 au 16 octobre.
Outre les rencontres prévues de la responsable gouvernementale avec les hautes sphères du tourisme au pays du Soleil Levant, le 15 sera un moment particulier dans l’agenda de la ministre. Il s’agit, en fait, de l’inauguration officielle du Jardin marocain au Gifu World Rose Garden. Plus qu’un parc floral, qui s’étend sur 800 000 m2, il s’agit d’une grande vitrine pour l’artisanat, l’art et la culture marocains. Ce qui ne manquera certainement pas de séduire les Japonais.
Il est à noter que sur les dernières années, la coopération bilatérale a été sous le signe de l’innovation et les deux parties se sont engagées sur la voie de la diversification. Certes, il fut un temps où on ne parlait pratiquement que de poissons, certains produits agricoles et des phosphates. Mais cela fait partie de l’histoire. La preuve par les faits et les statistiques: le Royaume compte 75 entreprises nipponnes qui campent la première marche du podium en tant que premier employeur étranger au Maroc avec pas moins de 50 000 emplois.
Les échanges commerciaux entre les deux pays restent limités (voir graphe) mais les responsables des deux pays sont conscients que cela reste en deçà des potentialités que recèlent les deux économies. Dans les deux capitales, on annonce de nouvelles rencontres pour établir les contours d’un partenariat renouvelé et porteur. Takachi Shinozuka, ambassadeur du Japon à Rabat, estime qu’il y a des niches à explorer, outre les phosphates et les produits agricoles pour développer davantage les exportations marocaines vers le marché japonais. De même pour les potentialités d’investissement nippons dans le Royaume. Lors de son passage, le 6 septembre sur Medi1TV, le diplomate a évoqué la possibilité d’attirer davantage de PME du pays du Soleil Levant vers le Royaume, mais aussi à travers les start-up marocaines intéresser des investisseurs japonais dans le cadre de partenariats porteurs.
