Affaires
Maroc-Etats Unis : les échanges commerciaux ont triplé depuis la signature de l’ALE
Le Royaume est le 64e client des Etats-Unis et son 73e fournisseur. Il en importe principalement des combustibles énergétiques, avions et véhicules et y exporte des engrais, des machines électriques et des fruits

La récente visite d’une délégation d’hommes d’affaires de l’Etat de l’Alabama a démontré l’intérêt que porte une bonne frange des investisseurs américains à commercer avec le Maroc et à y investir. Pendant trois jours, la mission, présidée par le ministre du commerce de cet Etat et composée de plusieurs entreprises de différents secteurs, a tâté le terrain et étudié les moyens de développer les échanges avec le Royaume ainsi que les opportunités d’investissement qui se présentent. Le constat aujourd’hui est (que ce soit sur le plan du commerce ou des investissements directs) que les flux échangés entre les deux pays restent très faibles, compte tenu du potentiel. D’après les chiffres communiqués par le service économique de l’ambassade des Etats-Unis, basés sur les données de l’Office des changes, le commerce de marchandises a totalisé 25 milliards de DH à fin 2015. Les importations du Royaume ont atteint 15 milliards de DH pour des exportations de 10 milliards. A noter que le service économique de l’ambassade affirme ne pas disposer de données sur le commerce des services entre les deux pays.
Plus en détail, le Maroc est le 64e client des Etats-Unis. Les principaux produits importés en 2015 sont les combustibles minéraux (4,5 milliards de DH), les avions (3 milliards), les aliments pour animaux et résidus de soja (800 MDH), les véhicules (70 MDH) et les graisses et huiles végétales (60 MDH). Selon les chiffres du ministère du commerce et de l’industrie, les exportations américaines de biens vers le Maroc ont permis la création de 8 000 emplois en 2014 (dernière estimation disponible).
En face, le Royaume est le 73e fournisseur des Etats-Unis. Il lui a vendu principalement en 2015 des engrais (2,5 milliards de DH), des machines électriques (1,1 milliard), des fruits comestibles et des noix (1 milliard), du sel, soufre et des pierres (9 MDH), et des vêtements tissés (8 MDH).
Le marché américain est difficile d’accès pour plusieurs raisons
En analysant la structure des échanges, l’on s’aperçoit que le Maroc importe pour 13 milliards de DH de produits manufacturés (à grande valeur ajoutée) contre 2 milliards seulement de produits agricoles. En face, environ 40% des expéditions du Royaume à destination du marché américain sont des matières premières. En résulte un solde commercial structurellement déficitaire. S’il s’est réduit de moitié entre 2014 et 2015, passant de 10 milliards de DH à 5 milliards, c’est surtout dû à la baisse des importations, sous l’effet de la chute des prix des produits énergétiques, qu’à la hausse des exportations.
Pour les spécialistes du commerce extérieur, le déficit structurel de la balance en faveur des Etats-Unis émane également de la réticence des entreprises marocaines à investir véritablement le marché américain. «La taille du marché qui compte plus de 300 millions d’habitant, les coûts logistiques occasionnés par l’éloignement géographique, le niveau poussé des normes et standards américains, et les habitudes de consommation très différentes de celles du consommateur marocain empêchent l’exportateur de conquérir ce marché», explique un membre de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex).
Quoi qu’il en soit, force est de constater que les échanges sont passés de 8 milliards de DH en 2005 à 25 milliards de DH en 2015, soit une hausse de 210% en dix ans. Les importations sont en hausse de 235% et les expéditions ont crû de 127% par rapport à 2005, année précédant l’entrée en vigueur de l’accord de libre échange entre les deux pays. «L’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis reste un succès. Depuis sa signature, les exportations marocaines vers le marché américain ont plus que doublé et les exportations américaines vers le marché marocain ont triplé», se félicite une source à l’ambassade des Etats-Unis à Rabat. «Au-delà des échanges, il faut dire que l’ALE est un accord dynamique avec toute l’assistance technique américaine parallèle qui permet au Maroc d’améliorer son climat des affaires et de développer l’entrepreneuriat. Il fera du Royaume une destination beaucoup plus attractive en termes d’IDE sur le plan régional», explique-t-on auprès de l’ambassade.
Le stock des investissements américains au Maroc est de 3,5 milliards de DH
Sur ce registre, le stock des investissements directs étrangers des Etats-Unis au Maroc était de 3,5 milliards de DH en 2014 selon les dernières données disponibles, en baisse de 8,5% par rapport à 2013. Le service économique de l’ambassade souligne qu’il n’existe pas d’information sur la répartition de ce volume d’IDE, ni sur les IDE du Maroc aux États-Unis.
«Depuis la signature de l’ALE avec le Maroc, nous avons constaté que le nombre d’entreprises américaines qui cherchent à prospecter au Maroc et à tisser des liens avec des opérateurs marocains a augmenté considérablement par rapport au passé. De plus, certaines entreprises américaines font du Maroc une base de production de produits et services destinés aux marchés européen, africain et du Moyen-Orient. C’est le cas notamment dans le secteur de l’aéronautique», conclut notre source à l’ambassade.
