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Maroc : 2.2% seulement de croissance au 1er trimestre, le taux le plus bas en six ans !

La valeur ajoutée agricole a chuté de 11.7% et l’activité non agricole progresse moins rapidement. Les mines, les industries de transformation et le transport n’affichent pas la forme. Le HCP prévoit une croissance d’à  peine 2.8% au deuxième trimestre.

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haut commissariat au plan 2012 05 14

Les chiffres sont venus confirmer un marasme perceptible depuis le début de l’année. La croissance économique au vu des chiffres relatifs au premier trimestre de cette année a connu un net ralentissement. Le taux de progression du PIB a en effet chuté à 2,2% selon les dernières estimations du Haut commissariat au plan (HCP), soit le taux le plus bas en six ans (voir graphique). A la même période de 2011, le PIB avait progressé de 4,9% et au quatrième trimestre de 2011, rappelons-le, la croissance avait même atteint 5,3%. Le rythme de création de richesse se trouve ainsi divisé par deux !

Au deuxième trimestre, la situation pourrait s’améliorer légèrement : le HCP prévoit une croissance de 2,8%. Mais la tendance qui se dessine pour cet exercice est plutôt celle d’une décélération de l’activité. Sous cette hypothèse, il paraît difficile d’atteindre les 4,1% de croissance pour l’ensemble de l’année, prévus par le HCP dans son budget économique prévisionnel rendu public en février dernier.

Pourquoi cette décélération ? D’abord, parce que la valeur ajoutée agricole a reculé de 11,7%, sous l’effet d’une baisse des perspectives des rendements de la plupart des productions végétales, notamment les rendements des céréales (48 millions de quintaux au lieu de 70 millions la campagne précédente), des légumineuses, des cultures sucrières et de certaines variétés de l’arboriculture. Les mauvaises conditions climatiques qui ont touché à peu près toutes les régions du pays étant à l’origine de ce recul.

Mais ce n’est pas tout et c’est là le plus inquiétant… Le ralentissement de la croissance s’explique, aussi, par une hausse trop modeste des activités hors agriculture : 4,3% au lieu de 5,1% et 5,6% respectivement au premier et au quatrième trimestre de 2011.

Cette baisse de régime de la valeur ajoutée non agricole est due au recul du rythme de progression de la valeur ajoutée du secteur secondaire, estimée à 1,9% au lieu de 5,7% un trimestre auparavant. Parmi les activités qui ont connu des replis, on trouve d’abord les mines, affectées par la contraction de la demande mondiale en fertilisants adressée à l’OCP. Mais la baisse de la valeur ajoutée globale du secteur minier (-9,4% en glissement annuel) aurait pu être beaucoup plus importante n’eut été le raffermissement de l’activité d’extraction des autres minéraux, notamment les métaux. Et, cependant, l’indice synthétique de conjoncture minière, au premier trimestre de 2012, se situe en dessous de sa moyenne de long terme. Ce n’est pas bon pour la croissance, vu le poids des activités minières, des phosphates en particulier.

Le BTP se porte toujours bien

Les industries de transformation, non plus, n’ont pas affiché une meilleure performance par rapport au dernier trimestre de 2011, notamment le textile et les industries métallique, mécanique et électronique (IMME). Le BTP, en revanche, poursuit son raffermissement, comme le montrent notamment les ventes de ciment qui ont progressé de 22% par rapport au premier trimestre de 2011. Idem pour l’énergie qui a affiché une valeur ajoutée en hausse de 8,6%, même si la production d’électricité a augmenté moins vite qu’auparavant. Cela s’explique, non pas par la baisse de la demande d’électricité, bien au contraire (+13% pour l’énergie nette appelée sur les deux mois de 2012), mais par le ralentissement des activités des centrales hydrauliques, compensé cependant par l’achat de l’électricité chez les pays voisins (+31,8% en valeur pour un volume en hausse de 16,7%).

Le secteur tertiaire, lui, a connu une situation plutôt mitigée au premier trimestre. Le tourisme, on le sait, traverse une passe difficile, et l’organisation mondiale éponyme (l’OMT) a prévu pour 2012 une croissance se situant entre 3% et 4% au lieu de 4,4% en 2011. Pour le Maroc, les arrivées de touristes ont baissé de 5% et les nuitées de 11%, tandis que le taux d’occupation a perdu 6 points, à 35%. Dans le transport, c’est la stagnation avec une baisse de l’aérien et du maritime et une hausse du ferroviaire.

Pour couronner le tout, la demande intérieure, pilier de la croissance au Maroc, s’est quelque peu émoussée au premier trimestre de cette année, mais la composante investissement semble mieux orientée que la composante consommation des ménages (voir encadré). Peut-être faut-il y voir l’impact de la hausse du taux de chômage qui a atteint 9,9% au lieu de 9,1% au premier trimestre 2011, en particulier le chômage urbain qui, lui, a augmenté de 1,1 point à 14,4%.