Affaires
Marche du 8 Mars : entre revendications et récupération politique
Des milliers de manifestants ont marché contre l’inégalité entre hommes et femmes au Maroc.
Plusieurs revendications ont été scandées par des militants du tissu associatif ainsi que des partis politiques.
Rabat. L’entrée de la capitale économique ainsi que les avenues menant à Bab El Had sont investies par les voitures et les autocars. C’est que ce dimanche coïncide avec le 8 Mars, la Journée de la lutte des femmes pour leurs droits. Et elles étaient nombreuses à répondre à l’appel des organisations féministes, la coalition Parité et démocratie entre autres, afin de demander plus d’équité et d’égalité dans les droits. Les autorités parlent de 10 000 participants, les associations féministes beaucoup plus. Mais, ce qui est sûr, c’est que des milliers de citoyens ont marché pour l’égalité et la parité. «Le mariage des mineures demeure en très forte croissance. Plus d’un million et demi de familles prises en charge par des femmes vivent dans la précarité. Le taux de chômage est en nette hausse chez les femmes, alors que la violence faite à la femme continue de sévir, devenant un phénomène très alarmant», a notamment déclaré Fouzia Asouli, présidente de la Ligue démocratique des droits des femmes (LDDF) et coordinatrice du «Collectif parité et démocratie». L’ambiance est bon enfant. Les forces de l’ordre veillent à la bonne marche, de Bab El Had jusqu’à la station de train Rabat-ville. Des citoyens se sont improvisés commerçants vendant casquettes, écharpes et drapeaux.
«We are women»
Aux classiques «Swa lyoum, swa ghadda, lmoussawate wala boudda» (Tôt ou tard, l’égalité s’imposera) ou «C’est une honte, les femmes sont en danger !», d’autres slogans ont été scandés, pour le droit à l’avortement, l’égalité des salaires, mais aussi pour le respect des droits des migrants, notamment les femmes de ménage étrangères. «We are women» (Nous sommes des femmes), criaient des femmes originaires des Philippines, regroupées ensemble sous la bannière, «Ensemble contre l’exploitation et la traite humaine et pour le respect des droits des domestiques». «Nous sommes venues pour défendre nos droits en tant que travailleuses étrangères dans ce pays», nous a lancé une travailleuse domestique des Philippines. Pas très loin de ce groupe, d’autres femmes forment une chaîne humaine de solidarité avec les femmes victimes de violence ou encore un groupe de femmes soulaliyates sont venues défendre leur droit à la terre comme c’est le cas pour les hommes. Les femmes, diplômées chômeurs, ont également manifesté pour le droit au travail. Plus loin, des groupes relevant de formations politiques, notamment le PAM, l’USFP et l’Istiqlal, ont également donné de la voix. Les slogans, quoique féministes, virent au politique. Ce qui n’a pas plu aux militantes associatives.
«Ce n’est pas normal d’utiliser la cause féminine pour des enjeux électoraux. Ces formations politiques sont venues pour leur intérêt, pas pour la cause féminine», déplore Zahia Amoumou, du collectif «Le printemps de la dignité». A partir de 13h30, les participants commençaient à se disperser. Saïda Bajou, militante de longue date, notamment au sein de la Fondation Ytto, tenait à rappeler à juste tire que «le 8 Mars n’est pas une fête mais une occasion pour revendiquer ses droits». Et que «le chemin vers une véritable parité entre femmes et hommes est encore long».