Affaires
Madame la présidente de la CGEM
Jusqu’au mercredi 25 avril, Mohamed Horani a laissé plané le doute sur sa candidature. Miriem Bensaleh Chaqroun se lance cette fois-ci dans le bain comme unique prétendante au poste, à l’heure où nous mettions sous presse. Elle sera le 15e président de la confédération patronale.
A la CGEM les élections se suivent et ne se ressemblent pas…, coup de théâtre excepté. Mercredi 25 avril, Mohamed Horani, le président sortant, décidait d’abandonner une candidature qu’il n’a jamais officiellement soumise mais qui, pourtant, était donnée comme certaine et même la seule, jusqu’au vendredi 20 avril.
Ce jour-là, dans la soirée, Miriem Bensaleh Chaqroun, patronne de la société des eaux minérales d’Oulmès, membre du bureau de la CGEM, décidait de se porter candidate à la présidence de la confédération. Dès le lendemain, l’information faisait le tour des milieux d’affaires. S’ensuivait alors une course contre la montre pour recueillir les 100 signatures d’entreprises membres du patronat et à jour de leurs cotisations, tel que stipulé par l’article 7.1 du règlement intérieur, avant le jeudi 26 avril a 18h, date limite de dépôt des candidatures.
Mardi 24 avril, la candidate, selon des membres de son équipe de campagne, avait déjà reçu le soutien de grands groupes et d’hommes d’affaires qui avaient confié à leurs amis une possible candidature, à l’instar de Hammad Kessal, l’ex-président de la défunte fédération des PME ou encore Abdelilah Hifdi, président de la Fédération du transport. Autre soutien de taille, celui de Moulay Hafid Elalamy, patron du groupe Saham, qui avait présidé le patronat de 2006 à 2009.
Mohamed Horani : «Ne pas prendre le risque de créer une division au sein de la CGEM».
Est-ce le poids de ces soutiens qui a poussé Mohamed Horani, le président sortant, à abandonner sa candidature ? On ne le saura pas et l’intéressé lui-même ne dit rien sur le sujet. Joint au téléphone par La Vie éco, mercredi 24 avril à la mi-journée, il invoque des arguments ayant trait à l’intérêt de la centrale patronale : «Avec une double candidature à la présidence, je ne voulais pas prendre le risque de créer une division au sein de la CGEM. Contrairement à ce que l’on croit, il vaut mieux, pour le patronat, qu’il y ait consensus autour d’un seul candidat». Galant, il ajoutera, que «pour une fois que la CGEM peut espérer avoir une femme à sa tête, il faut soutenir cette initiative». Enfin, ultime argument, mis en avant déjà, en marge d’un entretien accordé à La Vie éco, le 27 janvier dernier (cf : www.lavieeco.com), où il confiait à la rédaction qu’«être président de la CGEM c’est un emploi à plein temps et on doit parfois sacrifier son propre business pour répondre aux nécessités de la fonction». Dans tous les cas, chez les hommes d’affaires, on salue son engagement et on estime que le président Horani n’aura pas démérité en réussissant à gérer par le consensus, à mener à bien la réforme des statuts de la confédération et à signer des accords de modération sociale avec les syndicats.
Avec le départ de Mohamed Horani, la CGEM tournera donc la page de son 14e président depuis sa création en 1955 (voir encadré) mais surtout enregistrera pour la deuxième fois de son histoire, et de manière successive, une présidence limitée à un seul mandat, après celui de Moulay Hafid Elalamy qui, lui aussi, n’avait pas souhaité se représenter, en avril 2009.
Des élections mouvementées en 2009
La CGEM, avec la candidature de Miriem Bensaleh, aura également, et une nouvelle fois, connu un processus électif limité à un seul candidat -à l’heure où nous mettions sous presse rien ne laissait présager une autre candidature- comme ce fut le cas en 2006 et en 2009, alors qu’en 2003, Hassan Chami, mettant en jeu son poste pour un deuxième mandat, avait eu fort à faire avec un certain Adnane Debbagh, alors président de la Fédération des PME, soutenu par les grands groupes et Mourad Belmaâchi, qui avait quitté la fédération en question pour créer le Medum. Le combat avait alors tourné à l’avantage de Chami, qui avait devancé Debbagh de quelques voix seulement.
Il convient toutefois de rappeler qu’en 2009 la campagne avait bien démarré avec deux candidats que sont Mohamed Horani et Youssef Alaoui, président de la Fédération du secteur avicole (Fisa), avant que ce dernier ne décide de se retirer de la course. A l’époque, plusieurs patrons avaient alors mis en avant le fait que Horani était le candidat d’Ona (cf : www.lavieeco.com), car s’étant présenté en sa qualité d’administrateur d’une des filiales du groupe pour pouvoir être éligible à la candidature, HPS, sa propre entreprise, ne disposant pas des trois années d’affiliation nécessaires. Une appréciation qui paraît, à l’usage, dénuée de tout fondement : pour ses pairs interrogés aujourd’hui, Mohamed Horani s’est avéré être un président défendant l’entreprise quelles que soient les affinités de son patron.
Quel sera le style de gestion de Miriem Bensaleh Chaqroun à la tête de la CGEM ? Pour le moment, il est trop tôt pour avoir une idée sur les axes de sa campagne, mais on peut s’en faire une idée à partir d’un entretien accordé à La Vie éco le 10 février 2006.
-époque où elle avait déjà quitté depuis trois ans le bureau de la confédération, en protestation contre la présidence de Hassan Chami- où elle affirmait que le patronat, tel que géré à l’époque, «n’a pas défendu suffisamment l’entrepreneur». Femme de tête, elle disait alors : «On peut faire plaisir jusqu’à un certain point, on peut aller à la recherche du consensus jusqu’à une certaine limite, cette limite-là n’est pas assez claire». Réponse, le 16 mai, quand la future présidente se soumettra au vote de ses pairs, avec comme colistier Salaheddine Kadmiri, président de la Fédération des PME