Affaires
M. Ghellab augmente sa prime à la casse, les transporteurs boudent
Les petites entreprises hésitent à remplacer leurs vieux camions totalement amortis et donc rentables.
La Fédération du transport demande des mesures d’accompagnement pour encourager les opérateurs.
Le ministre de l’équipement et du transport va lancer dans les jours qui viennent la fameuse opération de prime à la casse pour inciter les camionneurs à se débarrasser de leurs vieux véhicules.
A la clé, des primes qui vont de 45 000 à 85 000 DH, selon l’âge et le tonnage du camion.
Mais pour le moment, les transporteurs ne se bousculent pas au portillon. Le ministère a reçu moins d’une centaine de dossiers dont une trentaine seulement ont été retenus. Pourquoi ce manque d’engouement pour un projet qui vise pourtant à assainir un parc vieux et par conséquent dangereux ? Selon ce spécialiste du transport, «85% des sociétés de transport routier de marchandises sont des petites unités avec un camion ou deux, souvent amortis, qui vivotent et ne peuvent en aucun cas accéder au crédit bancaire, nécessaire pour renouveler leur outils de travail», détaille-t-il.
Des conventions signées ou en voie de l’être avec des constructeurs
Toutefois, la Fédération nationale du transport a essayé d’encourager ses membres en signant des conventions avec des constructeurs de camions, fortement intéressés par le dispositif. Un accord a été conclu avec Chinois Riad Motors ; un autre est en préparation avec Iveco.
Tout récemment, une convention tripartite a été signée entre la Fédération du transport, la société DAF et la société de leasing Maghrebail. Mais les professionnels restent sceptiques sur le succès de l’opération, car les termes de la convention laissent le choix au transporteur, après le paiement de mensualités durant 5 ans, d’acheter le véhicule au prix de sa valeur résiduelle, ou de le restituer à la société de leasing.
Or, en l’état actuel de la conjoncture, caractérisé par une baisse des prix, «en moyenne 5 DH le kilomètre, moins que le prix de revient qui est de 8 DH» si l’on en croit les exploitants, il est difficile pour les éventuels acquéreurs d’amortir les nouveaux véhicules ou de payer en fin de parcours cette valeur résiduelle.
Ce qui leur permet justement de rentrer dans leurs frais aujourd’hui, c’est le fait que leurs vieux camions soient amortis depuis très longtemps et qu’ils n’ont pas de charges particulières, hormis le gasoil et les réparations éventuelles. Il faut savoir qu’aujourd’hui, et selon les statistiques officielles du ministère du transport, 33% du parc, soit 25 000 véhicules, sont âgés de plus de 15 ans. Plus exactement, 12% des camions ont entre 15 et 20 ans et 21% plus de 20 ans.
A la Fédération du transport, on explique que pour garantir la réussite de l’opération de renouvellement du parc, il faudrait l’accompagner d’un mouvement de départs volontaires, car la majorité des camionneurs ont largement dépassé l’âge de la retraite. Mais comme ils n’ont ni plan de retraite ni couverture sociale, ils restent en activité, bon gré, mal gré.
Les entreprises, en majorité très petites et sous-capitalisées, auront-elles en plus les moyens de débourser de grosses sommes au titre des indemnités de départ ? Pas sûr, à moins que les pouvoirs publics ne décident de mettre la main à la poche.
