Affaires
L’ONE veut vendre les 48 % qu’il détient dans la centrale de Tahaddart
L’office envisage également de céder d’autres actifs
Le retrait de Tahaddart s’inscrit dans le projet de restructuration du secteur électrique.

L ’Office national de l’électricité (ONE) vit une situation financière des plus difficiles, et c’est un secret de Polichinelle. Bien que l’Etat lui ait récemment débloqué un montant de 820 MDH, dont 700 millions d’apport en capital et 120 millions de recouvrement d’anciennes créances sur diverses administrations, l’office engagera d’autres mesures afin de restaurer son équilibre financier. Parmi les mesures préconisées, il y en a essentiellement trois. Primo, la révision des tarifs (hors tranche sociale), comme La Vie éco l’avait annoncé dans son édition du 19 décembre 2008. Deuzio, la cession de la participation dans le capital de la société Energie électrique de Tahaddart (EET), gestionnaire de la centrale à cycle combiné de Tahaddart, située au sud de Tanger et inaugurée en janvier 2005. Le tour de table de la société EET est composé de l’ONE (48 %), de la société espagnole Endesa (32 %) et de Siemens (20 %). La question est de savoir néanmoins si l’ONE cédera la totalité de sa participation ou seulement une partie. Ce n’est pas encore tranché. Tertio, la cession d’autres éléments d’actifs « non nécessaires » à l’exploitation de l’office mais non précisés pour le moment.
Appui de la Banque mondiale pour 100 millions de dollars
Le retrait envisagé de l’office de Tahaddart (384 MW), donc de la production, semble s’inscrire dans le projet de restructuration du secteur électrique, qui a déjà fait l’objet d’un avant-projet de loi, et bénéficié d’un appui de la Banque mondiale, avec notamment un prêt, en trois tranches, de 100 millions de dollars (850 MDH).
Dans le schéma de restructuration retenu, il est prévu, bien sûr, la création d’une entité de régulation du secteur, mais aussi la transformation de l’ONE en société anonyme et l’externalisation de sa caisse de retraite (pour un coût de 15 milliards de DH qui serait pris en charge par le RCAR, filiale de la Caisse de dépôt et de gestion), en contrepartie de l’entrée de celle-ci dans le capital de l’office.
La direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP) du ministère des finances précise que l’activité transport d’électricité relevant d’un monopole naturel serait exercé par un gestionnaire transport, que l’activité production actuelle de l’ONE serait exercée par une société anonyme et qu’enfin l’activité de distribution serait également assurée par une ou plusieurs sociétés.
S’il est évident, en tout cas logique, que le transport reste le monopole de l’ONE, on n’en sait pas davantage s’agissant de la production et de la distribution, puisque le schéma se contente de parler de sociétés anonymes qui seraient appelées à s’en occuper. A moins que l’on songe à des filiales de l’ONE qui prendraient en charge ces activités. Si tel était le cas, on peut se demander pourquoi l’office se désengagerait de Tahaddart, un fleuron de l’industrie électrique. Le rétablissement de l’équilibre financier passerait-il par une sortie d’une centrale à très haut rendement ?
