Affaires
Logiciels : un marché légal de 1,9 milliard de DH par an, mais combien pour le piratage ?
70% du marché des particuliers et PME est dominé par les logiciels piratés.
Microsoft, Adobe et Norton sont les mieux positionnés dans le créneau des ventes légales.
Les logiciels destinés aux entreprises génèrent un chiffre de 1,5 milliard de DH, et sont mieux protégés.

Près de 1,9 milliard de DH. C’est l’estimation que font aujourd’hui certains professionnels du chiffre d’affaires global du marché des logiciels au Maroc. Un chiffre qui reste, disons-le d’emblée, une approximation puisque, à ce jour, il n’existe pas de statistiques officielles à ce sujet.
Le cabinet d’études de marché IDC, spécialisé dans la collecte d’informations chiffrées concernant le secteur plus large des technologies de l’information, apporte, pour sa part, un certain nombre d’éléments pouvant aider à estimer l’activité. Pour Ilias Hamdouch, DG d’IDC Afrique du Nord, les dépenses en technologies de l’information au Maroc étaient de 639 millions de dollars en 2006. Elles sont passées à 731 millions de dollars en 2007 et à 778 millions en 2008.
Selon les projections d’IDC, ce chiffre devrait représenter 850 millions de dollars en 2009. Ainsi, si le secteur avait progressé de près de 20% entre 2006 et 2007, la croissance s’est ralentie pour ne représenter que 6% en 2008 et elle sera au maximum de 10% en 2009 pour l’ensemble du secteur dont fait justement partie la filière des logiciels.
Difficile donc de savoir avec précision combien il se vend de logiciels au Maroc. Une difficulté liée également à la structuration du marché.
Un taux de piratage qui peut aller jusqu’à 80%
Une grande distinction doit cependant être faite entre les deux catégories de clientèle, à savoir particuliers et PME, d’une part, et les entreprises, d’autre part. Pour ce qui est de la première, les professionnels sont presque unanimes à reconnaître que le plus gros des logiciels utilisés pour des besoins personnels à la maison est encore piraté. Et c’est à peine si, pour ce segment, le chiffre d’affaires atteint les 400 MDH, selon l’estimation de Hakim Belmaâchi, DG de Distrisoft. Un marché sur lequel Microsoft arrive, tout de même, à se positionner grâce à ses systèmes d’exploitation, Windows et Vista, généralement livrés avec les machines. Les ventes légales de logiciels sont dominées par Microsoft à 80%. Sachant que 70% du marché échappent encore aux licences en recourant aux logiciels piratés, on imagine le manque à gagner.
De même, dans le marché des logiciels antivirus, lui aussi largement dominé par Symantec avec son fameux «Norton», la part du piratage est largement supérieure à celle que génèrent les ventes légales. Dans le graphisme, c’est Adobe avec ses Photoshop et illustrator qui tient le haut du pavé. D’ailleurs, si on évalue le taux de piratage moyen sur l’ensemble du secteur à près de 70%, sur ces dernières niches il est de près de 80%, voire 90%.
En revanche, pour ce qui est des logiciels destinés aux professionnels et aux entreprises, le marché semble être mieux protégé. Estimé selon des professionnels à 1,5 milliard de DH environ, ce marché connaît une croissance annuelle moyenne de 10 à 15% depuis 2004. Si le segment des progiciels n’est pas épargné par le piratage, il n’en demeure pas moins qu’il reste globalement mieux structuré grâce à des solutions mieux protégées et aussi de par la nature de la clientèle.
Ainsi, de plus en plus de sociétés de services et d’ingénierie informatique proposent à leurs clients des solutions «hébergées» sur des serveurs auxquels le client doit se connecter à distance pour pouvoir utiliser l’application moyennant des comptes d’utilisateurs et des mots de passe. Tout cela rend le progiciel impossible à dupliquer et donc réduit les voies de piratage.
L’autre caractéristique qui garantit à ce marché plus de protection est que ces progiciels sont généralement des applications sur-mesure souvent développées pour les besoins propres de chaque entreprise et s’accompagnent souvent aussi d’une expertise du prestataire. Donc, quand bien même l’application serait piratée, il n’est pas sûr qu’elle puisse être utile à une autre entreprise que celle qui l’a achetée.
