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L’objectif 10 000 ingénieurs est atteint : 10 600 seront sur le marché en 2010

A elles seules, les écoles publiques d’ingénieurs fourniront 4 000 lauréats.
Le concept d’ingénieur «assimilé» inquiète les associations d’ingénieurs.

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Le pari est gagné. Dans le cadre d’un programme lancé en 2006 par le gouvernement, ce dernier s’était fixé pour objectif de former 10 000 ingénieurs et ingénieurs assimilés à partir de 2010. Ce seront quelque
10 300 lauréats qui sortiront des grandes écoles et universités publiques et privées de la place à cette échéance. C’est en tout cas ce qui se dégage des chiffres du ministère de l’enseignement supérieur sur la base des inscriptions du début de l’année universitaire. Cette fournée n’inclut d’ailleurs pas les ingénieurs issus des écoles étrangères dont le nombre est estimé à 300. Autrement dit, le nombre total avoisinera les 10 600.
Fait notable: parmi cet effectif, seuls 4 000 diplômés sortiront des écoles d’ingénieurs publiques (sans compter les diplômés marocains à l’étranger). Le secteur privé contribuera à hauteur de
2 000, soit 20%. Le reste, c’est-à-dire 4 300, est composé d’ingénieurs assimilés. Ce sont des étudiants dont le cursus universitaire sera sanctionné par un diplôme de licence ou de master dans les facultés des sciences et techniques (2 900 personnes), et de master spécialisé dans les facultés des sciences (800 diplômés). S’y ajoutent les diplômés des conventions cadres au nombre de 600. Tout ce contingent sera formé par quelque 54 établissements.

Un milliard de DH investis dans les infrastructures
Au lancement du programme, le Maroc formait une moyenne de 4 000 par an, soit un 1,4 ingénieur pour 10 000 habitants, un taux largement inférieur à celui observé dans des pays de même niveau de développement comme la Tunisie qui compte une moyenne de 2,5 ingénieurs pour la même proportion de population et les pays de l’Europe de l’Est avec 6. Les pouvoirs publics devaient rattraper ce retard d’autant que le pays est engagé dans de grands chantiers, notamment en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC) qui nécessitent un apport significatif en compétences d’ingénieurs.
La tâche n’était pas facile sachant que les infrastructures de formation de ce profil pointu étaient limitées. C’est pour cela que le gouvernement a débloqué près d’un milliard de DH pour accompagner ce vaste programme.
Pour atteindre l’objectif, il fallait aussi développer la matière première : des étudiants pouvant potentiellement suivre ces filières. Le système produit actuellement quelque 5 000 bacheliers en maths «purs» (MP) et 55 000 bacheliers dans les matières scientifiques. Durant les quatre dernières années, les responsables de l’enseignement s’ingénient à encourager les étudiants à s’orienter vers les matières scientifiques.  «Cette année, 60% des élèves candidats au bac ont opté pour les sciences et techniques et au niveau de l’enseignement supérieur, ces filières connaissent un élargissement au détriment des matières littéraires et sciences juridiques», indique Abdelhafid Debbarh, secrétaire général du ministère de l’enseignement supérieur. En effet, le nombre des étudiants inscrits dans les filières des sciences et techniques est passé de 20 770 en 2008 à 25 592 en 2009, soit de 25 à 32% des inscrits.
«Cela s’accentuera dans les années à venir de manière à réaliser un rééquilibrage car il y a eu un sureffectif dans les matières juridiques et littéraires», assure M. Debbarh.

La quantité au détriment de la qualité ?
Mais en cherchant à faire du volume, les pouvoirs publics ne risquent-ils pas de former des ingénieurs bas de gamme et, par conséquent, de banaliser le diplôme de l’ingénieur? «Nous avons attiré l’attention sur ce programme et nous avons exprimé nos inquiétudes quant au risque que la quantité se fasse au détriment de la qualité», signale, pour sa part, Abdellah Saïdi, président de l’Union nationale des ingénieurs marocains (UNIM). C’est, en fait, ce concept d’«ingénieur assimilé» qui pose problème pour cette association. «Soit on est ingénieur, soit on ne l’est pas; cela crée une confusion et il faut y mettre fin», martèle M. Saidi. Pour les responsables du ministère de l’enseignement supérieur, il n’y a aucune confusion. «Les ingénieurs assimilés ont un diplôme qui s’appelle un master en sciences et techniques et les formations sanctionnées par des masters et masters spécialisés programment des activités pratiques dans de nouveaux domaines tels l’off-shoring, les NTIC… qui nécessitent des cursus plus modestes, plus courts et opérationnels» , signale le ministère de tutelle qui conclut que «c’est le marché qui détermine les besoins et les compétences dont il manque et qui sanctionne la non-qualité».

Com’ese

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