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«L’investissement dans l’exploration reste très limité par rapport à l’étendue des bassins disponibles»
En 2019, les prévisions budgétaires sont de l’ordre de 38 MDH pour l’ONHYM et de 2,4 milliards pour ses partenaires. Il est prévu d’investir 6,6 milliards de DH sur la période 2019 – 2021, dont plus de 95% par les partenaires de l’office. La densité des puits demeure très faible, avec seulement 0,04 puits/100 km², contre une moyenne mondiale de 10/100 km².

La situation s’éclaircit petit à petit dans le secteur de la prospection pétrolière. Si les quantités de gaz produites dans la région d’Essaouira sont vendues à l’OCP depuis 1987, le grand bassin de Tendrara promet d’entrer en exploitation commerciale dès 2021. Selon Amina Benkhadra, DG de l’ONHYM, les tests et essais conduits sur les puits de ce site ont confirmé un potentiel suffisant pour passer à cette phase. La densité des forages au niveau national est cependant très faible, comparée à la moyenne mondiale. Cela n’empêche pas l’office de croire dans le potentiel du Maroc dans le domaine des énergies fossiles et de convaincre les partenaires étrangers à investir dans la prospection. Bien sûr, avec son accompagnement. Etat des lieux avec Mme Benkhadra.
On parle d’exploitation commerciale du gaz trouvé à Tendrara à partir de 2021. Quels sont les éléments qui ont motivé une telle annonce ?
Le bassin de Tendrara, situé au Nord-Est du Maroc, a fait l’objet d’importants travaux depuis des décennies. Suite à une analyse de toutes les données techniques existant dans la zone de Tendrara, l’ONHYM et ses partenaires, Sound Energy et Schlumberger, ont réalisé trois forages entre 2016 et 2017, dont deux ont montré la présence de gaz. Les tests et essais conduits sur ces puits ont confirmé un potentiel suffisant pour passer à la phase exploitation. Tous ces résultats ont fait l’objet d’une étude de certification par un prestataire externe et qui a confirmé la faisabilité économique de la découverte.
Suite à ces résultats encourageants, une concession a été attribuée à Sound Energy et à Schlumberger en août 2018 pour le développement du gisement. Les études d’ingénierie de préfaisabilité du projet sont très avancées. Tout converge vers un début de production en 2021. Il faut que tous les préparatifs en cours soient complètement achevés et que les réponses adéquates à la commercialisation et le financement soient retenues.
Des analystes estiment que l’exploitation des quantités de gaz et de pétrole dont le Maroc dispose n’est pas rentable. Qu’en pensez-vous ?
Le message le plus important à retenir est que l’exploration des hydrocarbures au Maroc confirme que là où l’effort de l’exploration est continu et maintenu, les chances de réaliser des découvertes commerciales s’avèrent possibles.
Par ailleurs, tout gisement ne peut rentrer en phase exploitation que s’il est rentable. Dire en général que les quantités de gaz et pétrole dont le Maroc dispose ne sont pas rentables n’a pas de sens. Chaque découverte a ses propres particularités et ses propres indicateurs économiques qui vont déterminer sa rentabilité ou non.
C’est le cas des zones du Gharb, d’Essaouira et tout récemment Tendrara. En effet, le bassin du Gharb a mis en évidence des découvertes de gaz depuis les années 80. Bien que modestes et de petite taille, elles se sont avérées rentables grâce à la présence d’infrastructures et de la demande industrielle locale.
La zone onshore d’Essaouira produit aussi du gaz et du condensat à partir du gisement de Meskala, qui a été mis en production depuis 1987. Ce gaz est vendu à l’OCP pour le séchage des phosphates.
La région de Tendrara est en phase de devenir une zone productrice grâce aux efforts d’exploration et d’évaluation menés par l’ONHYM et ses partenaires.
L’attention doit être attirée cependant sur le fait que l’investissement dans l’exploration, très risqué et très capitalistique, est très limité par rapport à l’étendue des bassins sédimentaires disponibles et leur diversité géologique, puisque la densité de puits dans notre pays reste très faible avec seulement 0,04 puits pour 100 km², contre une moyenne mondiale de 10 puits pour 100 km².
L’ONHYM poursuivra sa stratégie de dynamisation et de promotion de l’exploration pétrolière au Maroc afin d’attirer de nouveaux partenaires désireux d’investir dans l’exploration pétrolière.
Environ 28 milliards de DH ont été investis depuis 2000. Quelles sont les prévisions en matière d’investissements sur les années à venir ?
La stratégie de l’ONHYM repose sur des plans quinquennaux et des plans triennaux glissants. Ainsi, le futur plan triennal est axé sur la poursuite de l’exploration pétrolière et le développement de trois projets structurants : la mise en production de Tendrara, l’extension de la production de Meskala et la poursuite de production dans le Gharb, ce qui comprendra, en plus des travaux d’évaluation, le forage de plusieurs puits d’exploration et de développement, l’acquisition, le traitement et l’interprétation de plusieurs milliers de kilomètres de sismique 2D et 3D.
Ces travaux permettront évidemment de renforcer le potentiel économique des zones déjà productrices, et en même temps pourront contribuer à l’identification de nouveaux prospects dans le reste des bassins.
Les prévisions des investissements pour la période 2019 – 2021 sont de l’ordre de 6 596 MDH dont plus de 95% seront pris en charge par nos partenaires.
Quelles sont les prestations sous-traitées en matière d’exploration. Y a-t-il des laboratoires marocains qui y prennent part ?
Les opérations d’exploration pétrolière sont longues, complexes et lourdes en investissement. Elles exigent l’implication de spécialistes multidisciplinaires assurant de nombreuses prestations interdépendantes. Ces opérations font donc appel à de nombreuses sociétés de service et de fourniture de matériel aussi bien locales qu’internationales, mobilisant une importante main-d’œuvre durant toute la période des travaux, et qui peuvent s’étaler sur plusieurs mois.
Les opérations de sismique 2D, 3D et les opérations de forages sont toutes sous-traitées à des sociétés spécialisées.
Les prestations de génie civil, de logistique et de restauration sont également sous-traitées.
Et le montant des investissements correspondant à l’exploration minière ?
Le montant des investissements réalisés en exploration minière pour l’année 2017 s’élève à 96,52 MDH. Les investissements réalisés en 2018 sont de 88,82 MDH.
Pourriez-vous nous communiquer le détail des investissements réalisés par l’ONHYM et ses partenaires en 2018, à savoir 32 MDH et 2,47 milliards respectivement ?
Concernant 2018, les investissements correspondent aux différentes opérations d’exploration réalisées par nos partenaires dans les différents bassins sédimentaires du Royaume en offshore et en onshore, incluant les travaux d’évaluation géologique, l’acquisition de 1753,17 km2 de sismique 2D et 12 749 km² de sismique 3D, en plus du forage de 7 puits (dont 1en offshore et 6 en onshore). Les travaux de forage représentent plus de 85% de ces investissements. Le financement de toutes ces activités est assuré à 100% par nos partenaires.
Pour 2019, les prévisions budgétaires seraient de l’ordre de 2,4 milliards de DH pour nos partenaires et 38 millions pour l’ONHYM. Nos partenaires prévoient l’acquisition de 1300 km2 de sismique 2D et le forage de 7 puits d’exploration, et 2 puits de développement, essentiellement en onshore.
