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Lingerie : le marché est inondé de produits chinois

Les articles importés de Chine représenteraient 70% du marché local. Les prix, variant de 50 à  100 DH en fonction des articles, défient toute concurrence. Les industriels marocains ne pouvant se positionner localement optent pour l’export.

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Lingerie Maroc 2013 03 05

A l’instar des autres filières du secteur textile, la lingerie n’échappe pas au fléau des importations massives en provenance d’Asie. Les professionnels se disent inquiets de cette concurrence étrangère. «Comment tenir le coup face à des articles proposés à des niveaux de prix incompréhensibles !», dénonce le gérant d’une boutique de lingerie à Casablanca. Ces importations, qui portent essentiellement sur les slips, culottes, soutiens-gorge et pyjamas, représenteraient, selon une estimation des professionnels, près de 70% du marché local. Les articles proviennent essentiellement de Chine et font leur entrée au Maroc à travers Tanger, Tétouan et Sebta. Il y a aussi les produits importés d’Espagne qui arrivent de Nador et les importations en provenance de Mauritanie qui transitent par les villes du Sud vers l’intérieur du pays.

A Casablanca, par exemple, ces articles sont distribués dans les magasins de Derb Omar, Deb Soltane et Maârif. Ils sont commercialisés à des prix défiant toute concurrence. Ainsi, les femmes peuvent acheter un soutien-gorge importé de Chine à 20 DH et une culotte à 5 DH ! S’ils proviennent d’Espagne, ces articles coûtent respectivement 50 DH et 15 à 20 DH. Alors que dans le circuit structuré, représenté par les diverses franchises, le prix d’un soutien-gorge peut varier, en fonction de la qualité, entre 200 et 600 DH. Les culottes et slips sont commercialisés entre 70 et 100 DH. Quant aux pyjamas, les articles provenant du circuit informel coûtent entre 30 et 100 DH, alors que les enseignes pratiquent des prix pouvant aller de 400 à 700 DH. Largement inspirés des grandes marques de lingerie, ces produits sont confectionnés dans des tissus bas de gamme et la qualité de la finition laisse à désirer. Des détails auxquels ne semblent pas faire attention la clientèle, essentiellement constituée de femmes à faible pouvoir d’achat. 

16 millions de pièces sont produites annuellement au Maroc

Face à de tels prix, les industriels structurés ne peuvent se positionner sur le marché local. Ce qui explique leur orientation vers l’exportation. D’autant plus qu’il se fabrique pas moins de 16 millions de pièces chaque année au Maroc. Plus de 90% de cette production sont exportés vers les pays de l’Union Européenne sur lesquels le Maroc est classé sixième exportateur avec 313 millions de DH de chiffre d’affaires en 2012. Sur ces marchés aussi, le Maroc est fortement concurrencé par des pays comme la Tunisie ou la Chine (1 milliard de DH de chiffre d’affaires) qui ont des prix de vente inférieurs par rapport au Maroc.

L’offre locale structurée, qui résiste difficilement aux importations, est assurée par diverses enseignes comme Etam, Oysho, Women’Secret, Triumph, Soleil Sucré ou encore la Perla. Elles proposent des articles de moyenne et haute gamme destinés principalement aux femmes des classes socioprofessionnelles A et B qui achètent régulièrement, avec une fréquence de 4 à 5 achats par an, des slips, soutiens-gorge et pyjamas. On retiendra par ailleurs qu’à côté de la demande classique, les femmes achètent de plus en plus des articles spécifiques comme les soutiens-gorge de sport, les culottes gainantes, des body ou shorty minceur. Pour ces articles, les femmes doivent débourser respectivement environ 300, 400 et 440 DH. Les commerçants signalent aussi l’émergence d’une demande pour les soutiens-gorge pour poitrine forte (300 à 400 DH) ou encore à concept médical coûtant entre 400 et 600 DH. «Ces articles spécifiques sont notre point fort dans la mesure où ils ne font pas encore l’objet d’importation. Cependant, leurs ventes restent timides et donc ne nous permettent pas de compenser les pertes enregistrées sur les articles classiques», se plaint la propriétaire d’une enseigne de lingerie.

Dans ces conditions, les professionnels de la lingerie interpellent l’administration des douanes pour une plus grande vigilance en matière de contrôle des importations.