Affaires
L’inflation alimentaire en hausse depuis 2009
Sur les sept premiers mois de l’année, l’inflation alimentaire a été de 2.3%. Sans les subventions de la farine et du sucre, les prix des produits alimentaires auraient connu des hausses plus importantes. L’alimentaire pèse encore 40% dans le panier de la ménagère moyenne.

La saison estivale est une période où les prix ont tendance à augmenter. Fêtes de toutes sortes (mariages, circoncisions…), arrivée des touristes, les MRE notamment, «boostent» la con-sommation des ménages, ce qui induit le plus souvent, à tort ou à raison, une hausse des prix. Cette année, l’inflation globale au cours du mois de juillet a été de 1,6% par rapport au même mois de 2012. Et l’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et ceux à tarifs réglementés, s’est établie, quant à elle, à 1,8%. Mais sur les sept premiers mois de l’année, le niveau des prix a crû de façon plus importante : +2,3% en glissement annuel.
Indiscutablement, les produits alimentaires sont ceux qui subissent les variations de prix à la hausse les plus importantes. On l’a encore vu récemment avec l’augmentation du prix du lait -qui certes n’a pas «bougé» depuis bien longtemps, mais il s’agit d’un produit de base pour la population, notamment celle à faibles revenus qui, le plus souvent, en fait un substitut à la viande. Le prix de la viande blanche s’est, lui, carrément envolé, enregistrant des hausses qui atteignent, selon les endroits, jusqu’à 30%, voire plus (pour le poulet vif). Soit dit en passant, le coût de l’enseignement croît également, et de façon spectaculaire. C’est même le service qui enregistre les plus grosses augmentations, année après année : +6,1% sur les sept premiers mois de l’année et autant entre juillet 2013 et juillet 2012. A cette différence près qu’il s’agit du coût de l’enseignement privé et qu’à ce titre, il ne s’impose pas tout à fait aux ménages, en théorie du moins.
Dans tous les cas, si l’alternative à l’école privée existe, il n’y a bien entendu pas d’alternative au besoin de se nourrir. C’est bien la raison pour laquelle, aujourd’hui encore, l’alimentation reste toujours le poste de dépense le plus important au Maroc. Dans le panier de la ménagère moyenne résidant en milieu urbain, où l’on compte 478 articles et 1 067 variétés de produits et services, confectionné par le Haut commissariat au plan (HCP) aux fins de mesurer le niveau et l’évolution des prix à la consommation, l’alimentation pèse 41,4%. Soit le même coefficient de pondération observé en Egypte ; celui de la Tunisie, pour citer un pays proche, se situant à 35%. Autrement dit, les pays en voie de développement de manière générale consacrent le gros de leurs dépenses à se nourrir.
L’alimentaire ne pèse que 12,4% dans le panier de la ménagère française
En Europe, les gens se nourrissent mieux, et cependant leur budget alimentaire est quatre fois moins important qu’au Maroc, en terme de proportion. En France, par exemple, l’alimentation représente aujourd’hui 12,4% (13,6% en y ajoutant les boissons non alcoolisées) du panier de la ménagère, au lieu de 21% en…1970, c’est-à-dire il y a plus de 40 ans ! Et encore, avec ce niveau de dépense alimentaire, la France dépasse de nombreux autres pays européens où l’alimentaire ne pèse que quelque 10% du panier de référence pour le calcul de l’inflation. C’est que dans ces pays, les ménages ont opéré des transferts de dépenses au profit des produits culturels (vacances, cinéma, théâtre, télécommunications, etc.)
C’est donc en raison de l’importance de l’alimentation dans les dépenses des Marocains que ceux-ci sont sensibles aux prix des produits qu’ils consomment. Or, les prix de l’alimentation, il faut bien le dire, ont tendance à augmenter ces dernières années. Depuis 2009 (+1%), l’inflation alimentaire n’a cessé de croître pour s’établir au terme de l’année 2012 à +2,4%. Alors qu’entre 2000 et 2004, l’inflation alimentaire a été en moyenne de 1,5% par an, elle grimpe à 2,7% par an entre 2005 et 2012. Elle a donc quasiment doublé. Il est vrai cependant que cette moyenne de 2,7% est fortement impactée par les niveaux de prix extrêmement élevés enregistrés en 2006 (+3,9%), en 2007 (+4,5%) et en 2008 (+7,1%).
Sans l’intervention publique, via le soutien de certains produits, comme la farine et le sucre, les prix auraient sans doute connu des hausses plus importantes. Rappelons à ce propos que le pain et les céréales constituent le deuxième poste de dépenses dans le groupe alimentation. Autrement dit, dans la structure des dépenses alimentaires, le pain et les céréales occupent encore une place de choix, après les viandes, positionnées désormais à la première place (voir encadré).
