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L’industrie pharmaceutique a enfin son contrat programme
L’accord entre le gouvernement et le secteur sera signé lors des Assises de l’industrie pharmaceutique. La finalité est d’élargir les débouchés à l’étranger et d’augmenter la consommation de génériques. La France absorbe plus de la moitié des exportations marocaines.

La troisième édition des Assises de l’industrie pharmaceutique, prévue fin novembre, sera marquée par un événement majeur : la signature du contrat programme engageant les pouvoirs publics et les industriels pharmaceutiques pour les dix prochaines années. L’objectif de ce contrat programme est de positionner l’industrie pharmaceutique nationale sur les marchés étrangers. Les atouts et les opportunités sont certains et il faut les mettre à profit. Le secteur dispose d’importantes perspectives de développement sur un marché pharmaceutique mondial estimé à 900 milliards de dollars.
Le développement à l’international du secteur ne peut se faire qu’à travers trois axes principaux qui ont été retenus par une étude stratégique réalisée par un grand cabinet de la place pour le compte de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (Amip) : le développement du médicament générique, l’attraction des investisseurs étrangers et la croissance des exportations. Cinq commissions, composées de représentants de l’administration et des opérateurs, planchent actuellement sur la synthèse des conclusions de l’étude qui serviront de base au contrat programme.
En attendant de connaître le contenu du contrat programme et surtout ses objectifs à l’horizon 2022, on retiendra de l’étude que le secteur pharmaceutique a de sérieux atouts : d’abord le cadre réglementaire, notamment les accords de libre-échange avec les Etats-Unis et l’Union Européenne, qui pourrait faciliter le développement à l’international et, ensuite, le niveau du tissu industriel du secteur. Selon le ministère de l’industrie, les laboratoires investissent annuellement 300 MDH pour la mise à niveau ou l’extension des unités. Les industriels signalent que l’essentiel des investissements vise la production des médicaments génériques aux fins d’exportation mais aussi pour le marché local dont l’élargissement est prévu dans la stratégie du ministère de l’industrie. Le secteur occupe la deuxième place au niveau des industries chimiques après les phosphates et compte 32 laboratoires (filiales de multinationales, entreprises fabriquant sous licence et unités fabriquant leur propre palette de génériques) produisant aux normes de qualité européennes et/ou américaines.
Beaucoup d’opportunités en Egypte et en Turquie
En 2011, l’industrie pharmaceutique a réalisé une production de 293 millions d’unités permettant de couvrir 75% des besoins locaux en médicament pour un chiffre d’affaires global de 8,3 milliards de DH. Les importations ont, durant cette même période, couvert 25% de la demande intérieure. Globalement, le Maroc a importé en 2011 près de 3 milliards de médicaments dont 39% en provenance de France.
Les opérateurs font remarquer que le marché privé du médicament a été marqué en 2011 par une faible croissance des génériques, soit 3% contre 10 à 15% durant les années antérieures. «Ce qui est tout à fait compréhensible car l’effet AMO est passé et, par ailleurs, il n’y a pas encore de véritables incitations à la consommation du générique», commente un industriel, fabricant de génériques. Et d’ajouter que «sur le marché public on note, suite à la généralisation du Ramed, une évolution des appels d’offres qui sont passés de 1,2 milliard à 1,8 milliard de dirhams en 2011».
Le Maroc a exporté, en 2011, 431 MDH dont 66%, soit 285 millions, vers le marché français. Les opérateurs estiment que la dépendance d’un seul marché représente un risque pour le secteur qui doit impérativement, grâce au contrat programme, se positionner sur d’autres débouchés. L’Egypte, qui absorbe actuellement 3% seulement des exportations, et la Turquie constituent de bonnes opportunités d’export étant donné que leurs besoins en médicaments sont cinq fois plus importants que ceux du marché domestique.
Cependant, même liés par un accord de libre-échange avec ces deux pays, leurs marchés restent difficilement accessibles en raison de la complexité des procédures d’enregistrement des médicaments. Selon les professionnels, le contrat programme doit aider à dépasser cette limite puisqu’il prévoit des mesures réglementaires et fiscales facilitant le positionnement à l’international.
Le contrat programme doit aussi contribuer au développement de la demande locale de médicaments qui se situe actuellement à 320 DH par habitant et par an contre une moyenne de 6 000 DH dans d’autres pays.
