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Affaires

L’homme qui peut vous faire gagner des millions

Enseignant de gestion au départ, Fadel Drissi a dirigé le Groupe Maroc Soir pendant 12 ans avant de prendre en main les destinées de la Marocaine des jeux.
Il a multiplié le chiffre d’affaires de l’entreprise par
dix en une décennie.
Sa formation éclectique et son éducation rigoureuse lui permettent
de s’adapter aux situations les plus délicates.

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Regard profond, mine avenante, sourire charmeur… L’homme que nous avons en face nous met d’emblée en confiance. Rien, en effet, chez Fadel Drissi, directeur général de la Marocaine des jeux, ne renvoie au prototype du meneur d’hommes manipulateur qui sait arriver à  ses fins. C’est qu’il préfère, avoue-t-il volontiers, faire adhérer une équipe à  un projet qu’elle fera sien. «C’est sur la clarté de la vision qu’il faut travailler, y faire souscrire ceux qui y seront associés devient alors aisé et n’exige plus ni détours ni artifice». Plus facile à  dire qu’à  faire.
Quand on aborde son parcours, Fadel Drissi fait preuve de pudeur. L’expression qui revient souvent chez lui est : «Ma vie est une succession de hasards que j’ai su exploiter, un peu par hasard, d’ailleurs !». Né en 1950 dans la commune de Benyakhlef dans une famille modeste qui comptait quatre enfants, il est très tôt fasciné par l’enseignement. Normal, puisqu’il baignait dans le milieu : son père était instituteur avant de devenir directeur d’école. Son enfance est aussi marquée par la rigueur qui règne dans sa famille. Si bien qu’il se rappelle avoir commencé à  ranger le bureau de son père, dès l’âge de 7 ou 8 ans.

Pendant ses vacances d’écolier, il allait chez un oncle commerçant, établi à  Tanger. Après une journée consacrée à  donner un coup de main pour l’accueil de la clientèle, le soir venu, il inspectait factures et pièces comptables et arrivait à  déceler des anomalies dans les écritures, à  la grande surprise de son parent. Bref, tout suscitait sa curiosité, aussi bien les mots, les chiffres que le contact humain. Son parcours universitaire le démontre puisqu’il obtient un doctorat en gestion, un DES en sciences politiques et une maà®trise en informatique. Plus tôt, il a usé ses fonds de culotte sur les bancs des lycées Moulay Abdallah, à  Casablanca, et Moulay Youssef, à  Rabat, avant d’opter pour des prépas à  Paris.

Lorsqu’il quitte Maroc Soir, en 1994, il laisse un trésor de guerre de 45 MDH.
Au total, il restera dans l’Hexagone de 1968 à  1977 et il garde le souvenir des jours de «dèche». Il fallait recourir à  toutes sortes de trouvailles et faire montre d’une grande débrouillardise. Mais, dit-il en substance, les moments durs n’apportent que de la souffrance, sur le moment. C’est après seulement que l’on peut découvrir les enseignements qu’ils recèlent.
Pressé de revenir au bercail dès la fin de ses études, il laisse sa femme et ses deux enfants à  Paris et rejoint l’ISCAE en 1977. L’année suivante va être une année décisive. Il est recruté par le groupe de presse Maroc Soir pour établir un diagnostic. Et c’est justement le jour oà¹, découragé de ne pas trouver de situation à  sa mesure, il allait prendre l’avion pour retourner en France, qu’il reçoit le coup de fil qui fera de lui l’adjoint du DG, qu’il remplacera en 1982, lorsque ce dernier partira à  la retraite. Il restera 12 années à  la tête de cette entreprise, à  l’époque «difficile à  gérer», se rappelle-t-il. Il y enclencha une restructuration, la modernisation des locaux et l’informatisation des rédactions et de l’imprimerie. A son départ en 1994, il se rappelle qu’il avait laissé un trésor de guerre de 45 MDH en placements. «Le souvenir que je garde de ce long passage reste prégnant dans ma vie et je dois dire que cela a été très formateur pour moi, non pas pour les techniques de management, mais essentiellement pour la réactivité qu’on acquiert dans les situations à  chaud. J’ai découvert ou redécouvert et largement enrichi ma capacité d’adaptation aux situations les plus inattendues». Des détails croustillants, nous n’en aurons pas car il restera muet comme une carpe. Néanmoins, ses larges sourires en disent long sur ce qu’il a vécu.

La Marocaine des Jeux, une réussite qui ne doit rien… au hasard
Quand il quitte Maroc Soir, il prend le temps de voir venir, comme on dit. Il aura néanmoins créé, avec quelques associés, une société de conseil et quelques sociétés d’investissement. Mais à  aucun moment, il ne songe à  sacrifier son poste d’enseignant (de gestion) qu’il conserve encore aujourd’hui, et qu’il n’est pas près de lâcher. C’est la dimension de partage de ce métier qui lui plaà®t. Et puis, ajoute-t-il, mon père et mon grand-père ont fait partie du corps enseignant.
Son attente n’a pas été longue. En 1995, il est appelé aux commandes de la Marocaine des jeux. Son premier souci est d’étendre le système d’information car, dit-il, l’entreprise était à  un point de rupture o๠elle ne pouvait plus se développer. Or, on le sait, une entreprise dont la croissance est compromise n’a le choix : trouver les moyens de dépasser ce cap ou préparer ses funérailles. «A mon arrivée, il n’y avait qu’un seul concept de jeu, le Totofoot, et aucun produit instantané. Aujourd’hui, nous avons trois concepts et le chiffre d’affaires a grimpé de 35 MDH à  370 millions, montant estimé en 2005». Aujourd’hui, la structure des produits de la Marocaine des jeux se présente ainsi : Totofoot et jeux instantanés interviennent chacun pour 36 % du total et les 28 % restants reviennent au tout nouveau jeu appelé «Côté foot», qui n’a guère plus de dix mois.

Cette performance réalisée dans les jeux de hasard ne semble pas devoir grand-chose au hasard. L’expérience accumulée et les connaissances managériales y sont pour beaucoup