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L’Etat tente de sauver la mutuelle des transporteurs : un plan de redressement sera prêt avant la fin de l’année

La mutuelle souffre depuis plusieurs années de mauvaise gestion. Elle est autorisée à  nouveau à  vendre des produits d’assurance autres que l’automobile. Le plan prévoit la restructuration des instances dirigeantes, la mise en place d’un plan social et le renforcement du portefeuille.

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Assurance MATU 2012 11 26

La Mutuelle marocaine des transporteurs unis (Matu), en difficulté depuis plusieurs années, ne perdra pas son agrément. L’Etat a plutôt décidé de lui fournir les moyens de s’en sortir. Et c’est dans ce sens que le ministère de l’économie et des finances accélère l’élaboration du plan de redressement recommandé depuis 2009. Ce plan est examiné par une commission paritaire dans le cadre de réunions tenues régulièrement. La commission doit, selon une source proche du dossier, se réunir une dernière fois la semaine prochaine afin de boucler et valider ce plan de redressement qui sera appliqué avant la fin de l’année.

Selon certaines indiscrétions, ce plan de redressement s’étale sur une période de cinq ans, et s’articule autour de plusieurs axes. On cite en premier lieu la refonte de l’organigramme qui se traduit par la mise en place d’un conseil de surveillance et d’un directoire. Ce qui permettra de garantir une gestion transparente. Deuxièmement, le plan recommande un plan drastique de réduction de charges devant remédier aux recrutements massifs qui ont alourdi  la compagnie. Troisièmement, le plan prévoit le renforcement du portefeuille de la Matu, en partenariat avec des compagnies de la place. D’ailleurs, des pourparlers ont déjà été entamés en 2009 dans ce sens.

Des irrégularités avaient été décelées en 2008

La Matu souffre depuis quelques années d’une mauvaise gestion due, expliquent des sources internes, «à une insuffisance de suivi de la part du conseil d’administration composé de quinze personnes représentant les professionnels du transport de voyageurs et des marchandises». Selon ces mêmes sources, il y a eu des dysfonctionnements au niveau de la gestion et de la gouvernance «dans la mesure où le conseil d’administration ne se réunissait pas régulièrement et où les comptes de la mutuelle n’étaient pas examinés».

Les tarifs pourraient être revus à la hausse…

Une enquête diligentée en 2008 par la Direction des assurances et de la prévoyance sociale avait permis de divulguer les multiples irrégularités qui entachaient la gestion de la mutuelle. Le ministère des finances avait alors tiré la sonnette d’alarme et appelé à l’assainissement de la mutuelle. Il avait même, par le biais d’un arrêté, interdit à la compagnie d’émettre des produits d’assurance autres que l’assurance automobile, c’est-à-dire ceux relatifs à l’accident du travail, au vol, à l’incendie et à la maladie. Une interdiction qui a induit une baisse du chiffre d’affaires de la mutuelle et aggravé son déficit «de plusieurs millions de dirhams» dû également à un cumul des impayés des transporteurs.

Mauvaise gestion, insolvabilité, non-respect des procédures fixées par le code réglementant le secteur et des procédures figurant dans ses propres statuts sont donc autant d’irrégularités qui auraient pu condamner la mutuelle à un arrêt d’activité et, en définitive, à sa liquidation. Mais les pouvoirs publics en ont décidé autrement.

Et pour preuve, et en attendant la finalisation du plan de redressement dont certaines dispositions sont appliquées par anticipation (refonte du système d’information et création d’une commission de suivi de la gestion), le ministère de l’économie et des finances a levé l’interdiction faite en 2008 à la mutuelle de ne plus émettre des produits d’assurance autres que l’automobile.

Malgré tout, l’assainissement de la Matu, explique une source proche du dossier, risque d’être contrarié par le problème technique de la tarification. C’est pourquoi une étude des tarifs actuels est en cours. S’ils s’avèrent insuffisants, la mutuelle devra procéder à leur augmentation. Le marché étant libéralisé depuis 2006, les nouveaux tarifs n’auront nullement besoin d’être validés par l’administration.