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Les voyagistes dénoncent la concurrence déloyale des agences de communication et des sites web

Les agences sont légalement les seules habilitées à  organiser les séjours collectifs ou individuels, de la vente de billet à  l’hébergement. Seules les associations à  but non lucratif sont autorisées à  fournir des prestations du genre et exclusivement à  leurs membres.

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Agence de voyage Maroc 2012 04 09

Les hôteliers ne sont pas les seuls professionnels du tourisme à être préoccupés par l’informel. A leur tour, les agents de voyages montent au créneau pour dénoncer le détournement de l’activité qui leur revient de droit par d’autres entités, en l’occurrence les entreprises, les agences de communication et d’événementiel, les sites Internet et même des particuliers qui s’improvisent en véritables agents de voyages en offrant toutes les prestations touristiques que désirent les clients.
Pour comprendre la gravité de la situation, il faut revenir à la législation, et plus précisément à la loi 31-96 (12 février 1997) qui fixe le statut des agences de voyages. Dès l’article premier, il est précisé que l’activité d’agent de voyages concerne l’organisation de voyages et de séjours individuels et collectifs, la vente de prestations de services pouvant être fournis à l’occasion de ces voyages, notamment la délivrance de titres de transport, la location de moyens de transport pour le compte de sa clientèle ainsi que la réservation des chambres dans les établissements d’hébergement classés, de même que la délivrance de bons d’hébergement et de restauration. S’y ajoutent d’autres prestations liées à l’accueil touristique (organisation des circuits, visites des villes et des monuments historiques avec guides ou accompagnateurs agréés). La loi précise dans son article 2 qu’il suffit qu’il y ait deux opérations combinées au préalable, parmi celles citées, pour que le passage par une agence de voyages devienne obligatoire. Elle prévoit néanmoins une exception pour les associations à but non lucratif qui peuvent organiser ces opérations au profit exclusif de leurs membres, en faisant une déclaration à l’administration de tutelle. Des sanctions sont prévues en cas de manquement à ces dispositions (voir encadré).
Pourtant, et malgré ce cadre juridique assez concis et répressif, on assiste sur le terrain à une grande pagaille. En outre, on croit comprendre que ni les associations professionnelles, ni les pouvoirs publics ne semblent porter un intérêt particulier à l’application de la loi.

La stratégie pour le secteur beaucoup plus axée sur l’hébergement que sur les prestations annexes

Et comme le dit à juste titre un voyagiste, «aujourd’hui, tout le monde empiète sur le métier de tout le monde, et la loi a besoin d’être revue pour intégrer certaines données qui n’existaient pas au moment de sa promulgation en 1997, et en premier lieu l’arrivée rapide et massive des sites de voyages sur internet». Ces sites, en effet, n’ont ni siège social, ni patente, ne payent aucun impôt et échappent complètement au contrôle des autorités de tutelle. Certes, beaucoup ne sont pas domiciliés au Maroc, mais ils ont réussi à constituer de véritables chaînes informelles qui démarrent de l’aéroport où les touristes sont accueillis et dirigés à bord de véhicules particuliers vers des établissements d’hébergement déclarés ou pas. Des excursions, des visites et des circuits sont organisés au vu et au su de tout le monde.
Au Maroc, depuis peu, des sites internet proposent aussi des «deals» pour leurs visiteurs à des prix imbattables, notamment pour le logement dans les hôtels classés avec d’autres prestations dans l’enceinte de ces hôtels ou à l’extérieur. Quand on pense, fait remarquer Fouzi Zemrani, patron de Z Tours, que «les agences de voyages n’ont pas le droit de posséder un mini bus pour le transfert de leurs propres clients, et doivent pour cela passer par un transporteur agréé, alors que d’autres le font au grand jour, il apparaît qu’il est urgent de revoir la réglementation de tous les métiers du tourisme, mais aussi d’y mettre de l’ordre». A Agadir, enchaîne M. Zemrani, «des files de mini bus proposent publiquement et dans l’illégalité la plus totale, des excursions dans l’arrière-pays ou dans les régions avoisinantes, avec une seule personne qui joue à la fois le rôle de chauffeur, de guide, de restaurateur, etc.».
Ces phénomènes ont certes toujours existé, précise un transporteur, mais de manière marginale. Aujourd’hui, avec le développement des low cost et la réduction des vols charters ainsi qu’avec le développement de la commercialisation sur internet, ils ont pris de l’ampleur. Et si des voix s’élèvent aujourd’hui pour les dénoncer, c’est en raison de la crise qui frappe le secteur.
Autre activité pointée par les agences de voyages, celles des agences événementielles qui, à l’occasion d’un événement commandé par une entreprise ou un organisme, s’occupent de l’organisation mais aussi de toute la logistique, c’est-à-dire du transport, du logement, de la restauration et de l’animation. Elles se posent à l’occasion en vraies concurrentes des agences de voyages.
Les décideurs semblent avoir oublié ces questions dans la stratégie pour le secteur du tourisme, donnant plus d’importance à l’augmentation de la capacité d’hébergement et aux infrastructures de base qu’aux prestations annexes, se plaint un professionnel. Une stricte application de la loi, ou sa révision, est ainsi souhaitée.

Com’ese

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