Affaires
Les ventes de véhicules neufs devraient reculer de 5% en 2013
En chute de 6.95% sur les 8 premiers mois, les ventes pourraient légèrement reprendre en fin d’année grà¢ce aux promotions. Seul l’économique et les nouveaux modèles à motorisation diesel continuent à tenir le cap.

Le marché de l’automobile s’enfonce dans la déprime. Les statistiques à fin août de l’Association des importateurs des véhicules au Maroc (AIVAM) confirment la tendance observée depuis le début de l’année. Les ventes de véhicules neufs sont en baisse de 6,95% par rapport à l’égale période de l’année dernière. Les véhicules particuliers, représentant 90% du marché, enregistrent un recul de 8,36%. Pis, aucun des opérateurs sondés ne s’attend à ce que la situation se redresse au cours des quatre mois restants. «On peut s’attendre à une légère décélération de cette baisse, mais on terminerait quand même l’année aux alentours des -5%», confie Gerald Porcario, directeur marketing à Renault Maroc.
Et encore, cette estimation est optimiste, car pour la concrétiser, il faudrait que le marché réalise une meilleure performance en fin d’année qu’en 2012. «Il est vrai qu’avec les opérations de fin d’année (ndlr : les promotions), les ventes sont meilleures, mais il ne faut pas oublier qu’elles ont été excellentes l’année dernière», témoigne Youssef Touhami, directeur des marques Volkswagen et Skoda chez la Centrale Automobile Chérifienne. En fait, les ventes avaient atteint un niveau record de 130 000 véhicules, soit 16,2% de plus que l’année d’avant et 10 000 unités de plus que le précédent record enregistré en 2008. L’une des raisons est que 2012 a été «une année de salon», événement connu historiquement pour booster les ventes, ce qui n’est pas le cas de 2013. C’est d’ailleurs cette analyse qui amène le responsable marketing de Renault à qualifier la baisse actuelle que connaît le marché d’une «stabilisation de la croissance».
Baisse des prix moyens
Une autre raison est également avancée par les opérateurs pour expliquer la mauvaise passe actuelle du secteur. En 2013, de nouvelles dispositions ont été introduites, particulièrement au niveau de la TVA sur la LOA, qui a sensiblement réduit le pouvoir d’achat des clients. «Un client qui pouvait financer un véhicule en LOA à hauteur de 300 000 DH, par exemple, s’est retrouvé avec une capacité de 250 000 DH, voire moins, à cause de cette mesure», explique-t-on auprès de la CAC. Ceci n’a fait que conforter, selon les professionnels, la baisse quasi généralisée des prix moyens de vente sur le marché.
Faut-il pour autant s’inquiéter pour l’avenir ? Peut-être pas autant. Le marché marocain est en effet caractérisé par un taux d’équipement des ménages de 70 véhicules par 1 000 habitants, alors que c’est au moins le double dans des économies comparables. D’où l’optimisme des concessionnaires et fabricants quant à l’avenir du secteur. «La croissance peut parfois être ralentie par des facteurs économiques (ndlr: baisse du pouvoir d’achat). Cependant, avec un taux d’équipement aussi faible, le marché ne peut que croître», explique M. Porcario. Pour ce dernier, les analyses du marché ont suffisamment prouvé que l’aspiration des ménages à s’équiper d’une automobile était tout aussi importante que leur intérêt pour l’acquisition d’un logement.
La situation aurait en revanche été inquiétante si le segment économique était également touché par la mévente, ce qui n’est pas le cas. D’après les données de l’AIVAM, les ventes de Dacia, principale marque de ce segment, ont augmenté de 6,59%, à 19 714 unités sur les huit premiers mois de l’année. La marque continue d’ailleurs d’accaparer la plus grosse part de marché du secteur (24,08%), devant sa consœur Renault (15,14%), Ford (8,63%) et Hyundai (8,54%).
Serait-ce donc les marques opérant dans ce segment qui vont le plus tirer leur épingle du jeu ? Selon des professionnels, les marques qui ont introduit de nouveaux modèles affichent également des performances satisfaisantes sur ces nouveaux véhicules. D’ailleurs, en faisant le tour du secteur, on se rend rapidement compte que le marché a été plutôt riche en nouveaux lancements cette année. Nouvelle Ford Fiesta, Skoda Rapid, nouvelle Sandero, Golf VII… Les concessionnaires semblent en effet s’être empressés d’introduire des nouveautés sur le marché en ces temps de vaches maigres et, selon Youssef Touhami, ils ont eu raison. «Nous avons effectivement constaté que les nouveaux modèles ont plutôt bien marché». Certaines marques, plus connues sur le segment du luxe, ont même été tentées par le lancement de véhicules à des prix proches de la moyenne du marché, ce que certains concessionnaires qualifient de «rééquilibrage entre les marques».
Les motorisations essences nettement moins attractives
Mais mieux vaut proposer des motorisations diesel. Selon plusieurs concessionnaires, les ventes des véhicules à essence de cette catégorie pâtissent significativement des dernières hausses des prix à la pompe. Depuis juin 2012 et le relèvement du prix à la pompe de l’essence de 2 DH, les motorisations essences ont nettement perdu en attractivité. Certains concessionnaires auraient même eu du mal à écouler leurs stocks. Ces motorisations, ayant jusque-là profité du renforcement de la part de marché des petites citadines, devraient perdre encore plus en attractivité avec la mise en œuvre de l’indexation des prix du carburant sur les cours internationaux et qui s’est traduite par une nouvelle hausse des prix de l’essence durant ce mois de septembre. Pour rappel, les prix de vente de l’essence sont passés de 10,18 DH le litre avant juin 2012 à 12,77 DH actuellement (soit 25% d’inflation en 15 mois seulement).
