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Les structures d’accompagnement des start-up se multiplient
La plupart des organismes de soutien sont à but non lucratif n Formation, compétition, mentoring… plusieurs leviers sont activés pour donner du tonus aux start-up. Mais il y a un souci, les donneurs d’ordre se montrent encore frileux.

La mode est à la start-up. En moins de 5 ans, les structures d’accompagnement pour jeunes entrepreneurs se sont en effet multipliées. Aux côtés des pionniers que sont Injaz Al-Maghrib, Réseau Entreprendre Maroc ou encore Enactus Maroc, sont ainsi apparus ces toutes dernières années StartUp Maroc, New Work Lab, Startup Your Life, sans oublier le petit dernier, NUMA Casablanca issu d’un partenariat entre le français NUMA et Eiréné 4 Impact. La liste n’est pas exhaustive. Côté bailleurs de fonds, là aussi le développement est notable, avec toutefois une marche de retard. L’arrivée du programme OCP Entrepreneurship Network de la Fondation OCP n’a toutefois pas manqué de rassurer des structures d’accompagnement en mal de financement. Il y a quelques années, personne ou presque ne s’intéressait aux auto-entrepreneurs et à leurs difficultés.
Les méthodes des incubateurs diffèrent mais se complètent
Aujourd’hui, les accélérateurs de start-up contribuent fortement au dynamisme de la communauté croissante des start-up au Maroc en organisant des compétitions, des bootcamps, des formations, des conférences auxquelles participent des experts et mentors nationaux et internationaux. Reste à savoir si l’arrivée de ces nouveaux organismes, parfois à but non lucratif, profite aux start-up ou si, au contraire, elle ne comporte pas quelques risques.
A en croire la communauté des start-up, l’installation de ces accélérateurs d’entreprises n’est que positive. «C’est très très positif», affirme d’emblée Zineb Rharrasse, directrice de StartUp Maroc, lancé en 2011. «Je n’y vois que du positif», confirme pour sa part Fatim-Zahra Biaz, fondatrice de New Work Lab, créé en 2012. «Cela veut déjà dire qu’il y a un intérêt. Nous envoyons des signaux positifs à l’extérieur. Depuis 3 ans, un énorme travail a été fait pour dynamiser la scène entrepreneuriale, rassembler les entrepreneurs et leur donner une voix. Ensemble, nous y sommes parvenus», poursuit cette dernière. Même son de cloche du côté d’Omar Balafrej, DG du MITC, gestionnaire du Technopark: «Ce développement est très bien. La plupart de ces initiatives ont réussi. Elles sont même logées au Technopark. Il s’agit du même écosystème, c’est donc très bien». Résultat, personne ne parle de concurrence entre ces structures. Si leur objectif est commun, à savoir la promotion de l’entreprenariat, leurs méthodes sont bel et bien différentes et chacune apporte une pierre à l’édifice. Depuis 2011, StartUp Maroc milite pour l’éducation à l’entreprenariat. Depuis 2014, l’organisation fait des tournées dans différentes villes du Maroc pour sensibiliser les jeunes au concept de la start-up. «Il y a une forte demande dans des villes comme Laâyoune, Khouribga, Tanger ou Oujda. A Khouribga par exemple, il y avait 360 personnes au début», se rappelle Mme Rharrasse. De son côté, New Work Lab propose un programme d’accompagnement intensif de 4 mois, des espaces de coworking, organise des rencontres, des compétitions. Injaz Al-Maghrib sensibilise à l’entreprenariat dès l’enseignement secondaire. Enactus Maroc réunit des étudiants autour de projets d’entreprenariat. Et ainsi de suite.
L’accompagnement varie donc d’une structure à l’autre, selon l’avancement du projet du jeune entrepreneur et ses besoins. «Chacun apporte une brique intéressante à l’entrepreneur, mais il reste encore des briques manquantes. Au final, nous avons encore besoin d’initiatives. Aucun acteur aujourd’hui ne peut tout faire. Il faut créer une chaîne. Il nous faut travailler sur les complémentarités», avoue Mme Rharrasse. Un bémol toutefois : «Cet engouement pour l’entreprenariat est important et positif, mais l’entreprenariat n’est pas fait pour tout le monde», ne manque pas de rappeler M. Balafrej.
Le financement commence à suivre
En termes de financement, chacun semble, pour l’instant du moins, y trouver son compte. «Pour l’instant, nous avons réussi à couvrir toutes nos charges. Nous avons pu concrétiser plusieurs réalisations, ce qui nous a permis de gagner en crédibilité», confie Zineb de StartUp Maroc. L’OCP joue un rôle intéressant avec son programme OCP Entrepreneurship Network en accompagnant financièrement ces initiatives, quitte à les rendre dépendantes de son programme.
Si les start-up sont aujourd’hui accompagnées et, quand elles ont de la chance, financées, il n’empêche qu’elles se retrouveront toujours confrontées à la dure réalité du marché. «Ce qui manque aux jeunes entrepreneurs marocains c’est la confiance des groupes privés. Les grosses PME doivent réfléchir «start-up». Les start-up marocaines qui marchent ont persévéré et sont parties à l’export. Les donneurs d’ordres se montrent aux rendez-vous de start-up mais ne signent pas de bons de commande», enrage M. Balafrej. Voilà donc la brique manquante : celle de la confiance du marché. Des tentatives ont bien été menées, notamment auprès de la CGEM. Elles peinent encore à porter leurs fruits. Il y a donc encore de la place pour des initiatives d’accompagnement de jeunes entrepreneurs au Maroc.
