Affaires
Les sociétés de vente directe demandent le statut de « commerçant indépendant » pour leurs représentants
Les consultants, distributeurs ou ambassadeurs travaillent sous contrat fixant leur relation commerciale avec les marques. En attendant un statut professionnel bien défini, ils souscrivent de plus en plus à la patente.

Créée au cours du mois d’octobre par Avon, Forever Living Products et Oriflame, l’Association marocaine de la vente directe (AMDV), entend se positionner comme «l’interlocuteur principal des pouvoirs publics afin de débattre des problèmes relatifs au secteur», déclare Michel Carrello, délégué général de l’association. Et la priorité de cette corporation est de travailler pour que les représentants aient un statut de commerçant indépendant qui, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays notamment européens, n’existe pas au Maroc. «La profession n’étant pas reconnue, le distributeur indépendant ne dispose pas de statut fiscal et social alors que c’est, en raison du développement de ce type de commerce, une nécessité», ajoute le délégué général de l’AMVD. Karim Sellami, directeur général d’Avon, précise dans ce même sens: «Nous comptons œuvrer en vue de combler ce vide juridique en approchant les pouvoirs publics et les sensibiliser à la nécessité du statut de commerçant indépendant, sachant que la vente directe est un vecteur d’absorption du chômage».
Pour l’heure, on ne dispose pas de statistiques précises sur le nombre de distributeurs, mais l’on peut retenir que les deux multinationales, Oriflame et Forever Living Products, comptent 160 000 distributeurs indépendants dans leur réseau. Chez Avon, on ne souhaite pas dévoiler le nombre de représentants ; on se contente d’indiquer que la maison emploie plus de 6 millions de vendeurs dans le monde.
Appelés distributeurs, vendeurs ou ambassadeurs, les représentants de ces marques de cosmétiques, accessoires de maisons et autres compléments alimentaires ne disposent pas de statut. Leur relation avec la marque représentée est basée sur un contrat définissant le cadre de la relation commerciale liant les deux parties et particulièrement le mode de rémunération qui est souvent sous forme de commission ou de bonus.
Aucune qualification n’est requise pour devenir représentant
Ces commissions varient, expliquent les responsables, de 30 à 40% du prix de vente. Mais en fonction des volumes de vente réalisés, les représentants touchent des primes, des chèques spéciaux ainsi que des bonus. «Les revenus mensuels vont de 5200 DH pour nos consultants à 100 000 DH pour les top directeurs qui encadrent une équipe de consultants», affirme M. Bernstrom, directeur de Oriflame. Les profils sont très diversifiés (des étudiants, des salariés et des femmes au foyer) dans le secteur qui recrute tout le monde sans conditions précises. Seuls l’esprit commercial et la facilité du contact humain sont souhaités chez le distributeur.
Agissant dans le cadre d’un contrat avec le distributeur, les représentants et consultants, en attente d’un statut spécifique, souscrivent de plus en plus à la patente. Chez Oriflame, qui se revendique leader de la vente directe sur le marché marocain, tous les consultants sont des patentés. Chez Forever Living Products, l’entreprise procède à un prélèvement sur le revenu des distributeurs pour la couverture des charges sociales.
Au-delà du statut social, l’Association marocaine de la vente directe planche également sur la mise en place d’un code de déontologie fixant aussi bien les droits que les obligations des distributeurs et des représentants. C’est pour mettre en place les règles fondamentales de la vente directe, notamment la promotion de la loyauté, la garantie de la qualité des produits et la protection des consommateurs. Les trois membres de l’AMVD sont spécialisés dans les produits cosmétiques, de bien-être ainsi que dans les accessoires de maison. Les ventes se font de porte-à-porte et dans le cadre de réunions privées sur la base de catalogues présentés aux clients tous les mois ou tous les deux mois avec des nouveautés et des lancements spéciaux et ponctuels à l’occasion des fêtes (St-Valentin, Noël, fête des mères…) ou des saisons. Pour ces offres spécifiques, les acteurs de la vente directe proposent des promotions sur le prix de vente.
Disposant d’un large réseau de distribution, les trois entreprises sont présentes sur l’ensemble du pays avec une concentration dans les grandes villes, mais aussi dans le milieu rural pour Oriflame. Pour les professionnels, ce secteur présente d’importantes potentialités et enregistre une croissance soutenue. Selon les derniers chiffres de Euromonitor, la vente directe représente 16% du commerce au Maroc et croît de 15% par an. Elle représente aussi 7,8% du commerce des cosmétiques et autres produits d’hygiène.
