Affaires
Les prix des produits alimentaires flambent : 16% de hausse en cinq ans
L’enseignement et les transports sont aussi en forte hausse. Les huiles, le café et le thé ont progressé plus modérément. Le Haut commissariat au plan table sur une inflation de 2.1% en 2012.
N’était l’intervention publique pour soutenir les produits de base, via la Caisse de compensation, l’inflation, d’origine externe surtout, aurait sérieusement réduit le pouvoir d’achat des ménages. Cela est surtout vrai pour l’alimentation, soit la composante vitale du panier de la ménagère. Il y a quelques jours, la Banque mondiale, dans un rapport sur le sujet, s’alarmait de ce que les prix des produits alimentaires dans le monde sont devenus trop élevés. Et à propos du Maroc, le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu, dès l’année dernière, contre ce qu’il a appelé «l’inflation alimentaire».
Qu’en est-il à deux mois de clôture de l’exercice 2012 (les informations disponibles s’arrêtant à fin octobre) ?
L’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), serait de 2,1% en 2012, selon les prévisions à la fois du Haut commissariat au plan (HCP) et du ministère des finances. Au terme des dix premiers mois de l’année, l’IPC a augmenté de 1,2% par rapport aux dix premiers mois de 2011. La hausse est de 1,8% entre octobre 2011 et octobre 2012 et de 2,8% entre janvier et octobre de cette année.
Ces moyennes cachent toutefois des variations contrastées : cela va d’une baisse de 16% pour les services de communication à une hausse de 16,8% pour les carburants et lubrifiants pour véhicules de tourisme, en passant par des augmentations se situant entre 2,15% pour le pain et les céréales et 14,37% pour les légumes.
Si pour les carburants la hausse s’explique par le réajustement des prix décidé par le gouvernement l’été dernier, pour les légumes, en revanche, il s’agit de variations dictées par la situation du marché. Les produits frais comme les légumes et les fruits sont d’ailleurs connus pour leur forte volatilité, exprimant, in fine, l’état de la pluviométrie, le rendement des cultures, le niveau de la demande étrangère, et, bien entendu, les effets de la longue chaîne d’intermédiation, depuis l’agriculteur jusqu’au vendeur ambulant du coin. Il est significatif à cet égard que les prix des légumes, pour rester sur cet exemple, avaient baissé de 6,53% en janvier dernier par rapport à octobre 2011, puis encore de 2,6% en avril. Au mois de juillet, par contre, les prix des légumes remontent légèrement pour se stabiliser à leur niveau d’octobre 2011, et trois mois plus tard, ils subissent une hausse fulgurante : 14,37%.
En réalité, la hausse ne concerne pas que les produits à prix volatils. Le café, le thé et le cacao ont enregistré des augmentations assez conséquentes : +4,06% en octobre sur 12 mois. Et ces hausses viennent après d’autres augmentations encore plus élevées entre janvier 2010 et novembre 2011 : 14,9%.
L’alimentation pèse plus de 40% dans le panier de la ménagère
C’est le cas aussi des huiles et graisses : 3,58% de hausse en octobre sur une année glissante. Le HCP qui fournit ces statistiques ne précise pas s’il s’agit de l’huile d’olive produite localement, importée, ou des huiles de soja, de tournesol, d’arachide, etc. Mais peu importe, le constat est unanime sur le fait que les huiles ont considérablement augmenté, conséquemment à l’augmentation de la matière première importée. Rappelons à ce titre qu’entre janvier 2010 et novembre 2011, la hausse cumulée des prix des huiles et graisses a été de 10,94%.
Plus généralement, les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées ont augmenté de 2,8% entre octobre 2012 et le même mois de 2011. Depuis janvier 2010, la hausse frôle les 10%. Et sur cinq ans, soit depuis la mise en place de l’IPC, l’augmentation est de 15,9%.
Ces hausses, qu’il faut considérer dans la durée, car elles se cumulent, affectent considérablement le pouvoir d’achat des ménages pour la raison essentielle que l’alimentaire occupe plus de 40% du panier moyen de la ménagère. Autrement dit, même quand les produits alimentaires n’augmentent que dans des proportions modestes, l’effet que cela produit est fortement ressenti.
Hors alimentation, les hausses les plus importantes concernent surtout l’enseignement et les transports. Certes, l’enseignement public est encore gratuit pour tous, mais tout le monde sait que par mimétisme ou par nécessité, même les petites gens se sacrifient aujourd’hui pour placer leurs enfants dans le privé. C’est d’ailleurs cet effet moutonnier qui fait que les écoles privées poussent comme des champignons, pour les niveaux primaire et collège surtout, c’est-à-dire là où la demande est plus importante.
Entre octobre 2011 et octobre 2012, l’augmentation des prix dans l’enseignement a été de 6,14%. En y ajoutant le transport, autre dépense contraignante, la boucle est bouclée. Certes, les prix du transport sont réglementés, ils évoluent par conséquent très faiblement. Entre 2007 et 2011, ils n’ont augmenté que de 1,9%. Et s’ils ont crû de 4,84% entre octobre 2011 et octobre 2012, c’est en raison de la hausse des carburants de l’été dernier.
Bien sûr, il y a quantité de produits et services dont les prix stagnent (santé, loisirs et culture…) et d’autres baissent (communications, articles de ménage), mais cela ne change rien à la perception des consommateurs. Ceux-ci ne retiennent que ce qui est répétitif, comme l’alimentation, se souciant comme de leur dernier…appareil téléphonique des baisses des produits et services qu’ils consomment une fois tous les ans voire davantage.