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Les prix de l’huile d’olive flambent : jusqu’à  50 DH le litre en vrac

Le litre se vendait entre 25 et 30 DH il y a deux ans. La baisse de la production à  l’échelle mondiale est à  l’origine de la situation. Compte tenu du prix élevé de l’huile conditionnée, le vrac constitue près de 90% de la consommation locale.

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Huile Olive maroc 2013 03 07

L’huile d’olive est devenue très chère. Les professionnels affirment que le prix du litre en vrac est aujourd’hui de 40 DH en moyenne et a même atteint les 50 DH dans certaines régions au lieu de 25 à 30 DH, il y a deux ans. Le cas du Maroc n’est pas isolé. La même tendance haussière est constatée dans les principaux pays oléicoles méditerranéens, notamment l’Italie et l’Espagne où le prix de l’huile extra vierge en vrac atteint respectivement 2,6 euros et 3 euros le kilo. Cette hausse, due à une baisse de la production d’olives qui a varié de 50 à 60% dans ces pays, a commencé en juillet 2012. Auparavant, l’existence d’un stock de 800 000 tonnes en Espagne avait permis de répondre à la demande, donc de stabiliser les prix. Mais une fois le stock épuisé, les prix ont flambé.

Aujourd’hui, le Maroc affiche le prix le plus élevé à l’international. Et la hausse des prix n’est pas prête de s’arrêter, notent les professionnels. Car la baisse de la production risque fort de se poursuivre.
D’après les prévisions, la production devrait s’élever à 120 000 tonnes à l’issue de l’actuelle campagne, mais les professionnels estiment que l’on ne dépassera pas les 80 000 tonnes d’huile d’olive. Ce qui reste bien loin des ambitions du contrat programme signé entre les professionnels et le ministère de l’agriculture qui vise de porter la superficie plantée d’olivier de 725 000 ha à 1,22 million d’ha pour atteindre une production de 2,5 millions de tonnes d’olives en 2020 grâce à un budget de 29,5 milliards de DH. Actuellement, elle se situe entre 1,2 à 1,5 million de tonnes dont 65% vont à la trituration et 25% à la conserverie. Le reste est destiné à l’autoconsommation. Quant aux exportations d’huile d’olive  et de table, elles devraient se monter respectivement à 120 000 tonnes et 150 000 tonnes à la même échéance.

La consommation est de 2,5 kg par habitant et par an

Les professionnels précisent que 75% de la production d’huile est vendue localement même si la consommation d’huile d’olive, 2,5 kg par habitant et par an, demeure faible par rapport aux autres pays méditerranéens. Elle est de l’ordre de 6 kg en Tunisie, 12 kg en Italie, 10 kg en Espagne et atteint les 24 kg en Grèce. Pour les professionnels, la faiblesse de la consommation se justifie essentiellement par la cherté du produit dont le prix fluctuait jusque-là entre 25 et 35 DH.

L’huile d’olive conditionnée reste aussi inaccessible pour un large pan des consommateurs qui se rabattent ainsi sur le vrac qui constitue 90% de la consommation locale, selon les opérateurs. Le litre d’une marque locale d’entrée de gamme coûte en effet 38 DH, et la bouteille d’un demi-litre de marque importée est à 48 ou 50 DH.

Le potentiel du marché domestique de l’huile conditionnée est donc proportionnel à la faiblesse de la consommation. C’est pourquoi plusieurs chantiers de développement sont menés dans une filière oléicole – on peut le dire – à deux vitesses, puisque l’on dénombre seulement 565 unités modernes d’une capacité de 900 tonnes par heure situées essentiellement à Meknès, Fès et Marrakech et 15 300 maâsras traditionnelles, dont près de 2 000 ont été mises à niveau. Ces opérations sont en fait inscrites dans le Plan Maroc Vert qui vise pour cette filière prioritaire aussi bien une augmentation de la superficie plantée que l’amélioration de la qualité qui est un critère de compétitivité essentiel.

Les opérateurs privés dans la région de Meknès se sont fortement impliqués dans la mise à niveau de la filière. Ils ont œuvré pour la modernisation de l’outil de transformation, l’augmentation de la capacité de trituration, de stockage, l’amélioration de la qualité, l’emballage du produit et la création de fermes pilotes sur des nouvelles bases techniques, souligne en substance un responsable régional de la filière oléicole. Il faut rappeler que la région de Meknès et Fès concentre la plus grosse capacité de trituration, soit 5 opérateurs qui réunissent 60% de la capacité du pays et réalise près de 70% des exportations d’huile d’olive.

D’après les statistiques de l’Office des changes, la valeur totale des exportations a chuté de 80% en 2011, passant de 660 MDH en 2010 à 118 millions. Pour la campagne 2011-2012 marquée par des conditions climatiques difficiles qui ont affecté les exploitations dans certaines régions comme Fès-Meknès, Tanger-Tétouan et Tadla, elles se sont établies à 30 000 tonnes. Les professionnels estiment que la tendance baissière pourrait se poursuivre en 2012-2013 et même s’aggraver.