Affaires
Les pétroliers demandent à la Caisse de compensation 3,3 milliards de DH d’arriérés
700 MDH sont toujours dus au titre de 2005
Les sociétés de distribution saisissent le premier ministre
La caisse attend le déblocage de fonds du ministère des Finances.
Si l’année 2005 n’aura pas été de tout repos pour les sociétés pétrolières, 2006 ne s’annonce pas meilleure. Les arriérés de la Caisse de compensation vis-à-vis d’eux commencent de nouveau à enfler.
Selon le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), les arriérés de la caisse, à fin avril, s’établissaient à 3,3 milliards de DH dont 700 MDH environ restant dus au titre de l’année 2005. Ce solde tient compte notamment des deux derniers versements, d’un milliard de DH chacun, effectués par la Caisse de compensation en mai et juin derniers. Mais ces versements n’auront pas suffi à tranquilliser les professionnels qui se disent aujourd’hui inquiets quant à la sécurité de l’approvisionnement. En effet, la tension que font peser ces retards sur la trésorerie des entreprises du secteur fait que ces dernières ont de moins en moins de visibilité quant à leur capacité de continuer à payer leurs fournisseurs. Or, comme l’explique un professionnel, «nous sommes à la veille de la haute saison et nous devons faire face à des achats plus importants». Solution : l’Etat doit verser, au moins, les 700 MDH dus au titre de 2005, proposent les entreprises. D’ailleurs, au début de juin, le GPM a adressé une lettre au premier ministre pour faire état de l’inquiétude des sociétés du secteur, en lui demandant le paiement «immédiat» du solde à fin mars, qui s’élève à 3,7 milliards de DH.
«Pas de sous», dit le gouvernement
Les pétroliers en ont également profité pour exiger du gouvernement plus de visibilité à travers un engagement ferme sur un échéancier de remboursements. Mais, du côté du gouvernement, c’est plus facile à dire qu’à faire. Au ministère des Affaires économiques et générales, on explique tout simplement que «si la caisse n’a pas versé les fonds, c’est qu’elle ne les a pas». Or, ces fonds proviennent de la direction du Budget (ministère des Finances). Ce qui amène ce haut responsable gouvernemental à conclure que le problème se trouve plutôt du côté du département des Finances, rappelant que la caisse ne joue qu’un rôle d’exécution. «Quand le ministère des Finances nous débloque des fonds, nous les servons aux professionnels», conclut-il.
Cela dit, et quand bien même la caisse verserait une partie des arriérés, et dans les délais, ces derniers ont de fortes chances de très vite se reconstituer car le véritable problème est que l’Etat, dans ses prévisions pour la Loi de finances 2006, a, de manière incompréhensible, sous-estimé le cours du baril en tablant sur 60 dollars alors que, comme le font remarquer certains professionnels, «le cours n’est pas descendu en deçà de 65 dollars». Et en attendant que l’Etat trouve une solution radicale au problème, les sociétés pétrolières trinquent en finançant l’économie sur leur propre trésorerie. Jusqu’à quand ?