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Affaires

Les ménages auront dépensé 7 milliards de DH, 1,5% du PIB, lors de l’Aïd Al Adha

Une évaluation qui ne tient pas compte des dépenses en habits, chaussures et électroménager.
Au bas mot 3,5 millions de bêtes ont été sacrifiées.
300 000 «bouchers» ont opéré ce jour-là.

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Jour de grandes festivités, l’Aïd Al Adha est aussi un jour royal pour la dépense. C’est sans conteste le jour où l’on met la main à la poche sans compter.
Si le mouton est la pièce centrale de l’économie de l’Aïd, nombreuses sont les dépenses qui viennent s’y greffer, de près ou de loin.
Et les dépenses de l’Aïd commencent bien avant celles générées aujourd’hui par les coups de fil et les SMS (nationaux et internationaux) qui commencent à constituer un poste important de charges. Les portefeuilles sont en effet sollicités quelques jours auparavant pour l’achat des épices, couteaux, broches et autres barbecues, sans oublier les quelques indispensables kilos de charbon. On peut considérer que ces différents produits occasionnent une dépense moyenne de 150 DH par famille. En multipliant cette somme par les 3,5 millions de ménages qui ont sacrifié au rituel (voir explication ci-dessous), on aboutit à un montant de 525 MDH qu’il faut ajouter à la grosse mise qui est l’achat du mouton.

Ce poste est un peu plus difficile à évaluer compte tenu de la polémique à propos du nombre de têtes destinées au sacrifice. Au chiffre de 4,5 millions de têtes annoncé par le ministère de l’Agriculture, des sources proches des éleveurs opposent un chiffre de 3 millions. Comme tous les ménages ne se plient pas au rite du sacrifice, par manque de moyens ou pour des raisons qui leur sont propres, faisons les projections sur la base d’une moyenne de 3,5 millions de bêtes sacrifiées. Par conséquent, en estimant le prix moyen du mouton à 1700 DH, on en arrive à une dépense globale de 5,95 milliards de DH.

10 bêtes traitées par boucher
A côté de cela, la fête c’est aussi toutes ces petites dépenses pour transporter et nourrir le «haouli», et qui peuvent être évaluées, en moyenne, à quelque 20 DH par bête, soit 70 MDH. Arrive enfin le jour fatidique de l’immolation. Jour de dépenses également où la rémunération des bouchers et de leurs adjoints constitue le gros des charges, auxquelles il faudra ajouter les dépenses liées au transport ou à l’achat de carburant pour les visites familiales et les petites courses de dernière minute.

Faisons une estimation du nombre de bouchers ou de personnes se présentant comme tel pour calculer le coût de leurs services. Pour la clarté de la méthodologie, il faut donner les informations de base suivantes : selon les services vétérinaires, un boucher professionnel a besoin de 5 minutes pour égorger et dépiauter un mouton et comme dans une ville comme Casablanca, par exemple, il n’y a guère plus de 2 000 professionnels reconnus, alors que le jour de l’Aîd, on comptabilise quelque 600 000 à 700 000 bêtes à traiter, on imagine le nombre de personnes qui se transforment en bouchers d’un jour.
En considérant que les néophytes auront besoin d’au moins 30 mn par bête et en supposant que le rituel de l’immolation se passe entre 9 heures et 14 heures, chacun ne dépassera pas, à l’intérieur de l’horaire supputé, une dizaine de bêtes. On estimera ainsi le nombre total de bouchers ou de ceux qui officieront comme tel à environ 300 000 sur tout le pays. En tenant compte d’une rémunération moyenne de 100 DH par tête, et même si un certain nombre de chefs de famille se chargent eux-mêmes d’abattre leur mouton, ces bouchers occasionnels se partageront en un laps de temps aussi court, un pactole de 300 MDH, presque autant que le chiffre d’affaires d’une bonne journée à la Bourse de Casablanca.

60 MDH pour brûler la tête et les pieds
Mais le compte n’y est pas encore. En effet, il manque le prix de l’échaudage et du brûlage de la tête et des pieds. Et les gosses qui se mettent à plusieurs pour créer des micros entreprises d’un jour se frottent les mains. Mine de rien, au prix de 20 DH par opération, ils réalisent un recette totale proche de 60 MDH.
Sans compter l’achat des habits et chaussures pour enfants, les litres de soda et d’eaux gazeuses destinées à faciliter la digestion et les inévitables gâteaux marocains que toute famille se doit d’avoir sur sa tête en prévision des visites entraînent aussi une dépense non négligeable que l’on peut estimer à 100 DH par famille, soit 350 MDH rien que pour celles qui égorgent un mouton. Au bas mot et pour être raisonnable, on ne sera pas loin d’une dépense de 7,25 milliards de DH, soit 1,5 % du PIB.

On le voit bien, l’Aîd génère un trafic où des sommes colossales sont brassées et imprime une courbe ascendante au chiffre d’affaires de plusieurs activités et pas seulement celles d’un jour ! Demandez aux sociétés de crédit à la consommation ? En définitive, cette fête est un bon moyen pour mettre un peu plus de carburant dans la machine de la croissance. Et pendant ce jour faste, sans doute le plus dépensier de l’année, personne n’est oublié, même l’argent de poche des enfants qui devient plus consistant profite, bien sûr, aux épiciers des villes comme des douars.