Affaires
Les médecins spécialistes privés rendent public leur projet de « Plan Maroc Blanc »
Révision de la loi sur l’exercice de la médecine, fonds d’indemnisation de l’aléa thérapeutique et retraite des médecins privés sont parmi les principaux points traités dans le plan. Le ministre se dit être ouvert à toutes les propositions.
Organisées du 1er au 3 juillet à Marrakech, les Assises de la santé que le ministère de tutelle voulait comme une occasion d’échange entre les divers professionnels des secteurs public et privé ont finalement été boycottées par les différents syndicats, à l’exception du Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP) qui y a participé tout en émettant des réserves. Le Syndicat national de la santé affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) et le Syndicat national de la santé publique affilié à la Fédération démocratique du travail (FDT) avaient annoncé, une semaine avant l’ouverture des travaux, leur décision de ne pas y assister dans la mesure où «le ministère ne s’est pas concerté avec les syndicats». De son côté, le Front de défense de la santé, regroupant les professionnels de la santé dans les secteurs universitaire, privé et public ainsi que l’Union nationale des professionnels libéraux dénoncent l’organisation de ce forum qui ne sera «qu’un événement de plus organisé par le ministère de la santé afin d’amuser la galerie et faire du tapage dans la mesure où il n’aboutira à rien». Le ministère de la santé a réfuté toutes ces accusations en précisant que toutes les parties concernées par la santé ont été associées à la préparation de l’évènement.
Répartition équitable de l’offre de soins
Le CSNMSP, seule organisation professionnelle à ne pas avoir appliqué la politique de la chaise vide, a présenté les grandes lignes de son projet de «Plan Maroc Blanc» devant garantir un cadre global visant à revoir les conditions de l’exercice médical. D’abord, pour les instances ordinales, le projet du collège des spécialistes propose d’accélérer les élections en impliquant tous les intervenants, revoir la loi 10/94 réglementant l’exercice de la médecine en vue de tenir en compte les propositions des professionnels relatives au salariat des médecins, l’ouverture du capital des cliniques et le recours aux médecins étrangers. Le projet de «Plan Maroc Blanc» suggère de structurer les actions du secteur libéral par la création d’une direction ministérielle de l’exercice privé qui se pencherait éventuellement sur la refonte de la nomenclature des actes, l’AMO, le partenariat privé/public en mettant en place des ponts entre les deux secteurs et la mise en place d’un fonds d’indemnisation de l’aléa thérapeutique. Le Plan permettra aussi d’organiser l’offre de soins de façon équitable dans tout le pays. Ce qui pourrait se faire à travers trois axes : la mise en place de la carte sanitaire incluant tous les secteurs, la possibilité accordée aux médecins privés de développer des unités mobiles de consultation dans le rural et le développement de gîtes médicaux privés dans les zones reculées en partenariat avec les communes. Enfin, le projet du CSNMSP vise la préservation des intérêts des médecins libéraux, notamment la couverture médicale et la retraite.
Ce plan doit, selon les instances dirigeantes, appuyer le partenariat public/privé qui a pour ambition «la couverture sanitaire équitable entre les milieux rural et urbain, la synergie des ressources, la mobilisation durable du secteur privé pour des programmes sociaux et la mobilisation des ressources et de l’expertise des deux secteurs privé et public». Et tout cela s’inscrit dans une logique de consolidation des acquis et de réussite du Régime de l’assistance médicale des économiquement démunis (Ramed). Ainsi, les médecins privés pourraient intervenir dans les hôpitaux en manque de moyens humains, les patients seraient orientés vers les cabinets et les cliniques inscrits sur une liste nationale de volontaires engagés via une rémunération concertée. Enfin, les pharmaciens d’officine volontaires impliqués dans le système du tiers payant pourraient participer à la gestion des pharmacies hospitalières.
Les axes d’intervention sont donc bien définis, reste à savoir s’ils seront pris en compte dans le livre blanc du ministère. En tout cas, El Hossein El Ouardi, ministre de la santé, se dit être ouvert à toute proposition permettant d’améliorer la qualité dans le secteur.