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Les Marocains dépensent 130 MDH en surgelés par an mais restent inhibés par leurs habitudes

La demande est principalement exprimée par les classes socioprofessionnelles A et B. La distribution moderne a contribué au développement du secteur. Poissons, glaces, légumes surgelés sont produits localement.

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Le taux de pénétration reste encore faible, mais le marché des surgelés est assurément en pleine expansion. Au ministère du commerce, de l’industrie et des nouvelles technologies (MCINT), on n’avance pas de chiffres précis sur cette activité. Mais on tient à souligner que durant ces dernières années, la progression est à deux chiffres. Un rythme plausible si l’on considère que le surgelé part de rien ou de très bas. Les industriels sont pour leur part prudents sur la cadence et se contentent simplement d’indiquer que le marché pèse, selon leurs estimations, 130 MDH par an.
L’évolution de la demande tient à deux facteurs. Le premier «est lié à l’essor de la distribution moderne», souligne un responsable chez la société de King Génération, un des précurseurs dans le domaine. En effet, l’extension du réseau permet une meilleure préservation des produits et de toucher les catégories socioprofessionnelles A et B qui sont les principaux consommateurs de surgelés, alors que la C, plus sensible aux prix, en consomme moins. Si on prend en compte ce paramètre de la disponibilité des produits, le marché est encore largement extensible. D’après les derniers chiffres disponibles au MCINT, la grande distribution représente 15% du commerce alimentaire au niveau national, 20% à Casablanca et 40% à Rabat.
Le second facteur à l’origine de la hausse constante de l’activité surgelé est la restauration hors foyer, elle-même favorisée par l’horaire continu ou, tout simplement, la nécessité de manger sur le lieu du travail. A ce niveau, la restauration spécialisée (chaînes hôtelières et restaurants) joue également un rôle déterminant dans l’évolution du marché du surgelé. La demande de ces deux marchés, indiquent les professionnels, très attractifs par leurs volumes, porte sur des produits spécifiques comme le filet de poisson, le steak haché, les panés de volaille et les légumes d’accompagnement, notamment les fameuses frites. Sont aussi proposés sur le marché les plats préparés, entre autres, pizzas, pâtes, gratins divers et desserts.
Selon les professionnels du surgelé, l’offre est dominée par les poissons et les crustacés qui représentent 30% de leur chiffre d’affaires. Suivent les glaces et les desserts qui comptent pour 20% avec des pics durant l’été. Les légumes, notamment les frites, et les plats élaborés à base de pomme de terre (purée et autres), constituent 15% du marché, les viandes (volaille, abats et steak haché) 10%.

A 18 DH le kilo de frites, les prix restent encore élevés

Le poisson et certains desserts glacés sont fabriqués localement, tandis que la plupart des plats préparés viennent de l’étranger, principalement de pays européens (France, Italie et Allemagne). Les produits à base de viande rouge sont importés d’Argentine, mais on trouve également des marques locales. De même, dans le segment des légumes surgelés, une production locale s’est développée ces dernières années, mais auprès des professionnels on souligne que ce n’est pas sur ce créneau que le surgelé connaîtra une importante croissance à court terme car les Marocains restent attachés culturellement aux légumes frais.
Aucune estimation officielle des importations n’est communiquée. On souligne en revanche que les industriels locaux n’investissent pas suffisamment pour élargir le segment des plats préparés, encore embryonnaire, car les Marocains préfèrent toujours le fait maison avec des produits frais. Les célibataires et les jeunes couples sans enfant constituent le noyau de la clientèle. Un industriel qui veut garder l’anonymat s’est lancé sur ce créneau, mais avoue que les débuts sont timides.
Pour dynamiser la demande de produits surgelés (tout compris), les professionnels avaient organisé, il y a quelques années, une campagne de communication pour sensibiliser les consommateurs. Un projet qui n’a malheureusement pas encore abouti. A cet égard, un industriel souligne que les habitudes de consommation ne sont pas la seule cause de l’étroitesse du marché, les prix constituent aussi un facteur qui décourage la clientèle. Ils sont situés dans une fourchette de 18 DH (un kilo de frites) à 60 DH (un kilo de crevettes ou de calamars). Pour les viandes et plats préparés, pizzas par exemple, les étiquettes vont de 30 à 50 DH, selon le produit et le poids des barquettes qui va en général de 250 g à 500 g.