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Les logiciels libres séduisent les administrations

Dans les pays développés, la migration s’accélère, Microsoft perd du terrain

Au Maroc, plusieurs ministères ont lancé des opérations-pilotes en «libre».

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La puissance de Microsoft peut-elle être remise en cause par les logiciels libres ? Difficile d’y répondre. La montée en puissance de l’open source est cependant bel et bien une réalité. Hormis la gratuité de disposer d’un système d’exploitation et d’une suite de logiciels, c’est surtout aujourd’hui la possibilité d’obtenir le «code source», c’est-à-dire de paramétrer soi-même le système d’exploitation (à condition de faire profiter la communauté des évolutions) qui attire les entreprises.
De fait, la pression s’accentue sur la firme de Bill Gates. En effet, les plans de migration s’enchaînent pays après pays et administration après administration. En Corée du Sud, plus de 20 % des systèmes d’exploitation auront migré d’ici 2007 vers l’open source. Le Vietnam prévoit une migration totale de son administration. Idem pour diverses municipalités allemandes. En France, 1 500 serveurs du ministère de l’Equipement sont déjà sous linux, et 100 000 postes de diverses autres administrations suivront le mouvement. Selon une étude du Maastricht Economic Research Institute on innovation and Technology, 71 % des agences publiques françaises sont équipées en open source, 68 % en Allemagne, 55 % aux Pays-Bas et 31 % au Royaume-Uni. Au brésil, 300 000 postes de l’administration remplaceront le système d’exploitation Windows par Linux. L’Inde, Cuba, la Malaisie et la Norvège se sont déjà prononcées en faveur du même système d’exploitation. D’après une étude réalisée par le cabinet IDC, premier groupe mondial de conseil et d’étude sur les marchés des technologies de l’information, la croissance annuelle de Linux est estimée à 35 % contre 15 % pour Windows.

De grands constructeurs à l’instar de HP ou Dell s’alignent sur le libre
Et l’administration marocaine ? Elle n’est pas en reste. Le pas a déjà été franchi par plusieurs ministères. Aux Affaires étrangères, aux Pêches Maritimes et aux Finances, on parle déjà «libre». Des opérations-pilotes ont été lancées et les résultats jugés satisfaisants. Ce qui pourrait pousser d’autres administrations à suivre l’exemple.
Cette tendance lourde s’inscrit tout d’abord dans une logique d’optimisation de la dépense publique. Par exemple, le renouvellement des licences de logiciels des 900 000 ordinateurs de la fonction publique en France représentera un investissement de 300 millions d’euros (3,3 milliards de DH) pour les trois années à venir… Déjà en 2004, 18,3 milliards d’euros ont été dépensés par le secteur public pour s’équiper en technologie de l’information, et les trois quarts des collectivités locales concernées ont l’intention d’accroître l’utilisation des logiciels libres. C’est donc une somme colossale qui sera économisée grâce aux logiciels libres.
La percée du libre ne s’arrête pas seulement à l’adoption de Linux, elle a aussi engendré l’alignement des stratégies des grands fournisseurs vers le libre tels IBM, Hewlett Packard, Dell et Oracle.

Microsoft obligé d’accorder des rabais à certains gouvernements
L’open source a débouché également sur les progiciels de gestion à destination des PME et PMI. Parmi les principales solutions open source, on trouve Compière, qui a bénéficié du support de Goodyear, progiciel de gestion des ventes, des achats, gestion comptable et financière ; Aria, progiciel de comptabilité, inventaire et paie ; ERP5, progiciel de gestion de production, gestion financière… Des logiciels open de bureautique sont aussi disponibles : traitement de texte, tableur, traitement d’image et PAO, présentation, base de données,…
Le «libre» n’est pourtant pas du goût de tout le monde. Les adeptes de Microsoft et des logiciels propriétaires (non libres), en général, déconseillent fortement l’utilisation de la technologie open source. Ils mettent en garde les utilisateurs potentiels contre le coût énorme de la migration vers l’open source et le fait que l’auteur du logiciel libre ne s’engage pas vis-à-vis de l’utilisateur.
Ces arguments sont purement balayés par les partisans du «libre». On reconnaît que le coût de la migration vers l’open source est important. Mais on explique que cet investissement est effectué une seule fois, et donc amortissable sur plusieurs années, d’autant plus que la gratuité de la distribution compense rapidement ce coût.
En ce qui concerne le service après-vente, l’argument des pro-logiciels libres est que les SSLL (sociétés spécialisées dans les logiciels libres) sont déjà présentes sur le marché et comblent ces nouveaux besoins.
Selon Nacer Kettani, DG de Microsoft Afrique du Nord, interrogé sur le sujet par un journaliste de La Vie éco, en marge d’un point de presse consacré à un autre thème, les concepteurs de logiciels ne sont nullement dérangés et ne craignent pas la concurrence pourvu qu’il n’y ait pas entorse à la réglementation. Néanmoins, selon la presse internationale, Microsoft se voit obligé d’accorder d’importants rabais aux différents pays pour défendre son système d’exploitation Windows, d’autant que différents gouvernements envisagent une migration vers l’open source.