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Les industriels optimistes malgré un début d’année en petite forme !
La production est en baisse quasi généralisée, à l’exception des branches textile et chimie-parachimie. Les opérateurs rapportent un repli des exportations et une stagnation des ventes locales. Le taux d’utilisation des capacités revient à 69%, en net recul par rapport à fin 2021 où il dépassait les 72%. Les investissements annoncés dans plusieurs branches sont de nature à redonner confiance et revigorer le moral des industriels.

L’industrie a démarré l’année sur une baisse de régime. Les différentes branches ont vu la voilure de leurs activités baisser au titre des deux premiers mois de l’année. D’après quelques industriels sondés, cette baisse de régime est imputée au contexte international ainsi que la saisonnalité qui fait en sorte que les deux mois de l’année sont classiquement des mois creux.
Cette tendance est confirmée par les résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib. Selon la banque centrale, la production aurait baissé dans toutes les branches d’activité, et ce à l’exception du «textile et cuir» et la «chimie et para-chimie» où une stagnation a été relevée. Dans ces conditions, le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) se serait établi à 69%, en recul de 4 points par rapport au mois précédent. Ainsi, les chefs d’entreprises sondés confirment une baisse de la production de l’industrie agroalimentaire par rapport à décembre 2021. Le taux d’utilisation des capacités est dans ce sens revenu à 65%. Même constat pour la branche «mécanique et métallurgique» où le TUC s’est situé à 66%.
Ce taux est estimé à 61% par les patrons opérant dans la branche «électrique et électronique» au moment où il s’est stabilisé autour de 67% pour les industries textile et cuir et de 74% pour les industries chimiques et parachimiques. Les ventes ont suivi la même tendance. La banque centrale observe dans son enquête de conjoncture un repli dans l’ensemble des branches. Dans les industries agroalimentaires, les ventes auraient marqué une baisse tant sur le marché local qu’étranger. Aussi, les commandes auraient diminué avec un carnet qui se serait situé à un niveau inférieur à la normale. La même tendance a été observée au niveau des industries mécaniques et métallurgiques et les industries électriques et électroniques avec toutefois des commandes en stagnation. Pour ce qui est des industries du textile et cuir, les ventes auraient enregistré une baisse, reflétant des diminutions dans l’«industrie textile» et dans l’«industrie de l’habillement et des fourrures» et une hausse dans l’«industrie du cuir et de la chaussure».
Les commandes, pour leur part, seraient restées inchangées d’un mois à l’autre, avec des carnets qui se seraient situés à un niveau inférieur à la normale. Commentant la tendance des transactions dans les industries chimiques et parachimiques, Bank Al-Maghrib indique dans son enquête que la baisse est attribuable au repli des expéditions à l’étranger au moment où les ventes locales ont stagné. En parallèle, les commandes auraient reculé avec un carnet qui se serait situé à un niveau inférieur à la normale. Notons que les chefs d’entreprises restent optimistes pour les prochains trimestres. Ils s’attendent à une hausse de leurs activités pour les trois prochains mois. Cependant, 24% des entreprises n’ont pas de visibilité quant à l’évolution de la production et 29% pour ce qui est des ventes.
Il faut souligner que l’industrie a signé un bon cru en 2021. Au terme du troisième trimestre, la valeur ajoutée du secteur manufacturier s’est appréciée en moyenne de 9,5% (après une baisse de 7,4% en 2021), compte tenu d’une hausse de 4% au T3-2021, de 22,8% au T2-2021 et de 1,6% au T1-2021. Cette progression fait suite à une évolution positive dans l’ensemble des branches d’activité, notamment l’industrie «mécanique, métallurgique et électrique» (+16,8%), alimentaire (+5%), de textile et cuir (+19,6%) et «chimique et para-chimique» (+1,3%).
Comparée à la même période de l’année d’avant la crise, la valeur ajoutée du secteur manufacturier s’est accrue de 0,4%, bénéficiant, particulièrement, de la bonne tenue de la valeur ajoutée au niveau des industries alimentaire (+5,6%), chimique et para-chimique (+9,8%) et de textile et cuir (+0,3%).
Ce redressement de l’activité manufacturière se maintient au quatrième trimestre 2021, en ligne avec l’augmentation du taux d’utilisation des capacités de production (TUC) de 2 points, en une année, à 72,7%, recouvrant une hausse de 11 points au sein des industries électriques et électroniques, de 6 points dans celles de textile et cuir, de 3,7 points dans celles de la «mécanique et métallurgie» et de 0,7 point dans celles de la «chimie et parachimie». A fin 2021, le TUC s’est renforcé de 7,5 points à 72,3%. Concernant les exportations du secteur industriel, leur croissance soutenue lors des trois derniers trimestres de l’année 2021 s’est soldée par une performance positive au terme de l’année 2021 pour l’ensemble des segments, notamment les dérivés de phosphates (+62,9%), l’automobile (+15,9%), le textile et cuir (+21,6%), l’industrie alimentaire (+11%), l’électronique et électricité (+28,5%) et l’aéronautique (+21,9%). Par rapport à leur niveau antérieur à la crise, la valeur de ces expéditions s’est accrue de 70,3% pour les dérivés de phosphates, de 12,4% pour l’industrie alimentaire, de 4,5% pour l’automobile et de 27,3% pour l’électronique et électricité. Au volet des perspectives, les industriels sont unanimes à affirmer sur le fait que les prochains mois verront l’activité s’améliorer au vu des estimations des carnets de commandes. Pour eux, les investissements annoncés dans plusieurs branches sont également de nature à redonner confiance et revigorer le moral des opérateurs.
L’industrie des économies émergentes également en berne !
La baisse du régime observée dans l’industrie au titre des premiers mois n’est pas l’apanage de l’industrie marocaine. Les économies émergentes subissent également une vague de ralentissement dans les branches manufacturières.
En chine, la croissance de la production industrielle a ralenti (+0,4% en décembre après +1,3% en novembre), marquant sa plus faible hausse depuis février 2021. Par ailleurs, la croissance de l’activité du secteur privé s’est affaiblie, comme le montre l’indice PMI composite (53,0 en janvier après 56,4 en décembre), affectée par des craintes relatives à la dernière vague Covid-19. La croissance s’est essoufflée tant pour le secteur manufacturier (54,0 après 55,5) que pour celui des services (51,5 après 55,5). En Inde, les données à haute fréquence signalent une faiblesse de l’activité début 2022.
L’activité du secteur privé a stagné en janvier, comme le montre l’indice PMI composite (50,1 après 53,0 en décembre). La production manufacturière accuse une contraction (49,1 après 50,9), alors que l’activité des services enregistre une croissance modérée (51,4 après 53,1).
Au Brésil, les données à haute fréquence signalent une faiblesse persistante de l’activité économique. La production industrielle s’est contractée pour le cinquième mois consécutif en décembre (-5% après -4,4% en novembre). La croissance de l’activité du secteur privé a ralenti au début de cette année, comme le montre l’indice PMI composite (50,9 en janvier après 52,0 en décembre).
