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Les industriels de la conserve de poisson respirent : leurs exportations ont augmenté de 32% à fin avril
Depuis le début de l’année, les usines sont mieux approvisionnées suite à la hausse des captures. Les industriels misent sur les accords sur l’organisation de la pêche signés avec le ministère de tutelle pour porter leur taux d’activité à 80%. Sur les quatre premiers mois, la conserverie a légèrement augmenté sa part dans les captures.
Après une année 2011 très difficile, l’industrie de la conserve de poisson sort la tête de l’eau. Au terme des quatre premiers mois de l’année, ses exportations ont progressé de 32% par rapport à la même période de 2011 qui s’était clôturée par une chute de 31%. Elles sont passées de 1,20 milliard de DH à 1,59 milliard, soit un gain de près de 390 MDH. Les industriels attribuent cette évolution, comme toujours, à la sardine qui constitue plus de 85% du volume. Mais c’est parce que l’approvisionnement a été plus régulier que l’activité a repris.
En effet, d’après les récentes statistiques de l’Office national des pêches, les débarquements de pélagiques ont atteint 233 344 tonnes au cours des quatre premiers mois de 2012 contre 176 932 tonnes pour la même période en 2011, soit une amélioration de 32%. La sardine qui constitue la plus grande partie de cette famille a progressé d’autant, à 146 434 tonnes. Les volumes de maquereau et d’anchois se sont également nettement redressés, progressant respectivement de 66 et 47%, à 16 614 et 16 057 tonnes au cours des quatre premiers mois de l’année en cours. En valeur, l’évolution a été de l’ordre de 38 et 36%. Le thon est sur la même tendance. Cependant, le volume reste insignifiant au regard des besoins du secteur. Sur les quatre premiers mois, 2 tonnes ont été débarquées contre une seule, il y a une année.
Le marché de bouche reste le premier concurrent de l’industrie de la conserve
L’amélioration des captures s’explique, selon les industriels, par des conditions climatiques favorables. Après le réchauffement des eaux qui a marqué les trois dernières années et qui a causé l’éloignement des pélagiques, spécifiquement les sardines qui vivent dans une eau de 17 à 18°, on entre dans un cycle de refroidissement qui devrait durer trois années et favoriser donc le retour des poissons. Partant de ce changement climatique favorable, les industriels prévoient une amélioration des captures sur le reste de l’année et donc une reprise des exportations. Les professionnels ne cachent pas leur optimisme. Ils ne manquent pas de signaler non plus que la convention signée le 16 avril par l’Union nationale des industries de la pêche (Unicop) et le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime pour l’exploitation des petits pélagiques améliorera l’approvisionnement des unités de conserves.
Les industriels de la conserve, qui se plaignaient de n’avoir fait tourner leurs usines qu’à 35% de leurs capacités de production en 2010, pourront désormais augmenter leur offre. D’après leurs prévisions, le niveau d’activité pourrait être porté à 80% puisque ce sont 101 000 tonnes de poisson qu’ils pourront prélever dans la zone Sud.
Il faut rappeler que dans le cadre de cet accord avec les pouvoirs publics, les industriels s’engagent à acheter l’ensemble des quantités autorisées et que cette mesure, qui a une durée d’une année, est exceptionnelle et n’est pas renouvelable. Elle s’accompagne aussi de l’obligation de débarquer les captures dans un port marocain et de l’interdiction d’exporter les produits congelés en l’état. Cette dernière barrière n’est pas pour déplaire aux conserveurs qui souffrent de la concurrence de l’industrie de la congélation. En effet, les unités spécialisées vendent leurs produits à des industriels étrangers en Turquie, au Japon, au Brésil et aussi à des conserveries européennes et égyptiennes.
Le choix des congélateurs est justifié par le niveau de prix que proposent les étrangers, à savoir de 500 à 700 euros la tonne contre 400 euros payés par les industriels locaux.
Outre la concurrence de la congélation, les conserveurs sont aussi gênés par la consommation de poissons frais. Ce marché, estimé à 400 000 tonnes par an, a absorbé 46,4% des prises totales de pélagiques durant les quatre premiers mois de 2012, soit 124 090 tonnes contre 112 348 tonnes pour la même période de 2011.
Ce marché de bouche est alimenté par les différents ports du pays. Ainsi, les prises enregistrées dans les ports de Tanger et Larache sont commercialisées dans le Nord. Les sardines de Casablanca, Mohammédia et Kénitra sont plutôt destinées aux marchés de Meknès et Fès, tandis que le poisson débarqué dans le port d’Agadir est destiné aux villes de Marrakech et Béni Mellal. Alors que la conserve est essentiellement approvisionnée par les prises effectuées dans les ports de Dakhla et Laâyoune.
Le poids de ces deux marchés a été toutefois moins ressenti sur les quatre premiers mois de 2012. La part de la congélation dans le total a fléchi et n’est plus que de 27,82% contre 32,32%. La quotité affectée au marché de frais a également régressé de 5 points, passant de 51,23% à 46,40% d’une année à l’autre. La réaffectation des disponibilités s’est faite pour une très grande partie au profit de l’industrie de la farine et huile de poisson dont la part est montée de 4,68% à 12,03%. Quant à la conserverie, elle a drainé 74 418 tonnes, en hausse de 5%. Ce faisant, sa part dans le volume global s’est appréciée de 2 points, à 13,33%. Cette évolution favorable corrobore l’optimisme des conserveurs qui, même s’ils sont loin des années fastes, peuvent espérer sauver ce qui reste encore du secteur.