Affaires
Les importateurs d’épices réclament leur contrat programme
Les importations en contrebande alimentent 90% du marché. Dans le commerce organisé, la multiplicité des intermédiaires entraîne des prix de détail élevés.
Structurer le secteur pour combattre la contrebande et la production artisanale. C’est l’objectif des professionnels, importateurs et distributeurs d’épices qui, pour ce faire, souhaitent signer un contrat programme avec l’Etat. Plusieurs réunions avec les pouvoirs publics ont d’ailleurs déjà été tenues. Pour motiver leur demande, ils avancent que le marché est à 90% approvisionné par la contrebande favorisée depuis 2009 par la hausse des cours et le niveau des droits de douane. Selon les professionnels, cette activité parallèle est menée par des structures organisées disposant de dépôts dans certaines villes (Garage Allal et Derb Milan à Casablanca, Souk Mellilia à Oujda, Salé, Inezgane, Marrakech…) et de flotte de distribution. Le poivre, épice la plus utilisée au Maroc et dont les importations légales atteignent 1 000 tonnes pour une consommation estimée à 7 000 tonnes, est le produit le plus touché. Le cumin, également très utilisé, est importé d’Egypte et de Syrie pour satisfaire une consommation estimée à 5 500 t/an, alors que la production, réalisée essentiellement dans les régions de Chichaoua, Chouiter et Rhamna, n’est que de 500 t. Sont également très touchés la cannelle et le gingembre vendus 10% moins cher quand ils sont importés illégalement.
La distribution en vrac dans la ligne de mire des professionnels
La production artisanale, second gros souci pour les importateurs et distributeurs, est le fait de petites unités insalubres où sont effectués des mélanges suspects. Il n’est pas rare de voir sur le marché de la cannelle mélangée au liège, du cumin au coriandre et du paprika à des colorants artificiels. Tout est vendu en vrac. D’où des risques sanitaires que les professionnels espèrent voir disparaître grâce à l’encouragement du conditionnement.
En outre, ils pointent du doigt la désorganisation de la distribution. Le produit passe en effet par cinq intervenants, voire plus, avant d’arriver chez le détaillant. D’où des prix au consommateur très élevés. En attendant la réaction des autorités de tutelle à leur requête, les professionnels proposent la baisse des droits de douane, la réduction de la TVA de 20 à 10%, le renforcement du contrôle aux frontières et la mise à niveau des structures artisanales. Pour eux, les enjeux sont de taille : le secteur est évalué à 1,7 milliard de DH pour une consommation moyenne de 24 000 tonnes par an.