Affaires
Les grands chantiers d’infrastructures
Les grands projets actuellement en chantier portent sur plus de 50 milliards de DH d’investissement.
Routes, autoroutes, ports… l’objectif est de faire du Maroc une plateforme de transformation et de transit.
Neuf secteurs à la loupe.
Près de 50 milliards de DH ! C’est le montant de l’investissement que réprésentent les grands projets d’infrastructures en cours. Et encore ! ce chiffre est en deçà de la réalité puisqu’il ne couvre que les ressources allouées à neuf principaux secteurs. Mais il illustre bien la frénésie que connaît le Maroc en la matière depuis maintenant deux ans. Certes, ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que le Maroc entame simultanément autant de chantiers d’infrastructures et plusieurs des projets en cours de réalisation avaient été programmés à la fin des années 1990, mais la différence vient du fait que jamais le rythme n’avait été aussi soutenu.
Pouvait-on faire autrement ? L’ouverture imposée par les accords de libre-échange et la concurrence de plus en plus vive entre pays du bassin méditerranéen ont acculé le Maroc à réagir en accélérant la modernisation de son économie et, surtout, en cherchant à profiter de sa position géoéconomique. Deux atouts à exploiter : la capacité du pays à attirer des investissements délocalisés, grâce à une main-d’oeuvre qualifiée, et son potentiel pour devenir un gigantesque hub de transformation et de transit, proche de l’Europe, son marché naturel.
337 km d’autoroutes et 1 400 km de routes pour 2004
Pour tirer profit de cela, il fallait, avant tout, avoir un réseau d’infrastructures de transport conforme aux normes internationales et surtout permettant d’acheminer rapidement les marchandises. C’est ce qui explique, entre autres, le maillage autoroutier dont les ramifications, d’ici 5 ans, permettront de relier les principaux pôles économiques du pays. En 2004, 337 km supplémentaires seront cons-truits. Même chose pour les routes, avec 1 400 km mis en chantier et, surtout, le coup de pouce donné à la rocade méditerrannéenne, avec ses 800 km de côtes et ses 0 DH de recettes. Parallèlement, le réseau ferré sera renforcé avec deux lignes supplémentaires et le dédoublement des tronçons à fort trafic.
98% des échanges commerciaux du Maroc transitent par les ports
La toile du transport ainsi tissée viendra faciliter le transit des marchandises et favorisera le flux des exportations venant de tous les pôles économiques du Royaume.
Dans cette vision, le rôle des ports est crucial. Il faut en effet savoir que 98% des échanges commerciaux du pays se font par voie maritime. Un premier pas a été franchi, avec la décision de libéraliser les activités portuaires, ce qui permettra de baisser le coût des services et d’en améliorer la qualité, mais il reste à supprimer les goulots d’étranglement en matière de proximité et de capacité. Car, si la côte atlantique du pays dispose des infrastructures nécessaires, avec cinq grands ports de commerce et des infrastructures en cours d’extension, le littoral méditerranéen en est dépourvu, alors que 2,5 millions de conteneurs passent chaque année par le Détroit. C’est à l’aune de cet énorme trafic, dont le Maroc pourrait capter une bonne partie, que l’on mesurera l’importance du port de Tanger-Med, appelé à devenir une plateforme d’éclatement, un grand centre de dispatch. Un port qui sera aussi bien desservi par route et autoroute que par voie ferrée.
Dernier point du volet transport : l’aérien. Une nécessité imposée par la vision 2010 et l’accroissement attendu du flux de touristes. 3 milliards de DH seront investis d’ici à 2007 et serviront, entre autres, à l’extension de six aéroports.
Cela dit, la modernisation de l’économie n’est pas sans effet sur la consommation en électricité. Avec une demande en hausse de 8% en 2003, et appelée à évoluer fortement au cours des prochaines années, le Maroc devra, à court terme, développer sa capacité. D’où les grands chantiers lancés. En 2005, la centrale à cycle combiné de Tahhaddart viendra en appoint aux capacités déjà installées, de même qu’un parc éolien sera installé à Essaouira.
Autre chantier d’infrastructures à vocation économique, celui des barrages avec six unités en cours de construction. Nuance par rapport aux années précédentes. Cette fois-ci on a pris la précaution de lancer des projets intégrés avec plantation d’arbres en amont pour éviter l’envasement et système d’irrigation, en aval, pour réduire les pertes d’eau.
Enfin, en dehors de ces chantiers à vocation économique il y a, bien entendu, ceux de portée sociale comme la construction en cours de deux CHU et dix hôpitaux, ou celle de trois méga stades, et la liste est longue.
Reste une dernière question ? Où a-t-on trouvé les ressources pour lancer autant de projets, et à un ryhtme aussi rapide. Réponse simple : primo, en hiérarchisant les priorités, secundo en imposant des cycles de production plus courts, ce qui permet d’éviter les surcoûts dus à l’allongement des délais de réalisation et tertio, en optimisant au mieux les opportunités de financement existantes : usage effectif des lignes de financement, reconversion de dettes…
Grâce à des délais de réalisation plus courts et à une hiérarchisation des priorités, on a pu faire des économies et dégager les ressources nécessaires.
Des centaines de projets lancés. Le Maroc est un gigantesque chantier d’infrastructures.