Affaires
Les grandes surfaces se font dérober un à deux chariots par jour !
La reconstitution du parc coûte entre 200 000 DH et 1,5 million de DH par enseigne et par an.
Certains clients gardent les chariots pour leurs courses au marché ou pour d’autres usages. Ils sont aussi subtilisés pour être revendus au kilo à la ferraille.

Où sont passés les caddies ? Cette question, de nombreuses grandes surfaces se la posent au Maroc. Et pour cause, elles se font dérober entre un et deux chariots chaque jour. En effet, le vol de chariots est devenu une mauvaise habitude dans certaines villes. Si certaines enseignes telles que Aswak Assalam affirment n’en voir disparaître que quelques-uns chaque année, pour les autres, en l’occurrence le groupe Marjane, le groupe Label’Vie et Bim, ce sont 200, 500 voire 700 chariots qui sont annuellement dérobés. Importés principalement d’Espagne, de France et d’Allemagne à des prix allant de 900 DH (pour Bim) à 7 000 DH (pour les caddies de Carrefour), cette razzia coûte plusieurs milliers de dirhams aux magasins les plus touchés. Pour reconstituer le parc, en moyenne 200 caddies sont achetés annuellement par enseigne, soit une facture de 200 000 DH à 1,5 MDH.
Comment disparaissent ces chariots ? «Bien souvent ce sont des clients qui les ramènent chez eux pour éviter de porter leurs courses mais ne les ramènent jamais», explique le management de Bim. Bien sûr, au Maroc comme dans d’autres pays, même les plus développés, il y a des personnes qui gardent les chariots par fainéantise, mais selon le management de certains opérateurs, d’autres les poussent hors de la zone commerciale pour ensuite les réutiliser pour les courses au marché ou pour d’autres usages. Un responsable a précisé que les caddies pouvaient aussi être revendus à la ferraille. «Il existe des spécialistes de vol des caddies. Ces derniers se postent devant les magasins et observent les clients qui les abandonnent le long des trottoirs. Ils les récupèrent pour ensuite les vendre au kilogramme», avance un opérateur du secteur. Et d’ajouter : «Ce sont principalement les gardiens de voitures qui s’adonnent le plus à cette activité».
Marjane investit dans des caddies en plastique
Face à ce fléau, plusieurs enseignes ont décidé de réagir. Chez Acima, «il est interdit de sortir les caddies des magasins surtout quand le poids de la marchandise n’est pas important», confirme un employé de l’enseigne. Du côté de Carrefour, on insiste sur la surveillance aux abords des magasins. L’enseigne a également recruté du personnel pour accompagner les clients jusqu’à leurs voitures. Cette brigade des chariots peut même les suivre jusqu’à leur domicile pour récupérer les caddies. C’est le seul moyen au regard du management, car «il est impensable d’importuner un client s’il refuse de remettre un chariot». Chez Bim, le compte se fait chaque fin de journée. Ainsi, «si l’on constate la disparition des chariots, nos équipes vont jusqu’à faire des rondes dans les résidences et les bidonvilles du voisinage à la recherche des chariots empruntés et/ou volés», confirme le management de l’enseigne turque. Par ce biais, environ trois caddies sont récupérés chaque jour. Cependant, dans certains quartiers où sont installées plusieurs enseignes, les voleurs enlèvent les logos pour brouiller les pistes. Raison pour laquelle les opérateurs se sont mis à importer des caddies personnalisés afin de pouvoir les dénicher facilement.
Autre décision prise dans les quartiers populaires et périphériques : les magasins ne sont dotés que de paniers avec obligation pour les clients de les laisser devant la caisse. «Comme les habitants de ces quartiers ne s’approvisionnent qu’à une fréquence hebdomadaire où journalière, le panier est le moyen le plus adapté pour leurs courses», explique-t-on du côté de Bim. Il est précisé que «cette politique a permis de résoudre le problème des vols, d’autant plus que le contrôle dans les magasins et les rondes dans les quartiers s’avèrent inefficaces».
Enfin, pour réduire le nombre de vols le groupe Marjane vient de lancer une expérience pilote dans son magasin du Morocco Mall où il a investi dans des caddies en plastique. A cause de leurs petites roues, ces chariots ne peuvent pas rouler sur le bitume et ne peuvent être vendus à la ferraille.
