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Les fonds d’investissement ont amélioré de 20% par an le chiffre d’affaires des entreprises investies
Les entreprises du BTP s’illustrent avec une croissance annuelle moyenne de chiffre d’affaires de 45%. Les effectifs des entreprises investies ont augmenté de 11% par an. Les fonds d’investissement généralisent les bonnes pratiques de gouvernance à l’ensemble de leur cible.
«L’argent que nous offrons est tout à fait différent de celui des banquiers». C’est le leitmotiv des professionnels de la private equity qui n’hésitent pas à en faire un argument de vente. «Une fois nous investissons une entreprise, nous devenons ses partenaires stratégiques et nous portons un intérêt particulier à la dimension humaine avec les propriétaires», souligne Hatem Ben Ahmed, DG de Mediterania Capital, un fonds d’investissement de la place. A y voir de plus près, les capital-investisseurs mettent leur savoir et l’expertise de leurs équipes pour faire de l’entreprise cible, au moment de la sortie, une structure performante. «Vu la période de l’investissement, qui dure en moyenne 4 ans et demi, cela peut être assimilé à un mariage, et on ne peut pas convoler en justes noces avec quelqu’un qu’on n’aime pas», ironise, avec un air sérieux, Khalil Azzouzi, DG du fonds Dayam. Et d’ajouter : «Nous sommes très à cheval sur les critères d’éligibilité. Ainsi, jusqu’à septembre 2012, sur plus de 400 dossiers qu’on nous a présentés, un seul a été choisi par notre comité». C’est dire que pour pouvoir atteindre leurs objectifs, les fonds sont très stricts sur l’orientation de leurs investissements.
Un rendement moyen de 18% pour les fonds d’investissement
Et à en croire les statistiques, ils y réussissent tant bien que mal. En effet, leur accompagnement impacte en premier lieu le volume d’activité. Ainsi, les entreprises investies ont vu leur chiffre d’affaires croître de 20% en moyenne par an sur la période 2006-2011. Et ce sont les sociétés en stade de développement et d’amorçage qui ont réalisé les taux de croissance les plus élevés. Du point de vue sectoriel, le BTP s’illustre avec une hausse de 45%, suivi de l’agro alimentaire (31%) et des technologies de l’information et de la communication (19%).
Deuxième apport des fonds, les entreprises investies recrutent davantage. Leurs effectifs se sont appréciés de 11% en moyenne annuelle sur la période 2006-2011. Mieux encore, 51% disposent d’un plan de formation, alors qu’elles n’étaient que 16% à en avoir au moment de la prise de participation. Et 45% ont instauré les outils de la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), alors qu’elles n’étaient que 12% lors de l’entrée en capital.
De plus, la valeur ajoutée incorporée dans les outputs des entreprises s’apprécie. Cela est dû essentiellement au fait que les fonds privilégient pour plus de 55% d’investir dans l’innovation. L’exemple type au niveau de la private equity marocaine est Netpeas, start-up qui a fait le choix de se spécialiser dans les systèmes d’audit de sécurité en ligne, activité très peu connue sur le marché marocain.
Les fonds d’investissement peuvent aussi se targuer légitimement de généraliser les bonnes pratiques de gouvernance à l’ensemble des entreprises qu’ils accompagnent. Preuve en est la quasi-totalité d’entre elles dispose d’outils fiables de reporting, respecte les préceptes de la gestion budgétaire et diligente des comités internes pour le suivi de l’activité. L’ensemble étant audité par des cabinets spécialisés.
«Rien qu’en analysant le comportement des banques et leurs réactions, notamment en matière de garanties, de taux et de service, nous nous rendons compte de l’impact de notre démarche sur les entreprises cibles. Généralement, les banques sont de moins en moins frileuses à domicilier leurs opérations, pratiquent des taux modérés au lieu des taux d’enfer, et exigent moins de collatéraux pour couvrir leurs positions», remarque Hatim Ben Ahmed. Un avis qui se trouve corroboré par la réaction des boursicoteurs également. Par exemple, lors de l’introduction en Bourse de Jet Alu Maroc et S2M, le niveau des demandes dépassait amplement les titres offerts à la souscription, témoignant du crédit que donnent les investisseurs à ces entreprises qui ont entrepris leur mue sous la houlette des fonds d’investissement.
Le capital investissement offre aujourd’hui un rendement moyen de 18%, rémunérant à la fois le capital et l’effort consenti par le fonds qui inscrit son investissement dans un cadre win-win avec les propriétaires de l’entreprise. Ce qui n’empêche pas des chefs d’entreprise d’estimer que c’est un niveau de rémunération élevé eu égard à leurs capacités financières. «On aimerait bien pouvoir bénéficier de leur conseil sans leur argent», confie Rachid Harrando, fondateur de Netpeas.
Néanmoins, le périple des capital-investisseurs ne garantit pas à tous les coups des atterrissages réussis. Sur 120 entreprises, «nous avons connu des sorties en fiasco pour une trentaine», confie Brahim El Jai, président de l’Association marocaine des investisseurs en capital. Ce qui représente une part significative par rapport au total des désinvestissements opérés à ce jour.