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Affaires

Les femmes chefs d’entreprises éliront leur nouvelle présidente fin juin

En six années d’existence, l’Afem se présente comme un interlocuteur des pouvoirs publics et
un outil efficace de promotion de l’esprit d’entreprise féminin.
De dix membres au moment de sa création, elle est passée à  300
aujourd’hui.

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L’Afem (Association des femmes chefs d’entreprises), dont les élections pour la présidence sont prévues ce 28 juin, est née il y a un peu moins de six ans. D’une poignée de femmes qui l’ont créée autour de la présidente sortante, Saloua Karkeri Belekziz, elle est passée aujourd’hui à  300 membres et dispose de six représentations (en dehors de Casablanca) à  travers le pays. La toute dernière vient d’ouvrir à  Beni Mellal. Dès le départ, l’idée était, bien entendu, d’apporter une aide concrète et stratégique à  l’installation des nouvelles arrivantes, mais aussi d’encourager l’esprit d’entreprise de la femme.

Quel bilan peut-on faire de son action aujourd’hui ? D’abord, il est certain que l’association, membre affiliée de la CGEM et du FCEM (Femmes chefs d’entreprises mondiales), a désormais acquis ses lettres de noblesse. Elle se présente comme un partenaire reconnu tout comme elle est arrivée à  obtenir des aides de l’Union européenne et du BIT (Bureau international du travail).

D’ailleurs, dès la première année, des instances internationales avaient volé à  son secours pour financer notamment une étude sur l’entreprise féminine au Maroc, un point de départ précieux qui a servi à  mieux concevoir sa mission et cibler son champ d’action. Cette étude, qui a coûté

800 000 DH, a montré que 60 % des entreprises fondées par des femmes sont concentrées à  Casablanca et seulement 14 % à  Rabat, ou encore que 77 % des femmes qui créent leur propre entreprise étaient déjà  mariées au moment de se lancer. Autre chiffre intéressant : l’ensemble des entreprises créées par les femmes représentent à  peine 5 % du tissu des entreprises du Maroc.

La création du centre d’incubation en mai dernier, un moment fort de l’Afem
Mais l’Afem n’est pas une association d’assistées, puisque les membres paient une cotisation annuelle de 1 500 DH pour couvrir ses frais de fonctionnement, qui tournent autour de 2 MDH par an.
Aujourd’hui, sa grande réussite, selon la présidente sortante, est le lancement du premier centre incubateur pour femmes porteuses de projets baptisé «Casa pionnières», et qui sera suivi par un autre à  Fès. L’idée de créer ce centre de formation et de conseil permanent, et o๠des consultants assureront l’encadrement, a été portée par plusieurs partenaires comme le ministère des Habous et des Affaires islamiques (qui a donné le local), l’Unifem (Fonds de développement des Nations Unies pour la femme), la Fondation Banque populaire, le CRI de Casablanca….

L’autre grand apport de l’Afem, plus que les actions visibles, les voyages d’affaires, les séminaires, est la mise en place d’un réseau qui, non seulement, conforte et épaule la femme pour créer son entreprise en agissant au niveau des gouverneurs, des walis, des CRI…, mais aussi le fait que ces entreprises entretiennent d’importantes relations d’affaires entre elles. Pour l’heure, aucune statistique n’est disponible et il faut prendre les paroles de l’Afem pour argent comptant.

Aujourd’hui qu’elle est sur pied, l’Afem semble prête à  entamer une nouvelle étape avec pour première escale les élections du 28 juin. Des élections qui promettent du suspens avec notamment comme candidates deux dames qui représentent parfaitement l’entreprenariat féminin, à  savoir Khadija Doukkali et Bouthayna Iraqui-Houssaini. Bonne chance mesdames !

Profils des candidates

Khadija Doukali Une femme qui n’a pas le mal de mer

Née à  El Jadida en 1962, Khadija Doukali -Tahiri baigne d’entrée de jeu dans l’univers des affaires. Elle est de ces réceptions o๠se nouent les alliances et o๠se signent les contrats autour de dà®ners à  l’apparence mondaine. Son père est aussi bien dans l’immobilier, la minoterie que dans l’agriculture. Aujourd’hui, elle est à  la tête d’une entreprise de pêche hauturière, un secteur capitalistique o๠la famille a investi dans les années 1980. Khadija Doukali est aujourd’hui bien acceptée dans un monde d’hommes. Quand elle obtient son bac, en 1980, elle est tentée par un cursus d’économie à  Boston. Elle se ravise et s’inscrit pour le concours de l’ISCAE o๠elle poursuit ses études. Elle ira ensuite à  Paris o๠elle prépare avec succès un DEA en stratégies financières industrielles.
Très tôt, elle est associée à  la gestion du patrimoine paternel, parallèlement à  ses études. C’est ainsi qu’elle fait partie des délégations du groupe paternel qui visitent les chantiers navals en Asie et en Europe – notamment en Scandinavie – pour négocier l’achat d’unités de pêche en haute mer. «Ce n’est pas parce que ma famille est aisée que je n’ai pas été éduquée dans le strict respect du mérite, du travail et des valeurs», fait-elle savoir, sans doute pour couper court à  toute interprétation tendancieuse de sa situation professionnelle.
Khadija Doukali, qui est mariée et mère de trois enfants, est membre de plusieurs associations comme le Centre d’affaires maroco- chinois ou l’Association professionnelle des armateurs de pêche hauturière.

Boutheyna Iraqui-Houssaà¯ni Une pharmacienne devenue femme d’affaires

Bouthayna Iraqui-Houssaini se présente volontiers comme une femme d’action mue par le besoin de briller et de s’affirmer. Elle est née à  Sidi Bennour, en 1958, dans une famille de 8 enfants. Son père, fonctionnaire, ne pourra pas financer ses études. Elle ira en France pour faire des études de pharmacie en ne comptant que sur elle-même, travaillant comme baby-sitter pour boucler les fins de mois difficiles.
Revenue au pays, elle est d’abord civiliste avant d’ouvrir sa pharmacie. Elle s’impliquera d’emblée dans l’associatif et apportera son concours à  la Chambre syndicale des pharmaciens. Elle reconnaà®t qu’elle y a appris à  s’organiser et à  travailler en équipe. Créer sa propre entreprise est une chose qui l’a habitée très tôt et, dès 1988, elle s’y mettra en créant une société de location de matériel médical, une nouveauté à  l’époque. Pour avoir eu ce parcours de femme issue d’une famille modeste, elle n’en est pas pour autant disposée à  inscrire sa candidature dans une logique d’affrontement entre les riches et les autres, car, dit-elle «il serait appauvrissant pour tout le monde de situer ce débat de cette manière qui me paraà®t simpliste et ridicule». Pour elle, seules la compétence et les qualités morales priment.
Bouthayna Iraqui, qui est mère de 5 enfants, est membre de plusieurs associations