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Les exportations de conserves de poissons ont augmenté de 6% depuis le début de l’année
De bons résultats sont réalisés sur la sardine, principal produit exporté, en dépit de l’irrégularité des approvisionnements. Après une période de crise, les exportations de conserves de thon repartent à la hausse. Le maquereau s’inscrit à la baisse.

Les exportations de conserves de poisson ont enregistré une hausse de 6,21% depuis le début de l’année. Le chiffre d’affaires se situe à 2,8 milliards de DH contre 2,7 milliards en 2013. Une performance encourageante pour les professionnels du secteur qui estiment toutefois que l’année 2014 a été quelque peu difficile aussi bien au niveau de l’exportation que du marché local. Une difficulté de commercialisation qui est due, selon l’Union des industriels de la conserve de poisson (UNICOP), à la baisse des prix, à la faible reprise économique en Europe, sans compter la concurrence asiatique en Afrique et dans quelques pays du Moyen-Orient.
Les exportations restent dominées par la sardine qui a enregistré une croissance de 8,28%, totalisant un chiffre d’affaires de 2,4 milliards de DH contre 2,2 milliards une année auparavant. On se doit également de signaler la très forte progression (+203%) à l’actif de la conserve de thon dont les exportations avaient chuté en 2013 de 93%. Une véritable crise qui avait, rappelons-le, abouti à l’arrêt d’activité de plusieurs conserveries. Le maquereau, en revanche, a enregistré un recul de 10,4%. Ses exportations se sont situées, depuis janvier, à 382 MDH contre 427 millions l’année dernière. Les exportations de conserves de poissons autres que la sardine, maquereau et thon, ont également bien évolué : +128,9% avec un chiffre d’affaires de 34 MDH.
Au-delà de ces résultats conjoncturels, les industriels de la conserve avancent que les performances de la filière pourraient être bien meilleures si ce n’est l’irrégularité de l’approvisionnement en matière première. Une irrégularité due, selon l’UNICOP, à diverses raisons, notamment la saisonnalité de l’activité de la flotte sardinière côtière traditionnelle, la médiocrité de la qualité des captures des petits pélagiques (en particulier la sardine) à cause des conditions d’hygiène et de stockage à bord, l’état des bateaux de pêche côtière et enfin le système actuel de la fixation des prix du poisson industriel qui encourage la primauté de la quantité sur la qualité.
La consommation et la congélation concurrencent la conserve de poissons
«L’approvisionnement pourrait être convenablement assuré et le niveau de l’emploi plus important si les unités bénéficiaient d’un approvisionnement régulier et de qualité satisfaisante afin d’utiliser pleinement leur capacité», dit-on à l’UNICOP dont les responsables ne manquent pas d’appeler à la mise à niveau de la flotte côtière industrielle, à l’application des contrats bateaux/acheteurs et enfin à l’accès direct à la ressource pour les industriels qui s’engageraient toutefois à s’approvisionner en priorité auprès de la flotte côtière sardinière. Il importe de souligner que la rareté de la matière première concerne surtout le thon dont l’industrie est essentiellement basée sur les importations plutôt que sur les apports de la pêche locale. Ce qui explique la tendance à la baisse enregistrée par la conserve de thon d’une année à l’autre au point qu’actuellement, avancent les industriels, il est de plus en plus procédé à des importations de conserves de thon pour satisfaire la demande locale.
Par ailleurs, l’irrégularité de l’approvisionnement est due à la concurrence du marché de la consommation et de la filière de la congélation. Selon les récentes statistiques de l’Office national des pêches (ONP), le marché de bouche a absorbé 210832 tonnes sur un total de captures de 759 817 depuis le début l’année. Les prises destinées à la congélation ont été de l’ordre de 234 148 tonnes. Le volume destiné à la conserve a atteint 137 626 tonnes, s’inscrivant en baisse par rapport à l’année 2013 où il avait été de l’ordre de 152 665 tonnes.
En dépit de cette irrégularité de l’approvisionnement, le secteur de la conserve de poisson participe, selon les propos de l’UNICOP, pour environ 18 à 19% dans la balance commerciale pour ce qui concerne les exportations des produits alimentaires, bien plus que les agrumes ou les tomates. Et ce, en travaillant seulement à hauteur de 50% de sa capacité installée. Celle-ci s’élève à environ 800 000 tonnes, alors que l’approvisionnement ne dépasse guère les 350 000 tonnes.
Le déficit est donc d’environ 450 000 tonnes, ce qui explique la sous-production des usines. Les professionnels de la filière avancent que «l’optimisation de la production, dans des conditions normales du marché, pourrait générer un chiffre d’affaires supplémentaire de plus de 3 milliards de DH dans un délai de 3 à 4 ans et, par conséquent, une augmentation importante de la masse salariale et de l’emploi».
Le secteur assure aujourd’hui 26 000 emplois directs et 100 000 autres indirects. Le nombre de conserveries de poisson s’élève à 48 unités dont 5 à l’arrêt. La majorité est installée à Safi (18 unités) et à Agadir (13 unités), avec une capacité installée d’environ 300000 tonnes à Safi et 350000 tonnes à Agadir.
