Affaires
Les entreprises publiques rachètent leurs emprunts onéreux
L’Onep a levé 500 MDH à 6 % sur le marché intérieur pour rembourser des prêts
de la BAD.
A défaut de servir au financement de projets d’investissements – les entreprises industrielles, notamment, recourant assez modestement aux prêts bancaires (voir LVE du 26 décembre 2003) – les surliquidités du marché financier marocain pourraient opportunément être utilisées à d’autres fins, le remboursement anticipé de la dette extérieure par exemple, en particulier la dette des Entreprises et établissements publics (EEP). C’est ce que vient de faire l’Office national de l’eau potable (ONEP) : pour optimiser son portefeuille de dettes, ce dernier a choisi de lever sur le marché local un emprunt de 500 MDH (300 millions auprès de Wafabank et 200 millions auprès du Crédit du Maroc) pour le remboursement anticipé de deux prêts contractés auprès de la Banque africaine de développement (BAD). A travers cette opération, l’ONEP espère réduire le coût de sa dette, dont le taux moyen, s’agissant des prêts BAD, est de 7,30 %, un niveau élevé par rapport aux taux pratiqués sur le marché local, en tout cas par rapport aux 6 % obtenus auprès de Wafabank et du Crédit du Maroc. Certes, la technique du remboursement anticipé par les EEP de la dette onéreuse est utilisée de temps en temps : en 2002, la Caisse nationale du Crédit agricole (CNCA), l’Office national des aéroports (ONDA) et Maroc Telecom avaient remboursé, à ce titre, quelque 6 milliards de DH. Mais on est loin de l’usage, presque systématique, qu’en fait le ministère des Finances qui a réussi, grâce à ce procédé, à réduire sensiblement le stock de la dette extérieure publique directe, c’est-à -dire la dette du Trésor. En effet, alors que la dette du Trésor est passée de 13,6 milliards de dollars (136 milliards de DH) en 1998 à 9,1 milliards de dollars (91 milliards de DH) à fin 2002, celle des EEP (ou la dette garantie) n’a baissé, pendant cette période, que de 900 millions de dollars (9 milliards de DH), passant de 5,8 milliards (58 milliards de DH) à 4,9 milliards (49 milliards de DH). Les EEP ont contracté, en 2002, 33,4% de la dette extérieure totale Il s’ensuit que l’endettement extérieur des EEP, bien que diminuant légèrement entre 2001 et 2002 en passant de 48,8 à 47,4 milliards de DH (compte non tenu des dettes de la CDG), a vu son ratio augmenter par rapport à la dette extérieure du pays : 33,4% en 2002, contre 32 % en 2001. La Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP) explique ce paradoxe apparent par le fait que la dette des EEP a enregistré ces dernières années une baisse moins importante que la dette extérieure totale du pays. Sachant que les dettes de financement des EEP sont constituées, pour l’essentiel, de dettes extérieures (70,2 %), les analystes financiers estiment que ces derniers devraient largement profiter des opportunités qu’offre en ce moment le marché local pour réduire l’encours de leur endettement. «Ainsi, tout le monde y trouverait son compte : les emprunteurs obtiendraient des taux assez favorables et les prêteurs trouveraient o๠placer leur argent», explique notre analyste