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Les eaux usées du littoral du Grand Casablanca désormais à 100% prétraitées
Inauguré le 13 mai dernier par le Souverain, le système anti-pollution du littoral Est permet le prétraitement de 55% des eaux usées du Grand Casablanca.

C’est fait. Les eaux usées du Grand Casablanca sont désormais à 100% prétraitées avant d’être rejetées en mer. Inauguré le 13 mai dernier par le Roi Mohammed VI, le système anti-pollution du littoral Est est en effet opérationnel après quatre années de travaux. Ayant nécessité une enveloppe de 1,45 milliard de dirhams HT, dont
1 milliard a été apporté par les fonds propres de Lydec et le reste par le fonds des travaux, ce projet anti-pollution traite 55% des eaux usées produites par Casablanca, provenant d’une zone de 24 km de littoral s’étendant de la mosquée Hassan II à Mohammédia, soit une population de 2,5 millions d’habitants et une dominance industrielle avec la présence des plus grandes unités industrielles de la capitale économique.
6 tonnes de sable et 1 tonne d’huiles sont éliminées chaque jour
«En termes de délais et de budget, il s’agit du plus important projet d’investissement porté par Lydec», s’est félicité Jean-Pascal Darriet, DG de Lydec, lors d’une visite accordée à la presse. Le système s’ajoute donc à la station de prétraitement d’El Hank, opérationnelle depuis 1995, et qui traite 45%
des eaux usées de la partie Ouest (Dar Bouazza-Mosquée Hassan II) du littoral de Casablanca, soit 2 millions d’habitants mais aussi à la station d’épuration des eaux usées de Médiouna, la seule au Maroc à utiliser la technologie membranaire (traitement biologique), inaugurée en avril 2013 et qui traite les rejets de la zone de Médiouna.
L’ensemble du système anti-pollution du littoral Est s’articule autour de quatre niveaux d’installations. Le premier repose sur deux grands intercepteurs côtiers qui rassemblent en un seul collecteur les 9 rejets d’eaux usées pré-existants.
Néanmoins, ces points de rejets continueront d’être utilisés pour évacuer les eaux de pluie. Le deuxième s’appuie sur trois stations de pompage, dont une à Zénata en prévision de la future ville nouvelle, d’un débit de 3 m3/sec. Les eaux usées ainsi collectées sont ensuite acheminées vers la station de prétraitement de Sidi Bernoussi, baptisée «Eaucéan». D’une capacité de traitement maximum de 11 m3/s, qui sera atteinte dès 2030, celle-ci opère un traitement mécanique des eaux usées réceptionnées qui démarre par un pré-grillage, pour piéger les gros déchets, et enchaîne avec un dégrillage. Ce dernier permet de débarrasser les eaux usées des déchets de petite taille qui sont par la suite compactés en balle et évacués vers une décharge. Viennent ensuite les étapes de dessablage et dégraissage qui, comme leurs noms l’indiquent, permettent de séparer les huiles et le sable. A l’issue de ce prétraitement, il en ressort 6 tonnes de sable par jour et 1 tonne de graisses environ qui sont évacuées vers la décharge pour le premier et vers des incinérateurs pour les secondes, notamment chez des cimentiers.
A terme, le budget d’exploitation sera de 30 MDH
Grâce à ce traitement mécanique, que l’on différencie du traitement biologique, plus approfondi, jusqu’à 70% de la pollution des eaux sont éliminés. Il ne reste dans l’eau prétraitée et rejetée qu’une partie biologique, soit les bactéries et virus. «Investir dans un traitement biologique peut coûter jusqu’à 4 MMDH et pour l’instant ça n’a pas lieu d’être», justifie Hamid El Misbahi, directeur des grands projets chez Lydec.
Enfin, l’émissaire marin, ce gros tuyau en PEHD d’un diamètre de 2100 mm et d’une longueur de 2,2 km, rejette les eaux ainsi prétraitées en mer. Sa partie terrestre a bénéficié d’une technologie de pointe, le «microtunnelier», «une solution innovante adoptée pour la construction de galeries souterraines sans tranchée». «Machine de creusement commandée à distance à partir d’une cabine au sol», elle a permis de réaliser le premier tronçon de l’émissaire marin sans gêner la circulation sur la voie publique. En parallèle, la station «Eaucéan» dispose d’un système d’élimination des odeurs et gaz dangereux, tels que les composantes sulfurées et azotées, avant le rejet dans l’air et d’un système de traitement du bruit. La dizaine d’employés présents sur place, l’ensemble étant largement automatisé, bénéficie ainsi d’un environnement de travail sain. Si, pour l’heure, le budget d’exploitation du site est de 10 MDH/an environ, il atteindra 30 MDH/an lorsque la station sera à sa capacité maximale.
Outre sa mission de prétraitement, le site de Sidi Bernoussi est aussi un espace pédagogique puisqu’il abrite une galerie, «Eaucéan Galerie», présentant le cycle de l’eau, le fonctionnement du traitement des eaux usées et les enjeux de préservation du littoral et des océans. Lydec a également profité de l’aménagement du site pour installer une esplanade en lieu et place de l’ancien point de rejet.
