SUIVEZ-NOUS

Affaires

Les droits portuaires en hausse

Depuis début décembre, les droits sur les navires et ceux sur les marchandises ont augmenté de 5% chacun.

Publié le


Mis à jour le

Les droits portuaires en hausse

L’information fait jaser la communauté portuaire depuis plusieurs jours. Le premier décembre, les droits appliqués aux navires et aux marchandises transitant par les ports gérés par l’Agence nationale des ports (ANP) ont augmenté de 5%. Cette décision semble avoir pris de court plus d’un. C’est en effet par courrier adressé à l’Association professionnelle des agents maritimes, consignataires de navires et courtiers d’affrètement du Maroc (APRAM) que l’agence a informé les opérateurs, quelques semaines à peine avant l’entrée en vigueur de la nouvelle tarification.

Au-delà de la manière, les opérateurs craignent que l’impact de cette hausse sur le coût réel d’importation des marchandises soit plus important. «L’importateur subira une première hausse des droits sur sa marchandise, à laquelle il faudra ajouter les 5% que leur répercuteront les armateurs», explique un professionnel. Ceci sans tenir compte du risque de surenchère que seraient tentés d’appliquer certains armateurs en profitant de la révision des droits portuaires pour augmenter leurs marges. C’est dire que dans ce contexte, l’importateur risque d’être doublement impacté.
L’ANP doit mobiliser

3 milliards de DH de fonds propres

Cette décision était envisageable depuis plusieurs mois. En octobre 2014, l’ANP en avait déjà montré les prémices en lançant un appel d’offres pour étudier une refonte du système tarifaire des droits de ports. A l’époque, il était expliqué que cette initiative avait été prise vu que le système tarifaire alors en vigueur, et qui avait été instauré en 1996, n’était plus adapté à l’évolution des ports marocains. Ces évolutions concernent non seulement le volume du trafic, mais aussi l’amélioration des conditions de traitement. L’idée était donc de concevoir un nouveau système tarifaire de manière à ce qu’il soit incitatif pour les armateurs qui génèrent du trafic, et qu’il tienne compte de la segmentation des marchandises.

A ce jour, les résultats de cette étude ne sont pas encore connus. Cela n’a cependant pas empêché l’agence d’augmenter ses tarifs en attendant la refonte globale du système. Cette décision pourrait s’expliquer par la volonté de l’ANP de dégager plus de revenus en vue de financer son important programme d’investissement. Celui-ci porte sur une enveloppe de 5,9 milliards de DH pour la période 2015-2019. «Il sera financé à hauteur de 52% par financement externe, soit 2,9 milliards de DH, et de 48% par les ressources propres de l’ANP», peut-on lire dans le rapport sur les entreprises publiques accompagnant le projet de Loi de finances 2016. En d’autres termes, l’ANP doit mobiliser 3 milliards de DH sur ses propres revenus.

Or, si l’on se fie au même document, les revenus actuels de l’agence sont assez loin de l’enveloppe nécessaire. En 2014 par exemple, elle n’a généré qu’un bénéfice de 66,4 MDH contre plus d’un milliard de DH en 2013, année durant laquelle elle avait enregistré une rentrée exceptionnelle d’argent frais représentant les droits relatifs à la concession du terminal 3 du port de Casablanca. «Si c’est pour financer les investissements, il est illogique de surfacturer les opérations au niveau de certains ports déjà amortis comme celui de Casablanca», estime pour sa part un expert dans le secteur maritime.

Quoi qu’il en soit, le grand gagnant dans cette histoire sera une nouvelle fois le port de Tanger Med qui n’est pas géré par l’ANP et dont les droits restent donc inchangés. D’ailleurs, si l’on se fie aux déclarations des importateurs sondés, celui-ci est déjà plus compétitif en termes de droits comparativement à des ports comme Casablanca ou Agadir. Les importateurs, qui se disaient déjà tentés de réorienter leur trafic vers ce port, ont désormais un nouvel argumentaire à faire valoir.