Affaires
Les concessionnaires de poids lourds déstabilisés par les nouvelles normes techniques
Ils ne comprennent pas la portée et la finalité de plusieurs dispositions, notamment celles en lien avec la sécurité. Le marché anticipe une baisse des ventes de 10 à 15% en 2015 suite à la hausse prévue des prix des véhicules.
Un grand cafouillage entoure l’application de la loi sur les nouvelles normes techniques pour les poids lourds. Reportée à maintes reprises depuis 2010, l’entrée en vigueur du texte fait planer un air d’attentisme sur les opérateurs du secteur. D’après ces derniers, plusieurs dispositions sont inexplicables, surtout celles qui concernent les équipements de sécurité (la loi contient 67 rapports de test en plus de normes antipollution Euro 4). «Par exemple, on a du mal à comprendre pourquoi la loi stipule que les camions soient équipés de points d’ancrage isofixe qui servent à fixer les sièges pour enfants, ou encore les feux adaptatifs qui n’équipent aujourd’hui que les voitures de luxe, de même que les options pour la prévention du choc latéral», se demande un opérateur. L’ABS est également rendu obligatoire sur les pick-up alors qu’il ne l’est pas encore sur les voitures de tourisme. «En gros, la loi énonce plusieurs équipements qu’on ne peut pas avoir sur les camions», affirme Anis Belhna, chef de produit Senior à Hino, marque importée par Toyota du Maroc.
Les opérateurs sont pris de court vu qu’ils ont fait de grands efforts pour se mettre au diapason des nouvelles règles d’homologation. «Nous avons mobilisé de vrais investissements pour être en conformité. Aujourd’hui, la majorité des opérateurs a entrepris sa mise à niveau», explique Abdelilah Khabbach, directeur général délégué d’Auto Hall. Une source très bien placée au niveau du secteur rapporte que Mitsubishi (Auto Hall), Hino (Toyota du Maroc) et les concessionnaires de marques européennes se sont mis en conformité avant l’entrée en vigueur du nouveau référentiel. Ces derniers n’avaient pas de gros soucis vu que la législation actuelle s’inspire des normes de l’UE.
De gros investissements ont été nécessaires pour respecter les normes
A ce titre, ces efforts ont engendré des coûts supplémentaires, ce qui va se répercuter naturellement sur les prix des véhicules. «Les grandes sociétés clientes n’ont pas été averties alors qu’elles ont déjà fixé leurs budgets d’investissement dans les flottes. Ce qui veut dire que la seule alternative est qu’elles revoient les volumes achetés à la baisse», commente M. Belhna. Selon lui, compte tenu de cette donne, le marché du poids lourd et de la carrosserie anticipe une baisse de 10 à 15% en 2015.
Pour rappel, la loi sur les nouvelles normes techniques des véhicules de plus de 3,5 tonnes est entrée en vigueur en janvier 2015. Un moratoire a été accordé aux importateurs dont les commandes ne sont pas encore arrivées au Maroc, mais déclarées aux services des mines avant le 15 décembre 2014 et homologuées avant le 1er janvier 2015.