Affaires
Les compagnies maritimes augmentent leurs prix sur la traversée du détroit
En moyenne, les augmentations des prix du billet vont de 70 DH pour les passagers à 900 DH pour les autocars
Le TIR qui est défendu par un puissant lobby est épargné.
Les compagnies maritimes ont décidé d’augmenter de manière substantielle le tarif de la traversée du détroit entre Tanger et Algesiras. La nouvelle tarification en vigueur depuis le 15 juin s’applique aussi bien aux individus qu’aux véhicules. En moyenne, le prix de la traversée a augmenté de 900 DH pour les autocars, 500 DH pour les fourgonnettes et 150 DH pour les voitures particulières. Pour les passagers (adultes, enfants et groupes), les tarifs sont majorés en moyenne de 70 DH. On parle ici de tarif moyen car les armateurs, qui sont soumis aux lois européennes anti-trust et qui vivent donc sous le régime de la concurrence, s’arrangent bien pour différencier leurs grilles par de petits écarts afin de ne pas être accusés d’entente.
Du fait de la concurrence, les autocars auront du mal à répercuter la hausse sur leurs clients
A l’origine de cette augmentation, la hausse du prix du pétrole, mais aussi d’autres charges comme les frais et taxes portuaires, notamment la taxe de sécurité, la masse salariale des compagnies, ou encore le fait que la ligne Tanger-Algesiras ne soit pas très rentable en raison justement de la concurrence (une dizaine de compagnies, marocaines et espagnoles, travaillent sur cette ligne), même pendant la période estivale caractérisée par une forte hausse du trafic. L’autre argument avancé est que les prix de la traversée sont restés stables depuis plus de dix ans.
Enfin, chose curieuse, les augmentations ne concernent pas les camions TIR, sans doute parce que le fret de marchandises est dominé par les transporteurs européens, mieux organisés, et qui ont des accords avec les compagnies maritimes.
Ce n’est évidemment pas le cas des compagnies marocaines qui assurent le transport de voyageurs et qui se livrent une terrible concurrence par les prix. Pour ceux qui desservent l’Europe, la situation est devenue plus compliquée. En effet, depuis cette année, ils sont malmenés par la baisse des tarifs des compagnies aériennes et la multiplication des vols point à point entre le Maroc et l’Europe. Même les entreprises les plus solides et les mieux organisées, comme la CTM, avouent avoir perdu des parts de marché. Alors qu’il n’y a pas si longtemps beaucoup de voyageurs préféraient l’autocar, compte tenu de la cherté du billet d’avion, la clientèle des autocars est aujourd’hui essentiellement constituée de personnes voyageant avec beaucoup de bagages.
Mis devant le fait accompli, les transporteurs marocains n’ont d’autre choix que de subir les nouveaux tarifs, sans pour autant être en mesure de répercuter la hausse du prix de la traversée sur les leurs, en raison notamment de la concurrence sauvage qu’ils se livrent et de la baisse des prix du transport aérien, sans oublier la forte capacité de nuisance de l’informel.
